1.2.6 La chaîne de valeur

L’exploitation des questionnaires doit permettre de construire des modèles de délocalisation à partir d’une chaîne de valeur type visant à exporter une formation (figure 1.2 supra). Elle fait apparaître une classification des prestations comme suit :

• les activités de soutien représentent toutes les actions communément produites par l’établissement étranger, que nous pouvons aussi nommer « établissement mère » ; elles sont utiles à toutes les formations qu’il délivre, que ce soit dans le pays d’origine ou à l’étranger. Il s’agit par exemple de l’appareil de gouvernance, des laboratoires de recherche, des services administratifs et financiers, du département des affaires internationales, etc. Rapportées à une formation délocalisée, ces fonctions de soutien permettront, par exemple, d’assurer le processus de décision, la mise en forme contractuelle, l’administration des dossiers des étudiants, l’utilisation des outils promotionnels généraux comme les plaquettes de présentation ou le site internet de l’établissement mère. Ils garantissent logiquement toute la phase préparatoire en amont à la réalisation de la formation, avant que l’accord soit définitivement scellé et la phase d’évaluation finale en aval, pour décider de la suite du projet ;
• les activités principales sont spécifiquement créées pour délocaliser le MMI concerné. Elles sont de trois ordres, soit : 
• • internes car gérées par l’établissement mère. Nous verrons qu’il s’agit par exemple du pilotage du projet, de l’adaptation de la formation et de la programmation scientifique ;
  • externes car sous-traitées, notamment au partenaire local, mais aussi à des prestataires locaux ou étrangers. Il peut s’agir de l’administration sur place, de l’accueil, des enseignants vacataires ne dépendant pas du partenaire vietnamien ou des prestations de service couvrant la commercialisation ou les études de marché ;
  • mixtes car de nombreuses activités peuvent être aussi bien assumées, de manière contractuelle ou implicite, par la maison mère et/ou sous-traitées par des acteurs locaux, telle la commercialisation ; pouvant s’appuyer sur une charte graphique adaptée par l’université locale, celle-ci concerne la gestion des rémunérations qui peut être répartie en fonction de la nationalité des intervenants, ou encore le processus de sélection ou d’évaluation des étudiants sous la responsabilité des deux parties.

L’intérêt du modèle est de pouvoir afficher les activités, leur lieu de production, mais surtout de pointer celles qui sont conduites de façon autonome et celles assumées par un partenaire local. Á partir de ce dernier seront décrites deux structures censées représenter des conditions « extrêmes » de délocalisation, en fonction du degré de sous-traitance. La première, « la structure autonome » (figure 5.2 infra), est à l’image du Royal Melbourne Institute of Technology Vietnam (RMIT Vietnam), à savoir un campus étranger, privé et franchisé. Le besoin de faire appel à des prestataires est en principe très réduit puisque le campus délocalisé a vocation à être le plus autonome possible. Par contre, nous essayerons de comprendre si la franchise accordée à un établissement constitue un gage suffisant pour garantir la délocalisation d’un diplôme.

La seconde, « la structure partenariale » (figure 5.3 infra), évoque les MMI délocalisés dont la réalisation est fortement dépendante de l’université vietnamienne qui l’accueille. On relève donc un fort degré de sous-traitance. C’est le cas du plus grand nombre d’universités et particulièrement, celles publiques ou privées qui s’engagent dans ce processus de manière totalement bilatérale.

C’est à partir de ces deux structures que seront par la suite décrites des alternatives de structures d’implantation. Ce travail a l’avantage d’afficher des grilles représentatives des modalités de délocalisation, avec les différentes variations structurelles. Mais ce ne sont que des structures modèles à caractère non exhaustif et à valeur comparative.