2.5.5.3 La logique culturelle : question d’éthique

On considère qu’une logique est culturelle lorsqu’elle permet des activités internationales qui ont pour seul objectif un enrichissement intellectuel par la diversité des programmes d’enseignement et de recherche, la dynamique des contacts, la richesse de l’inter-culturalité. L’OCDE la nomme aussi stratégie basée sur « la compréhension mutuelle » pour l’importance de l’aspect social des relations et de la communication entre les peuples et les cultures dans un monde en pleine mutation276. La condition tarifaire est essentielle : proposer les services à des étudiants internationaux aux mêmes conditions tarifaires que les étudiants nationaux.

La question des conditions tarifaires apparaît car le nombre de projet de coopération totalement subventionnés est en diminution. Comparativement au volume d’activités internationales revendiquant une logique culturelle, il est nettement en recul. Le budget mondial de l’aide publique au développement (APD) en matière d’enseignement postsecondaire et d’éducation (1995, 2001), a augmenté de 31%, mais il est très faible (1 733 milliards US$) compte tenu des besoins et de la croissance des activités sur la période277.

Ce budget traduit la culture commerciale anglo-saxonne qui accuse une nette diminution de l’aide au développement : Australie (-63%), Royaume-Unis (-22%)278. Les USA n’étaient pas répertoriés en 1995, mais la valeur de leur budget de coopération en 2001 (110 milliards US$) les placent derrière tous les plus grands pays industrialisés. Les pays développés qui ont une tradition de coopération investissent dans ce budget, les plus grands donateurs étant dans l’ordre l’Allemagne, la France et le Japon.

C’est ainsi que dans des régions du monde chargées d’histoire, en Afrique et en Asie de l’est, des pays tels que le Japon ou la Corée investissent actuellement massivement sur des programmes de bourses de mobilité pour favoriser le rapprochement des peuples et sortir de l’isolement279.

La stratégie de coopération internationale d’aide au développement éducatif est généralement relayée par des agences qui se trouvent sous tutelle des ministères des affaires étrangères des pays, via les ambassades étrangères. Les grands pays exportateurs ont créé des agences spécialisées dans le suivi des dossiers des mobilités et plus généralement de leur communication. Les grands pays exportateurs ont mis en place des outils pour soutenir leur stratégie, ils se mesurent suivant :

  • l’écart pour les droits de scolarité ;
  • l’importance des subventions publiques élevées accordées pour soutenir les programmes d’aide au développement ;
  • l’importance des moyens pour augmenter l’attractivité de l’accueil, le logement, les bourses, les aides sociales ;
  • les facilités règlementaires et administratives : visa, droit au travail, regroupement familial, rapidité de l’administration ;
  • les facilités académiques : reconnaissances ou équivalence des diplômes, aide pour trouver un stage ;
  • les moyens de communication mis en œuvre pour améliorer l’information et faciliter toutes les démarches, les inscriptions.

Les pays possèdent des agences dans leurs zones d’influence géostratégique. La France avec Campus France280 ou la Belgique avec l’agence de Wallonie Bruxelles d’aide au développement francophone (APEFE), vont ainsi se positionner dans les pays adhérents à la francophonie. Les agences européennes se regroupent parfois avec, par exemple, le service allemand des échanges universitaires (DAAD), pour provoquer un effet de masse critique face à la machine commerciale anglo-saxonne.

Avec le vieillissement de la population des pays de l’OCDE et le déclin annoncé des effectifs étudiants281, l’accueil des étudiants étrangers devient capital pour le devenir des établissements des pays développés. Les intérêts des échanges avec les pays en développement se doublent donc d’un intérêt stratégique social et économique.

Par exemple, les établissements français ont accueilli plus de 70% d’étudiants étrangers entre 1998 et 2005, soit 265 000 étudiants dont 209 000 dans les universités (261, MEN, 2007). Selon le Ministère de l’éducation nationale, cette progression permet de compenser la diminution de l’effectif des jeunes Français et de maintenir la croissance globale des effectifs dans l’enseignement supérieur. 7,1% de l’effectif en 1998 contre 11,6% en 2005. Cette progression favorise le secteur de la recherche car ils s’inscrivent proportionnellement de manière davantage en 3ème cycle comparativement aux jeunes Français (33% contre 18%). On constate cependant que la progression des pays est extrêmement diversifiée, même au sein de la communauté européenne, parmi les pays qui sont censés poursuivre une logique culturelle282.

Notes
276.

OCDE, Assurance qualité référence "Qualité et reconnaissance des diplômes de l'enseignement supérieur : un défi international, op. cit.

277.

OCDE, Lignes directrices pour des prestations de qualité dans l'enseignement supérieur transfrontalier, op. cit.

278.

Il convient d’interpréter les données avec prudence, cependant, étant donné que l’aide au développement est irrégulière est peu se porter sur d’autres secteurs.

279.

OCDE, Assurance qualité référence "Qualité et reconnaissance des diplômes de l'enseignement supérieur : un défi international, op. cit.

280.

La France est représentée au niveau ministériel par l’Agence Française pour le Développement (AFD), attachée au ministère des affaires étrangères et à l’étranger par ses ambassades. Elle possède un opérateur appelé Campus France qui a pour mission d’assurer la promotion de l’enseignement français dans le monde et l’accueil des étrangers en France. Portail internet du MAE, visité le 14/05/2008.

281.

ONU, world population projection 2007.

282.

Progression des effectifs d’étudiants étrangers du supérieur dans les pays de l’OCDE, 1980-2001 page 237, in OCDE, Enseignement supérieur : internationalisation et commerce, op. cit.