2.5.1 Typologie des activités internationales

L’étude de l’OCDE à propos de la classification des activités transnationales, sur une période entre 1981 et 2001, nous donne les informations suivantes230 :

  • les activités individuelles ou les mobilités des étudiants et des enseignants, qui ne demandent pas d’organisation importantes restent les plus nombreuses en volume ;
  • la mobilité traditionnelle des enseignants devrait s’accentuer pour améliorer l’expertise des pays en développement.

Les types d’activités transnationales qui évoluent le plus vite, après des débuts modestes, sont les offres étrangères délocalisées de type 2 et 3 et notamment les programmes de « cyber formation » et « les programmes franchisés ».Une offre étrangère délocalisée représente les activités réalisées par un établissement dans un pays étranger. Celles qui sont le plus communément pratiquées ou qui suscitent un intérêt grandissant peuvent se définir ainsi en quatre catégories231 :

  • Equivalence de diplôme
    Dans le pur esprit de la coopération universitaire, l’étudiant qui souhaite poursuivre ses études dans un autre établissement peut garder le bénéfice de sa formation antérieure en demandant une équivalence. Elle s’acquière par une « commission d'équivalence » au sein de l'établissement d'accueil. L’établissement qui reconnaît l’équivalence du diplôme ou des crédits de formation s’appuie sur les qualifications, les compétences en fonction du programme qu’il a réalisé. « Le degré d'internationalisation atteint est très faible car cette méthode ne requiert pas d'accord inter universitaire pour être appliquée […] Par contre, elle pourrait être intéressante si l’équivalence se jouait en amont à la commission d’équivalence »232. Au final les étudiants des deux établissements peuvent ainsi obtenir des équivalences réciproques. Ces accords ont notamment aboutis à la mise en place des systèmes d’accréditation et d’équivalence généralisés au sein de l’Europe.
  • Le co-diplôme ou diplôme conjoint
    C'est la méthode la plus complexe pour délivrer un diplôme dans la mesure où elle recueille un double processus de validation. Les établissements délivrent un diplôme commun. Elle est donc peu utilisée. On est en présence d'un diplôme international bi ou multilatéral dont la reconnaissance académique est automatique, tout au moins dans les pays qui assurent la diplômation. L'impact sur la pédagogie et la qualité de l'enseignement est direct, mais les coûts sont plus élevés. Le contrôle de la qualité de l'enseignement qui doit être assuré en permanence et l'employabilité des étudiants augmente.233
  • Le double diplôme
    Cette méthode présente un degré de complexité encore plus élevé que le co-diplôme. Elle est donc aussi très peu utilisée car elle suppose des contenus élaborés en concertation entre au moins deux établissements situés dans des pays distincts qui s'associent afin de définir chacun leurs éléments de validation. Il s'agit là le plus souvent d'un cadre bilatéral entre pays développé(s) et pays en développement. Il permet aux étudiants de bénéficier de deux diplômes d’universités partenaires, ce qui produit un impact plus sensible sur la modernisation des cursus nationaux. L'employabilité des étudiants est forte. L’impact sur la qualité et la pédagogie dépendra du lieu de bénéfice des périodes de mobilité des enseignants et des étudiants.
  • Un diplôme sous franchise
    C’est un moyen de plus en plus utilisé entre les établissements anglo-saxons et des établissements de pays émergents suivant le principe commercial rependu de « licence sous forme de franchise » ou de jumelage pour des prestations marchandes234. Ce sont des mécanismes qui régissent de plus en plus les relations contractuelles et qui reflète par ailleurs la croissance des activités à but lucratif dans des régions telles que l’Asie de l’est. Dans le cas d’une franchise, le partenaire local est en général autorisé à dispenser la totalité ou une partie d’un programme de formation étranger en respectant un cadre très précis qui aboutit en général à la délivrance de diplômes délocalisés.

Les meilleurs établissements thaïlandais publics, tels que Chulalongkorn ou Thamassat et à un degré moindre, privés tels que Assumption University ont ainsi la capacité de concurrencer l’offre étrangère sur le marché en accueillant des locaux ou des étrangers grâce à des formations franchisées anglophones. C’est ainsi que la Malaisie, la Thaïlande ou la Chine réalisent des diplômes franchisés avec des établissements anglo-saxons et les proposent à des élites intellectuelles des pays voisins en se positionnant sur des niveaux d’exigence différents, des coûts moins élevés, en réduisant les problèmes d’immigration et en limitant les problèmes interculturels235.

Notes
230.

K. Larsen et S. Vincent-Lancrin, Le commerce international de services d’éducation : Est-il bon ? Est-il méchant ? op. cit.

231.

Jean-Pierre Asselin D.B, « La problématique de la reconnaissance réciproque des diplômes dans un cadre multilatéral », in Rencontre universitaire sur l'accréditation réciproque de programmes et les doubles diplômes, Paris, AUF, disponible sur le portail internet de l’AUF (visité le 15/05/2008), Bogota, Colombie, 2007.

232.

Ibid., page 5.

233.

Ibid., page 8.

234.

OCDE, Assurance qualité référence "Qualité et reconnaissance des diplômes de l'enseignement supérieur : un défi international, op. cit.

235.

Ibid.