Conclusion

La réalisation de cette recherche, développée au cours des six dernières années, a comporté un ensemble de difficultés et d’obstacles divers qui, nécessairement, ont été dépassés.

En effet, la première difficulté à laquelle nous avons du faire face a été la définition de l’objet de notre étude, étant donné que le vocable « père » renvoie à plusieurs personnes (ou figures) qui nous semblait fondamental de clarifier, ce qui nous a poussé à choisir le « père biologique » comme la figure centrale de notre étude.

Une autre difficulté est apparue dans le travail pratique, lorsque nous avons dû accéder aux écoles et, bien évidemment, aux élèves pour l’application du « Pré-étude » et du « Questionnaire des rapports père/enfant ». Plusieurs détails bureaucratiques ont retardé le développement de notre recherche, mais la collaboration de diverses Directions Régionales de l’Éducation nous a permis de mener à bon terme nos objectifs.

Un obstacle significatif a été rapporté aux naturelles différences culturelles et linguistiques existantes entre Portugal (où le travail de terrain a été effectué) et la France (où se produit la présentation de cette thèse) qui peut avoir contribué à la « dilution » de certaines informations, et peut justifier l’existence de petites incorrections orthographiques ou grammaticales dans cette thèse, malgré tous nos efforts pour les éviter.

Outre ces situations, il y a eu d’autres facteurs de nature personnelle qui ont fait en sorte que parfois la motivation et la disponibilité pour développer notre recherche furent quelque peu restreintes, mas le soutien et la motivation apportées par de nombreuses personnes (la famille et les directeurs de Thèse) ont permis de conclure ce travail avec un sentiment de tâche accomplie.

Au-delà de l’identification de ces obstacles, il s’impose naturellement la realisation d’une profonde analyse et réflexion critique sur le travail réalisé, centré sur la problématique des interactions entre père et enfant.

Ainsi, le choix du père biologique comme objet de cette étude contribue pour une plus grande objectivité de la recherche mais, par contre, met de côté un ensemble diversifié d’éléments familiers également fréquents et valables dans les familles contemporaines (les pères sociaux, les pères adoptifs et les pères légaux).

D’autre part, le primat selon lequel le père biologique s’assume comme une figure de référence dans le développement psychosocial de l’enfant peut cependant être dénié par l’existence d’enfants et de jeunes pour lesquels d’autres éléments (les parents sociaux, les frères, les grands-parents et les oncles) ont assumé une importance bien plus prépondérante que celle du père biologique dans leur quotidien.

En plus, le principe selon lequel l’absence (ou la carence) du père biologique peut soulever des problèmes psychologique chez l’enfant, peut aussi être contrariée par l’existence des cas ou les enfants ou jeunes dont le père assume une participation positive dans leur quotidien et qui présentent des troubles psychosociaux, ainsi qu’en ce qui concerne les enfants ou les jeunes dont le père est absent et qui présentent, tout de même, un développement personnel sain.

Par conséquent, les conclusions de cette recherche quant au contexte des rapports entre le père biologique et l’enfant, se centre sur une approche qui soutient qu’aucune théorie en Psychologie n’est, à elle seule, capable d’expliquer tous les cas de manière définitive et péremptoire, et nous poussent à souhaiter que d’autres études peuvent fournir des données complémentaires à propos de cette thématique.

De toute façon, l’analyse et la corrélation de toutes les données obtenues à partir de la relecture bibliographique et du travail pratique en termes de recherche, ont suscité des conclusions pertinentes à propos de l’importance des rapports père/enfant dans le développement psychosocial du sujet.

Nous avons donc constaté que les caractéristiques que les enfants valorisent le plus en ce qui concerne la figure du père sont  responsable  et  pédagogue  (puisque ces deux concepts ont été classé supérieurement au sein des quatre groupes analysés, notamment, le groupe des filles, le groupes des garçons, le groupe des adolescents et le groupe des préadolescents), ce qui démontre que les enfants souhaitent que leur père s’assume en tant que figure de référence sur le plan personnel et social (responsable) et qu’il participe activement tout au long du processus de développement (pédagogue). 

