2.2.3.1 L’enjeu des valeurs dans la relation éducative

La valeur sociale est un concept de sociologie décrivant les croyances et les convictions d'un individu ou d'une société ¹²⁹. Les valeurs sociales sont subjectives et varient selon les différentes cultures et selon les normes. C’est pour ce motif que le débat est central dans notre recherche puisqu’il s’agit de transfert de savoir dans un contexte interculturel et international. L’enseignant est porteur de ses valeurs mais aussi d’une mission face à l’apprenant porteur d’autres valeurs et avec d’autres objectifs. Les types de valeurs¹³⁰ sociologiques incluent les valeurs morales et éthiques, les valeurs idéologiques (politique et religieuses), la doctrine ou encore les valeurs esthétiques.

Les valeurs sociales représentent des manières d'être et d'agir qu'une personne ou qu'une collectivité reconnaissent comme idéales et qui rendent désirables et estimables les êtres ou les conduites auxquelles elles sont attribuées. Ces mêmes valeurs sociales sont appelées à orienter l’action des individus dans une société, en fixant des buts et des idéaux, autrement dit, en donnant des moyens aux individus de juger de leurs actes.

Ainsi, chaque société, notamment par sa politique éducative, tente d’intégrer à l’école ses valeurs sociales. Prenons pour exemple une déclaration à un congrès des États membres du CIFEDHOP : « La démocratie renvoie à la possibilité pour chacun d'assumer ses responsabilités. Le citoyen doit être en mesure de faire des choix éclairés dans l'intérêt de l'ensemble de la communauté. Un tel projet impose que l'école occupe une place centrale dans le processus de formation du futur citoyen. Le souhait de voir celle-ci contribuer à l'avènement d'une société démocratique (juste, libre et responsable) ne doit pas en rester au stade de l'intention généreuse : il doit se transformer en une volonté clairement exprimée pour avoir des chances de s'actualiser » ¹³¹.

Les pays participants au congrès affichent clairement leur volonté de voir l’école jouer un rôle actif dans le processus de formation des citoyens pour qu’ils puissent intégrer certaines des valeurs fondamentales fondatrices des principes démocratiques.

Cette déclaration pourrait se traduire par la mise en œuvre de « politique de civilisation »¹³² , mise en avant par le sociologue Edgar Morin. Ce dernier, comme de nombreux autres humanistes qui appuient cette thèse, offre ainsi d’augmenter le civisme et de renforcer la participation à la démocratie. Edgar Morin propose de sortir de l’égocentrisme et de la dégradation des solidarités pour se recentrer sur des valeurs universelles, en arrêtant de rapporter tout à la seule responsabilité individuelle, ou pire encore, à la seule responsabilité anonyme de l’économie mondialisée. Sa pensée pourrait être utilisée pour valoriser le capital humain, lorsqu’il propose de revisiter les méthodes d’enseignement en travaillant sur la pensée : la réforme de la pensée enseigne à affronter la complexité à l’aide de concepts capables de relier les différents savoirs qui sont à notre disposition en cette fin de XXe siècle¹³³. Ce type de réforme est par ailleurs considéré comme vital à l’heure de l’ère planétaire où il est devenu impossible et artificiel d’isoler au niveau national un problème important, même si par ailleurs elle est mise en œuvre nulle part au monde¹³⁴ !Cette proposition favoriserait l’enrichissement du capital humain grâce aux croisements actifs et multiculturels des connaissances dans un environnement international plus stable.