Pour que les pays s’adaptent à l’internationalisation des qualifications et des compétences, il apparaît très clairement que le système éducatif ne doit pas seulement être un lieu d’apprentissage, de connaissances scientifiques, mais aussi de compétences et savoir-faire117. Il faut pouvoir préparer le diplômé à faire face à des situations nouvelles et délicates, à s'adapter à des environnements différents, à bien communiquer avec les autres, à se connaître lui-même et à prendre de l'assurance, autant d'éléments qui sont nécessaires à l'épanouissement de l'être humain.
De nombreux pays s’interrogent en fait sur la meilleure manière d’adapter leur système éducatif à la fluidité des métiers et à la rapidité des changements de compétences. C’est ainsi que le président de l’université de Chicago indiquait118 que l'enseignement aux États-Unis a été largement bâti sur l'idée qu'une éducation générale est préférable à une formation aux vocations et que ce système, basé sur un savoir général et théorique sur les deux ou trois premières années, puis sur une professionnalisation, devrait être réorganisé. On ne sait pas si ce point de vue est partagé par la grande majorité des programmes universitaires mondiaux qui ont et qui continuent à copier ce système américain. Mais ce point de vue paraît s’accorder avec la vision exprimée précédemment par certains experts pour valoriser le capital humain. Le président propose que chaque programme se construise en fonction des besoins mesurés par tous les acteurs. Il souhaite plus de flexibilité, de transversalité, d’échanges, d’alternance entre les formations courtes et les formations de recherches. En bref, il se positionne contre les systèmes figés. Mais cette idée risque de rencontrer de sérieuses résistances au changement et notamment dans les grandes organisations éducatives119. On peut ainsi imaginer que des ministères, tels que celui de l’enseignement supérieur chinois, avec plus de 7 millions d’enseignants à gérer, dont 850 000 dans l’enseignement supérieur, ne seront pas faciles à réformer120.
Certains analyses121 confirment les propos du président de l’université de Chicago et incitent à penser que la réforme de certaines structures académiques et scientifiques serait souhaitable, afin d’éliminer les démarcations entre les disciplines. Ils pensent que le cloisonnement de celles-ci devient obsolète car il ne permet plus de répondre à l’avancement des connaissances de pointe qui requièrent à présent de nouvelles formations. Elles demandent des associations et des applications novatrices de savoirs existants et nouveaux, un processus d’innovation, une démarche intégrée et interactive qui doit allier les aspects scientifiques, technologiques, socioéconomiques et culturels dans un environnement en évolution rapide.
Á propos de l’évolution souhaitable des systèmes éducatifs des pays de l’OCDE, Selon G.Laurey, « La Mobilité : un acquis », in revue Gestion de l'enseignement supérieur, Paris : CNRS-INIST, 1992, vol.4, no1, pp.118-132.
Compte rendu de l’interview avec le président de Columbia Monsieur Bollinger Lee C (New York, USA), – « l'avenir des universités américaines et sur la discrimination positive » - in Le Figaro du 30 juin 2004, numéro spécial, Nous sommes en concurrence avec le reste du monde, propos recueillis par Justine Ducharne.
Discours du Président de l’université de Columbia Portail internet de l’université, « Nous sommes en concurrence avec le reste du monde », in journal Le Figaro, du 09/04/2004.
Henri Mintzberg, Le Management, voyage au centre des organisations, op. cit.
l’UNESCO/OCDE, Recueil de données mondial sur l'éducation, op. cit.
Dont CaraçaJ., Manuel V., Santos F., « Les problèmes d'organisation de l'université », in revue Gestion de l'enseignement supérieur, Paris : CNRS, INIST, Vol 10, N°3. Publication OCDE, 1998, pp. 93-114.