Quant à la quantité des rapports entre père et son enfant, nous avons pu vérifier que les enfants les considèrent adéquat quant à leurs besoins et que la moyenne d’interaction quotidienne (jours de la semaine et weekend) entre un père et son enfant, au Portugal, est de 3,71 heures par jour, et que celle-ci est bien supérieure pendant le weekend (5,43 heures par jour) que pendant la semaine (3,02 heures par jour). La quantité quotidienne d’interaction (jours de la semaine et weekend) est pratiquement semblable entre les garçons (3,70 heures par jour) et les filles (3,71 heures par jour), mais elle oscille significativement entre les préadolescents (4,24 heures par jour) et les adolescents (3,44 heures par jour). Cette quantité des rapports assume : (1) un niveau supérieur quand le père et l’enfant habitent ensemble, et (2) d’une forme moins significative, quand les enfants sont plus nouveaux.

À l’égard de la qualité des rapports entre père et son enfant, elle est également évaluée de manière substantiellement positive par la plupart des enfants, ayant néanmoins un niveau supérieur : (1) lorsque la moyenne d’interaction quotidienne entre les deux élevée, (2) lorsque le père et l’enfant habitent ensemble et (3) lorsque la quantité de rapports entre les deux est élevée.

Ces données permettent aussi de dire que les enfants considèrent leur père biologique comme une figure de spéciale proéminence dans son processus de développement personnel, en étant cette importance supérieure :(1) quand la qualité des relations entre père et enfant est positive, (2) quand ces deux éléments habitent ensemble, (3) quand la quantité des rapports est élevée, (4) quand la moyenne quotidienne d'interaction entre les deux est élevée et, d'une forme moins plus significative, (5) quand les enfants sont plus nouveaux. Les résultats indiquent aussi que le père (conjointement avec la mère) assume une importance au niveau du développement personnelle beaucoup plus supérieure et distincte à quelque autre élément de la famille.

Au niveau de l’importance de chaque membre de la famille assume dans le cadre du développement personnel, les résultats indiquent que le père biologique est conjointement avec la mère, un élément essentiel et qui assume un rôle primordiale dans la vie de ses enfants.

Les donnés cliniques recueilles soulignent aussi que le père intervient de manière positive en ce qui concerne le développement de l’enfant (sur le plan du développement psychosexuelle, de l’adaptation sociale, de l’encouragement vis-à-vis du rendement scolaire et de l’apport des conditions matérielles de subsistance), et que son absence (ou carence) tende à susciter des conséquences négatives, chez l’enfant, dans certains de ces domaines (notamment au niveau de l’émergence des troubles comportementaux chez l’enfant et de l’établissement des relations du type fusionnelle entre mère et fils).

Quant aux hypothèses de cette recherche, nous avons pu vérifier que toutes les hypothèses énoncées ont été plus ou moins validées.

1 - La présence et l’engagement du père biologique facilitent le développement personnel et social de ses enfants.

Cette hypothèse a été confirmée, étant donné qu’en effet la présence et l’engagement du père biologique semble contribuer à ce que l’enfant présente un développement personnel et social sain. Ce sont les réponses des enfants qui nous dévoilent le père comme figure substantiel au sein du foyer, ayant un rôle primordial au long du développement de l’enfant. Tout cela est corroboré par nos cas clinques. De cette façon, les données disponibles nous étalent la présence et l’engagement du père, comme étant très pertinents pour le développement personnel des enfants des deux sexes.

2 – L’absence ou la carence du père biologique est à l’origine de problèmes au niveau du développement et de l’identification psychosexuelle de l’enfant, ce qui provoque des difficultés en termes d’intégration psychosociale de l’enfant.

