IV – Études de cas

4.1 – Méthodologie des études de cas

En parallèle, et de façon complémentaire, quant au travail quantitatif, nous avons réalisé un travail clinique, afin de fournir des informations subjectives et approfondies à propos des rapports entre le père et son enfant.

Étant donné que la Psychologie Clinique est une science qui analyse le psychisme humain, centrée sur le sujet, en termes psychologiques, et sur sa subjectivité inhérente, nous sommes amenés à réfléchir sur la nécessité de la présentation de l’étude de cas en tant que forme de recherche dans le cadre de la Psychologie.

Souvent, les études de cas surviennent comme des travaux d’analyse dont l’objectif est de donner un sens à l’ensemble des éléments cliniques recueillis, servant à former, à informer, à illustrer et permettant d’établir des rapports entre la clinique et la théorie, ce qui contribue donc à faire avancer les recherches (B. Alexandre, 2001).

L’utilisation de l’étude de cas nous permet de connaître le contexte de façon concrète, sur le sujet psychologique, suscitant des descriptions détaillées et centrées sur l’individualité, faisant surgir une multiplicité de connexions entre les événements du passé et le présent, exécutant, de façon permanente, le chemin entre les phénomènes et la métapsychologie de chaque sujet. En cherchant toujours à adopter une méthodologie rigoureuse indispensable à toute recherche scientifique, les techniques de collecte de données utilisées dans le cadre des études de cas ont été l’observation participante et non participante, l’interview personnelle semi-structurée, l’interview familiale semi-structurée, ainsi que des instruments d’évaluation psychologique.

L’observation participante, en tant que technique de collecte de données qui permet au chercheur d’analyser la réalité en connaissant le phénomène de l’étude avec une plus grande proximité et subjectivité (L. Pardal et E. Correia, 1995), a été une source importante de données, ainsi que l’observation non participante, étant donné que la plupart des contacts avec le sujet de l’étude de cas se sont réalisés dans des contextes informels, caractéristiques du quotidien (pendant que le sujet jouait au foot, à l’ordinateur, pendant qu’il était avec des camarades, pendant qu’il étudiait, entre autres), et selon nos fonctions sur le lieu de travail (travail d’intervention sociale et de soutien au développement personnel).

L’observation participante et l’observation non participante s’avèrent extrêmement précieuses puisqu’elles permettent de recueillir des informations dans des situations où le sujet se trouve dans son  habitat naturel, sans défenses psychologiques, agissant librement et de façon naturelle, ce qui ne se vérifie pas facilement dans le cadre des consultations psychologue/sujet.

Au niveau du contact formel (dans le cadre du cabinet), nous avons eu recours à des interviews personnelles semi-structurées (avec le sujet lui-même) et à l’interview familiale semi-structurée (avec le père, la mère ou le beau-père) afin de reconnaître le contexte individuel et familial du sujet de cette étude.

En tant qu’outils d’évaluation psychologique, nous avons eu recours à deux tests, à savoir le « Test du dessin de la famille » (L. Corman, 1978) et le « Family Aperception Test » - « F.A.T. » (W. M. Sotile et al., 1999),les deux conçus afin d’évaluer la dynamique familiale.

Le « Test du dessin de la famille » de L. Corman (1978) est un instrument projectif qui est très utile lorsque l’on a besoin de comprendre le contexte familial et d’analyser de quelle manière l’enfant ou le jeune représente et imagine sa famille, ainsi que de comprendre les modèles de rapports existants entre les différents éléments.

Ce test a été utilisé selon deux phases distinctes, lors d’une seule séance, en demandant au sujet, dans un premier temps, qu’il dessine une famille imaginaire et, dans un deuxième temps, qu’il dessine sa propre famille.

Une fois chaque dessin terminé, plusieurs questions, directement associées au dessin préalablement réalisé, ont été posées, notamment :

  • Dis-moi comment est la famille que tu as dessinée.
  • Où se trouvent les personnes que tu as dessinées et que font-elles ?
  • Dis-moi qui sont les personnes que tu as dessinées, quel est leur nom et leur âge ?
  • Quel est l’élément le plus sympathique et pourquoi ?
  • Quel est l’élément le moins sympathique et pourquoi ?
  • Quel est l’élément le plus heureux de cette famille et pourquoi ?
  • Quel est l’élément le plus malheureux et pourquoi ?
  • Qui aimerais-tu être au sein de cette famille et pourquoi ?
  • Quel est l’élément le plus autoritaire de cette famille et pourquoi ?
  • Quel est l’élément le moins autoritaire de cette famille et pourquoi ?
  • Qui préfères-tu dans cette famille et pourquoi ?
  • Imagines que la famille va faire une promenade, mais qu’il n’y a pas de place pour tout le monde et que quelqu’un va devoir rester à la maison. Qui reste à la maison ? 
  • Si tu pouvais changer quelque chose, qu’est-ce que tu changerais dans cette famille et pourquoi ?

Le second outil d’évaluation psychologique utilisé a été le « Family Aperception Test » de Wayne M. Sotile et al. (1999), un test semi-projectif, fondé sur la théorie systémique, qui permet d’effectuer une évaluation individuelle et familiale.

Ce test est composé par 21 planches qui représentent des épisodes et des activités quotidiennes de la vie en famille et qui suscitent un ensemble de corrélations projectives à propos des processus et des structures familiales, ainsi que des réactions affectives concernant des interactions familiales spécifiques, (W. M. Sotile et al., 1999).

Quant à la mise en pratique du test, nous avons d’abord informé le sujet qu’il allait observer plusieurs images (une à tour de rôle) représentant des enfants accompagnés de leur famille, à propos desquelles on lui poserait les questions suivantes :

  1. Que se passe-t-il ?
  2. Que s’est-il passé auparavant ?
  3. Que ressent-il/elle ?
  4. De quoi parlent-ils ?
  5. Comment se termine l’histoire ?

Au niveau de l’interprétation et de la cotation, ce test permit d’identifier plusieurs catégories, notamment le conflit apparent, la résolution du conflit, la définition des limites, la qualité des rapports, la définition des frontières, la circularité dysfonctionnelle, les abus, les réactions inhabituelles, les refus et la tonalité émotionnelle, manifestement valables pour l’étude des rapports père/enfant.

Le recours à tous les instruments d’évaluation psychologique a obéi à des recommandations définies dans les différents protocoles respectifs, afin que les résultats obtenus puissent être exacts et fiables.

Nous tenons à informer que ce travail d’étude de cas a fait partie de notre activité d’intervention en tant clinicien auprès de la communauté au long de plusieurs années. C’est à partir des directives tracées par le Pr. Adriano Brandão, directeur/superviseur du stage professionnel et du travail pratique de recherche que nous avons réalisée cette investigation clinique pour aboutir à sélectionner les cas les plus adéquats à notre recherche. Notre directeur de recherche, le Pr. Serge Portalier, nous a exhortés à faire le croisement de données objectives avec les données de nos cas cliniques. Ainsi, nous avons eu l’appui nécessaire et ponctuel pour faire un tel travail de recherche, dans des dimensions variées.

C’est en tant que Psychologue au sein d’un Project d’Intervention Sociale (dont l’objectif est d’aider les jeunes qui présentent différentes problématiques qui les empêchent d’avoir du succès en termes de parcours scolaire) que nous avons développé ces études de cas.