Du point de vue des recherches scientifiques, le sujet est donc fortement d’actualité et a largement été traité au niveau macroéconomique puisque la problématique est récente, intéresse l’économie mondiale et qu’elle est en plein développement dans les pays émergents. Le premier véritable master délocalisé au Viêt-nam ne date que de 1997. Depuis, un peu plus de quarante masters ont vu le jour, ce qui ne correspond même pas à l’offre de master en gestion d’une grande université occidentale. Notons qu’il n’existe pas, à notre connaissance, de traitement sur le thème précis des délocalisations rapporté à un pays comme le Viêt-nam.
Au niveau mondial, les problématiques périphériques foisonnent et abordent avec une grande précision tous les enjeux relatifs notamment au transfert des savoirs, au capital humain, à la marchandisation l’économie, au développement de l’éducation, etc. Ils sont tous largement centrés sur la problématique de la qualité (des aides internationales, des systèmes et des politiques éducatives, des investissements et des financements publics, des aides des organisations non gouvernementales). Celle-ci est souvent mise en balance avec l’efficacité (rapport économique mais aussi opérationnel des systèmes éducatifs), la pérennité (la possibilité de pouvoir développer les systèmes, reconduire les actions), la discrimination (phénomène de l’illettrisme ou besoin d’enrichir les ressources humaines des pays) ou bien encore, la fuite des cerveaux. Ces questions ont été notamment largement traitées par les grandes organisations internationales telles que l’UNESCO pour la qualité de l’éducation et le développement des systèmes éducatifs – l’OCDE et la Banque Mondiale, auteurs d’importants dossiers sur le commerce des services éducatifs et sur le capital humain – l’OMC, fortement impliquée dans cette problématique à travers les accords du GATT et du droit des affaires et des consommateurs. En parallèle, nous trouvons de même des organisations publiques (telles que la Conférence des présidents des universités françaises (CPU) pour la France) ou encore les nombreuses agences « d’assurance qualité » mandatées par les pays ou de statut privé ; celles-ci animent fréquemment des réflexions, notamment sur les risques qualitatifs relatifs à tous les aspects de la marchandisation du savoir et, entre autres, la fuite des cerveaux.
Concernant les auteurs en particulier, nombreux sont ceux qui ont réalisé des recherches fondamentales et essentielles sur (pour ne citer que les principaux par thème) le capital humain attaché au développement des pays, à l’exemple de Gurgand49 - l’économie de la connaissance, comme Foray50 - l’économie du développement,en explicitant notamment les politiques publiques des systèmes éducatifs à travers le monde, à l’exemple de Sen , Assidon , ou Berg - l’économie de l’éducation, notamment grâce aux nombreux travaux de J-J Paul et Orivel au sein de l’institut de recherche sur l'éducation (IREDU)51 ; ceux-ci ont abordé la question de l’efficacité des systèmes éducatifs des pays en développement mais aussi celle de l’évaluation des politiques publiques.
Nous avons de même exploité une littérature abondante provenant de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) ou du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), principalement consacrée à la sociologie de l’éducation, mais aussi des études comparées en terme de politique publique ou d’évaluation des systèmes éducatifs à travers le monde. Concernant l’appropriation même des savoirs, il est évident que la littérature traite très largement et efficacement de toutes les dimensions pédagogiques ou didactiques de ce sujet. Néanmoins, nous n’avons pas trouvé de sujet traitant précisément des modalités de transfert du savoir à travers le schéma interculturel tel qu’il est proposé, entre les pays occidentaux et les PVD. Le phénomène précis de l’internationalisation des formations et de ses conséquences pour l’offre étrangère est très souvent et de plus en plus fréquemment abordé à travers des travaux et des rapports tels que ceux entrepris notamment par la Conférence des Président d’Université (CPU) en France52. L’augmentation de l’intensité des travaux fait logiquement suite à la croissance des activités internationales mais aussi, plus récemment, à une succession de problèmes liés aux délocalisations et plus généralement à une internationalisation des activités qui bouleverse les pratiques des établissements. Y sont surtout interrogés la qualité des prestations en jeu mais aussi le manque de ressources humaines et financières des établissements (la masse critique) ou bien encore l’inadéquation entre les formations délocalisées et les diplômes d’origine. Mais finalement, rares sont les recherches qui ne soient pas uniquement factuelles comme celle de Laurey53 détaillant les conditions du transfert du savoir à travers les mobilités en Europe. Enfin, les recherches portant sur la délocalisation elle-même s’avèrent rarissimes, à l’exemple de celle réalisée par Meijer et Van Dijk 54 , qui tente de modéliser les pratiques internationales au niveau d’un pays, à partir notamment des travaux de Porter sur le marché concurrentiel.
Notamment dans l’ouvrage de Marc Gurgand, Economie de l’éducation. Paris : La Découverte, Repères, 2005.
Notamment dans l’ouvrage de Dominique Foray, L'économie de la connaissance. Paris : Collection Repères, La Découverte, 2000.
Institut de Recherche sur l'Education :Sociologie et Economie de l'Education, Université de Bourgogne, France.
Citons notamment : « Les conséquences de l’internationalisation des Universités », Les actes des Journées internationales de la CPU, Tours - 26 et 27 septembre 2002, Paris.
Laurey, G.,.1992. « La Mobilité : un acquis », CNRS-INIST, in Revue Gestion de l'enseignement supérieur, vol.4, no1, pp.118-132
H. Van Dijk, K.Meijer,Le cube de l'internationalisation, modèle expérimental d'étude des modalités d'organisation et des résultats de l'internationalisation dans l'enseignement supérieur, CNRS-INIST, Université Nuffic, Pays-Bas. 1997.