Les pays qui ont mis l’accent sur l’éducation primaire au début de leur phase de développement, comme beaucoup de pays d’Asie, sont parvenus à réduire davantage les inégalités d’éducation, comparativement aux pays qui investissent d’emblée dans l’enseignement supérieur210.
Pour soutenir leur développement et pouvoir répondre à la demande du secteur économique, les tigres asiatiques ont poursuivi une stratégie qui consistait à atteindre un niveau de masse critique d’une classe d’âge de 15%, pour entrer dans l’enseignement supérieur211. Ce fut le cas du Japon en 1960, de Taiwan en 1970, de la Corée du Sud en 1980. La Chine a voulu suivre ce modèle et était qu’à 3,5% en 1993, à 8% en 2000, espérait 15% en 2010. En fait, ce niveau a été largement dépassé en 2008.
Ces pays ont utilisé des stratégies assez proches, limitées par leurs ressources financières212. Ils ont développé des pôles universitaires et des formations en fonction de secteur d’activités prioritaires, en augmentant les budgets et en améliorant le recrutement des enseignants et des étudiants. L’objectif est d’ouvrir des universités d’excellence qui coopèrent avec les entreprises multinationales et qui soient concurrentielles sur la scène internationale, principalement pour leurs activités de recherche et d’innovation.
C’est ainsi que la Chine a sélectionné pour l’instant une quarantaine d’universités avec une extrême sévérité, pour lesquelles l’Etat a décidé d’investir213. Il souhaite parallèlement l’instauration d’une compétition entre les universités nationales, au risque d’appauvrir l’ensemble du système d’enseignement supérieur et de recherche.
Pourtant, ce système de pôle scientifique pénalise par ailleurs les étudiants ou chercheurs à fort potentiel qui se trouvent dans les établissements ordinaires.
Une enquête financement des établissements chinois sur les six principales sources sont214 : les dotations de l’État - les entreprises apparentées aux établissements - les travaux de recherche effectués sur commande ainsi que la mise au point de technologie sur contrat ou la cession de brevets, etc. - les droits ou les frais de scolarités acquittés par les étudiants ou l’investissement de particuliers dans leur formation - les legs et les dons - les différentes formes de services rendus par les activités tels que les formations. Les universités chinoises qui n’arrivent pas à atteindre les plafonds d’autofinancement par des ressources diverses sont en fait obligées de ne pas respecter ces plafonds et de compenser par l’élévation des frais de scolarité.
Finalement, presque tous les pays asiatiques soutiennent les étudiants les plus doués avec des fonds publics, alors que dans l’intervalle la majorité des étudiants qui n’ont pas accès au service public fréquente des universités privées nettement moins bien dotées en personnel et en équipement et se font financer la quasi-intégralité de leurs études par leur famille215.
MarcGurgand, Economie de l’éducation, 2005, op. cit.
R. Hayhoe, “An Asian multiversity? Comparative reflection on the transition to mass higher education in east Asia”, op. cit.
A. Yonezawa, « La création d'universités de niveau mondial au Japon », in revue Politique et gestion de l'enseignement supérieur, Paris, CNRS, INIST, 2003.
S. Zhiqin, « La Chine entre dans la compétition », op. cit.
F. Huang, « Diversification des sources de financement de l'enseignement supérieur Chinois », revue Gestion de l'enseignement supérieur, Paris : CNRS-INIST, 2001, Vol.13, no 2, pp. 257-281. page 29.
G. William, « Enseignement supérieur et formation professionnelle en Europe », in revue Européenne, Grèce : Thessalonik, CEDEFOP, disponible sur http://www.cedefop.europa.eu , (visité le 12/11/ 2007), 1997.