5 - Les tests projectifs

Le premier outil qui a été utilisé, c’est le « Test du dessin de la famille » (L. Corman, 1978) que Rodrigo a réalisé sans aucun problème.

Dans le dessin de la famille imaginaire, il a commencé à dessiner le père, la fille et la mère, mais il a fait preuve de peu d’investissement quant à l’élaboration des personnages. Pour lui, cette famille est « heureuse, joyeuse et unie » ; la mère est l’élément le plus sympathique car « elle ne rouspète pas avec sa famille », et il s’identifie avec le père car « c’est le seul homme de la famille ».

En ce qui concerne la représentation picturale de la famille réelle, Rodrigo a réalisé cette activité sans aucune difficulté mais a fait preuve, une nouvelle fois, de peu d’investissement, n’ayant pas, d’ailleurs, colorié les personnages qu’il a dessiné.

Il a commencé par dessiner le beau-père « João », âgé de 38 ans, et un peu plus loin, sa sœur « Joana », âgée de 9 ans, et sa sœur « Déolinda », âgée de 11 ans, lui-même et sa mère, âgée de 32 ans ; nous soulignons l’absence du père biologique dans ce dessin.

Selon lui, cette famille est « joyeuse et heureuse », et c’est lui qui est l’élément le plus sympathique car « il respecte tout le monde à la maison » ; sa sœur est l’élément le moins sympathique car « elle ne le laisse jamais jouer à l’ordinateur ».

Curieusement, il a décrit son beau-père comme étant l’élément le plus heureux puisque « c’est le seul qui ne fait pas partie de la famille », ce qui indique un rôle distinct pour cet élément au sein de la famille, et il a indiqué que sa mère et son beau-père étaient les éléments les plus autoritaires étant donné « que ce sont les plus âgés », tout en souhaitant qu’ « ils gagnent à l’Euromillions, qu’il y ait plus d’intelligence et plus de repos pour tous les membres de la famille ».

Ainsi, l’interprétation de ce test a soulevé deux aspects intéressants du point de vue de l’analyse psychologique. D’une part, l’absence du père biologique au sein de la famille, ce qui reflète donc l’absence physique par rapport au quotidien de la famille et donc de la vie de Rodrigo et, d’autre part, la présence peu marquée du beau-père au sein de la famille étant donné qu’il se situe légèrement séparé des autres éléments et que, verbalement, l’enfant considère qu’il ne fait pas parti de la famille, ce qui indique qu’il s’agit d’une personne qui vit avec la famille mais qui n’est pas un membre de la famille.

Quant au « Family Perception Test » (W. Sotile et al., 1999), Rodrigo a tout de suite accepté de le réaliser, bien qu’il ai fait preuve de peu d’investissement et de peu d’imagination en ce qui concerne la description des différentes histoires présentées.

Il faut souligner qu’en ce qui concerne ces différentes histoires, et contrairement à ce que nous avons pu vérifier lors du T.D.F., il ne fait allusion en aucun cas au beau-père, en donnant au père la place qui devrait être occupée par celui-là.

L’analyse du protocole de Rodrigo prouve l’existence d’un Indice de Dysfonctionnement Général très faible (3), avec à peine un conflit familier (entre père et son enfant), ce qui suggère que les histoires décrivent les expériences d’une famille bien plus imaginaire que réelle (au sein de laquelle les interactions entre tous les éléments sont peu nombreuses et bien pauvres), étant donné qu’en réalité le père ne fait partie, de manière active et quotidienne, de la dynamique familiale de Rodrigo.

Toutefois, comme nous avons pu le vérifier, le père est l’élément de la famille qui est le plus souvent identifié en tant qu’allié (il aide ses enfants à trois reprises), en particulier en ce qui concerne les planches nº 12, nº 13 et nº 19.

Ainsi, pour la planche nº 12, Rodrigo indique que « La fille ne sait pas faire ses devoirs et ce sont ses parents qui sont en train de l’aider à les faire, mais ils n’ont pas fait beaucoup d’études et ils ne comprennent pas cette matière-là. Ils ont téléphoné à la tante qui l’a donc aidé. »

Quant à la planche nº 13, il l’a décrite, en disant que « La fille est malade et son père est allé lui apporter une tasse de thé, mais elle est encore malade. On l’a emmené à l’hôpital et on lui a administré un médicament et maintenant elle va bien ».

Finalement, en ce qui concerne la planche nº 19, il a dit que « Le père est en train d’inscrire sa fille à l’école. Elle lui demande le nom du père, de la mère et de la fille. Le père confirme que tout est correct et va les remettre à l’école. »

Par contre, le père est identifié, dans une certaine situation, comme agent provocateur de stress, surtout en ce qui concerne la planche nº 13, où Rodrigo indique que « Le garçon a cassé un vase et que le père va le frapper avec un bâton. Le garçon va avoir mal et va être triste ».

À la fin de ce test, Rodrigo a dit que les planches qui lui ont le plus plu étaient la planche nº 17, car « la fille a envoyé sa mère se balader » et la planche nº 13 « car le père s’inquiète pour sa fille », tandis que la planche qui lui a le moins plu, c’est la planche nº 3 « parce que le père a frappé le fils et il ne faut jamais frapper les autres ».

L’analyse de ces résultats, bien qu’assez limitée en raison du manque d’investissement de la part de Rodrigo, indique que celui-ci idéalise son père qui est, pour lui, une figure assez importante car, d’une part, il l’éduque et, d’autre part, car il jour en rôle autoritaire puisqu’il impose des règles et fait en sorte qu’elles soient respectées.