Longtemps dominées par une logique de coopération, les contingences économiques et sociales tendent à modifier les stratégies des pays et des établissements, qui représentent l’aide au développement et/ou l’offre étrangère en matière d’éducation supérieure. La croissance exponentielle des activités, le transfert des modes de financement du public vers l’autofinancement des étudiants, s’ajoutent à certaines difficultés sociales et économiques que rencontrent les établissements des pays développés. Ces paramètres impactent progressivement sur la logique des projets de coopération qui est le reflet de l’intérêt de multiples acteurs.
La période qui a suivi la décolonisation et la reconstruction après la seconde guerre mondiale, a vu ainsi l’instauration de deux grandes logiques stratégiques concernant les activités internationales271. La première, héritière de l’esprit de coopération, largement dominante, reposant sur la compréhension mutuelle entre les universitaires et les scientifiques, officiellement totalement dépourvue d’esprit mercantile. La seconde, minoritaire et initiée par l’Australie et les États-Unis, fut le démarrage d’une logique commerciale, motivée par des raisons économiques, qui permettait entre autre de mobiliser des recettes pour aider au financement du système d’enseignement supérieur.
Le monde universitaire et scientifique a, par tradition, toujours tenter de mutualiser les savoirs à travers la coopération272. Les gouvernements ont pris fait et cause pour l’internationalisation, y voyant un moyen de favoriser la paix et la compréhension mutuelle, d’établir ou de maintenir des liens particuliers avec certains pays, notamment d’influences, y compris dans leurs anciennes colonies, afin de stimuler la recherche ou d’aider d’autres pays à renforcer leurs capacités273.
C’est l’environnement historique, éducatif, culturel, politique et économique d’un pays qui pousse les Pays à promouvoir les activités de services transnationales et donc à établir des stratégies adaptées. C’est en s’appuyant sur cet environnement que l’on va donc comprendre ces stratégies. En comparant les politiques de financement des systèmes éducatifs des pays, en référence, nous établissons des liens directs avec les logiques choisies274. Les pays qui ont fait le choix d’une politique plus libérale ont aussi choisi une logique commerciale. Ce choix est clairement orienté pour financer leur système d’enseignement supérieur. La justification d’une logique stratégique pour un pays est de trouver son intérêt direct ou indirect. Le budget de la coopération doit être justifié devant les parlementaires et contribuables de tous les pays275. S’il n’est pas financier, l’objectif(s) pourra être, par exemple, d’améliorer l’influence culturelle pour augmenter l’attractivité touristique, espérer des retombées économiques pour les entreprises nationales, augmenter les échanges scientifiques entre laboratoires de recherche, ou faciliter la migration des élites, etc. Il s’agit dès lors de veiller à ce que les intérêts des partenaires soient partagés ou complémentaires de manière à pouvoir faire perdurer la relation de coopération.
La multiplication des activités internationales culturelles ou lucratives change la nature des intérêts des acteurs. Ils ne doivent plus principalement répondre à des parlementaires, mais avant tout à des clients, des entreprises, des administrateurs ou à des actionnaires d’établissements. La logique culturelle se double d’une logique de marque ou d’établissement(s) ou même de prestation de service. Les établissements profitent de l’image de marque de leur pays mais ne leur sont plus redevables, ils vont promouvoir la leur. Il reste à savoir ce que ce transfert d’intérêts et de logique(s) aura comme conséquences en termes de transferts de responsabilités et surtout d’impacts pour la qualité des activités éducatives internationales.
OCDE, Assurance qualité référence "Qualité et reconnaissance des diplômes de l'enseignement supérieur : un défi international, op. cit.
Gendreau-Massaloux, ancienne Rectrice de l’AUF 2005. Colloque sur le thème de « L'éducation tend à devenir un bien marchand », site internet de l’Agence universitaire de la francophonie, visité le 15/06/2007.
Joël Broustail, en collaboration avec Gilbert Palaoro, « La formation des élites managériales dans les économies en transition, op. cit.
OCDE, Assurance qualité référence "Qualité et reconnaissance des diplômes de l'enseignement supérieur : un défi international, op. cit.
François Orivel, « Education et développement », In Formation : l'apport de la recherche aux politique éducatives, Portail internet de l’ IREDU, Université de Bourgogne, 2007, visité le 13/06/2008.