7 - Réflexion du point de vue clinique

Le cas de Rodrigo est retenu comme cas typique car il représente bien ce que nous vérifions dans de nombreux cas où le père biologique n’est pas présent dans la vie quotidienne de l’enfant et où la mère est pratiquement la seule à remplir son rôle éducatif.

Ainsi, ce cas-ci nous fait voir, en termes pratiques, à quoi de nombreux auteurs font allusion en termes théoriques : en particulier l’absence du père biologique, en tant que représentant suprême et symbole d’autorité (Michaux, 1972), en ce qui concerne le quotidien de l’enfant, il peut contribuer à l’apparition de troubles comportementaux, plus ou moins graves, (H. Luccioni et J. M. Sutter, 1965 ; Le Moal, 1971 ; Pfiffne, McBurnett, et Rathouz 2001 ; R. Coley et B. Medeiros, 2007) et à une prépondérance de mauvais résultats scolaires (Hetherington, Camara, et Featherman, 1983 ; Jackson, 1999), surtout lorsque l’enfant est du sexe masculin.

Il s’agit d’une situation qui se doit, essentiellement, au fait que le père assume, en général, non seulement le rôle d’éducateur (personne en chair et en os qui aide l’enfant à réaliser de nombreuses tâches), mais aussi celui de la personne qui représente l’autorité (également en chair et en os) et que l’on doit donc toujours respecter et qui, comme l’a souligné Rodrigo : « il doit savoir réprimander et punir quand il le faut » car ce rôle appartient principalement au père.

Par conséquent, lorsque le père est absent physiquement (et aussi psychologiquement) et ne participe donc pas au quotidien de l’enfant, il ne peut guère remplir convenablement ces deux rôles, faisant en sorte que la mère soit dans une situation fragilisée étant donné que celle-ci a plutôt tendance à être plus émotive et protectrice et l’enfant lui désobéit donc plus souvent.

En ce qui concerne Rodrigo, nous avons cherché à faire en sorte que son beau-père remplisse le rôle de figure masculine de référence (imago paternelle), ce que nous n’avons réussi qu’à moitié, car, en générale, les rapports affectifs entre un beau-père et son beau-fils ne sont pas très riches, en termes émotionnels, et l’assomption du rôle autoritaire, de la part du beau-père, c’est difficile à accepter par le beau-père et par le beau-fils, ce qui réduit considérablement la capacité du beau-père pour intervenir de façon positive dans la vie du beau-fils, en particulier au niveau de la diminution des troubles du comportement.

Le contexte familier de Rodrigo nous indique également que l’absence du père, au sein de la famille, peut mettre en danger le bien-être de tous les membres au cas où il cesserait d’apporter son secours financier ; il nous montre aussi que la réalité des familles recomposées est, normalement, très complexe et parsemée de conflits.

La corrélation entre les données cognitives et cliniques montre que le père biologique est clairement perçu comme étant un élément bien plus important pour le développement personnel de l’enfant que ne l’est le beau-père, même si l’enfant passe peu de temps avec son père biologique.

Cependant, nous pouvons constater que l’influence du père biologique en ce qui concerne le développement de l’enfant a tendance à diminuer lorsqu’ils n’habitent pas ensemble et lorsqu’il y a peu d’interaction entre eux, ce qui a, en fin de compte, un effet négatif sur la qualité des rapports père/enfant et sur le rôle d’éducateur et de figure représentative d’autorité, qui correspondent au père, et qui sont très importants du point de vue de l’enfant.

Le cas de Rodrigo est donc un exemple pratique et concret selon lequel la présence du père biologique au sein de la famille est essentielle, que ce soit pour un développement sain de l’enfant du sexe masculin, que ce soit pour le bien-être général de tous les membres de son foyer.