Les données cliniques indiquent que cette hypothèse est valable, dans la mesure ou l’absence (ou la carence) du père biologique favorise l’émergence des troubles comportementaux (plus fréquents chez les enfants du sexe masculin) et peut susciter une relation désajustée, potentiellement pathologique (du type fusionnelle), entre la mère et l’enfant.

Ainsi, l’absence ou la carence du père biologique peut, en effet, susciter des problèmes dans le domaine du développement psychosocial de l’enfant.

3 – Le rôle social du père est différent selon le sexe de l’enfant, et ceci d’une manière plus prégnante pour les garçons que pour les filles.

Nous n’avons pas pu confirmer cette hypothèse étant donné qu’à partir des données disponibles on a simplement constaté que certaines caractéristiques du père sont plus associées (sont plus valorisées) à l’un des sexes (sexe féminin) : tendre, attentionné, affectueux, disponible, présent,  pédagogue, compréhensif et responsable (Questionnaire des rapports père/enfant).

Il n’y a pas donc des données objectives qui nous poussent à affirmer péremptoirement que le sexe de l’enfant conditionne le rôle social du père, mais l’analyse clinique indice que le père joue un rôle social prépondérant/distincte en ce qui concerne ses enfants du sexe masculin.

4 – Le rôle social du père est différent selon le stade de développement de l’enfant, et cela d’une manière plus prégnante pour les préadolescents que pour les adolescents.

Certaines données vont à l’encontre de cette hypothèse vu que nous avons constaté que la quantité d’interaction entre un père et son enfant est supérieure chez les préadolescents que chez les adolescents. L’importance du père quant au développement de l’enfant est, tendanciellement, plus valorisée par les préadolescents que par les adolescents.

Nous avons pu aussi constater que certaines caractéristiques du père sont plus associées (sont plus valorisées) à des phases singulières du développement de l’enfant (préadolescence) notamment : sympathique, attentionné, affectueux  et pédagogue.

Pourtant, le rôle social du père tend à assumer des fonctions légèrement distinctes selon les enfants sont préadolescents ou adolescents.

Comme synthèse finale, on peut compléter en disant que ce travail a contribué à replacer la figure du père au centre de la recherche sur le processus de développement humain, lui attribuant une place éminente quant au processus relationnel que l’enfant établit avec les différentes personnes qu’il côtoie tout au long de sa vie.

De même, nous avons pu montre que la relation qui s’établit entre un père biologique et son enfant (notamment en termes de présence, d’interaction et d’engagement) est un facteur décisif dans la vie de tout être humain, qu’il s’agisse d’un bébé, d’un enfant, d’un jeune ou d’un adulte.

Ce travail met en évidence, qu’aux yeux des enfants, le père biologique s’assume en tant que figure fondamentale sur le plan de développement psychosocial individuel, étant la qualité des rapports, le partage de l’habitation, la quantité des rapports et d'interaction quotidienne des facteurs déterminants au niveau de l’interaction père/enfant.

Les données de cette recherche permettent de considérer différemment la prise en charge spécifique de préadolescents et d’adolescents dans un cadre d’accompagnement psychologique. L’approche clinique, relayée par des considérations systémiques, révèle qu’il est important d’intégrer, dans la démarche psychothérapique, la présence (ou l’absence) du père biologique. En particulier, il faut travailler à partir de la prise en compte des interactions (conscientes et /ou inconscientes) entre le sujet et les partenaires familiaux et, tout particulièrement, le père. Reconnaître les compétences (ou les carences) parentales du père dans le développement affectif du sujet va permettre de mieux comprendre certains conflits internes qui animent le sujet dans cette période de fragilité liée à la puberté/adolescence . Cette thèse peut ainsi trouver un prolongement sur l’évolution de nos pratiques cliniques pour améliorer la compréhension et le soutien de sujets en difficulté psychologique à un moment particulier de leur vie.