2.2.2.4 Par les capacités d’apprentissage

Complémentaire au travail sur les structures et les programmes, de nombreuses recherches portent sur la manière la plus efficace de faire évoluer la relation éducative de base. Pour le philosophe Jacques Rancière122, la manière d’apprendre à apprendre serait la source de valorisation et d’enrichissement du capital humain. Il expliqueque ce n’est pas tant le savoir que la capacité à apprendre qui émancipe et rend libre. Les systèmes éducatifs pourraient mieux valoriser le capital humain, s’ils ne privilégiaient pas les connaissances aux dépens des savoir-faire. Il pense que les systèmes d’enseignement ont traditionnellement l’habitude de placer les apprenants en situation de domination ou révolte face au maître. Ces apprenants ne développent pas une capacité identitaire suffisante pour affronter un monde où il faut constamment choisir et assumer les conséquences de ses arbitrages. Ils doivent analyser leurs échecs, pour pouvoir construire leur future vie d’adulte. Ils doivent apprendre à développer les relations sociales, à échanger, à s’écouter, etc.

Certains123 tentent dans leur rapport de mettre en valeur la richesse de ce capital humain qui se joue peut être finalement le plus, au niveau de la relation entre l’apprenant et l’enseignant. Ils conseillent ainsi de « […] veiller à faire une place importante à tout un ensemble de techniques qui font rarement l’objet d’une transmission méthodologique […] il faut prendre le temps de quitter l’objectif de la réussite immédiate, de la recherche de la bonne réponse pour viser un autre but : la compréhension des procédures efficaces »124.

A propos des apprentissages, l’un des problèmes actuels provient du fait qu’on ne laisse pas assez de temps à la construction de la mémoire des apprenants, alors que cette dernière s’est fondée sur des milliers d’années125. Ainsi, les éducateurs doivent constamment inventer une autre manière d’apprendre.   Le concept fluide de vivre l’apprentissage révèle les difficultés pour l’apprenant de pouvoir se raccrocher à des perceptions stables, acquises, ou seule la vitesse peut trouver sa place, d’où l’image employée par R.W Emerson : « Lorsqu’on est sur des patins à glace, le salut se trouve dans la vitesse »126. On peut dès lors se demander qu’elle peut être la réponse pour les pays en développement, face à de tels besoins à couvrir en un temps aussi court, sachant qu’il n’est déjà pas aisé, l’expérience des pays développés le montre, de trouver des bonnes solutions127.

Notes
122.

Le Monde l’éducation, Penser les savoirs du XXIè siècle, de l'éducation, Paris : Le Monde de l’éducation, N° spécial 349, 07/08/2006.

123.

Bourdieu-Gros, Principes pour une réflexion sur les contenus de l'enseignement, op. cit.

124.

Ibid., page 2.

125.

BaumanZygmunt, « Penser les savoirs du XXIè siècle de l'éducation », in article du numéro spécial n°349, Le Monde de l’éducation, 2006.

126.

R.W Emerson cité par BaumanZygmunt, « Penser les savoirs du XXIè siècle de l'éducation », op. cit., page18.

127.

J. Salmi, « L'enseignement tertiaire au XXIè siècle : enjeux et perspectives », revue Gestion de l'enseignement supérieur, Paris : CNRS, INIST, 2001, vol,13, no 2, pp. 115-141.