2.5.5.5 La logique de marque

Les délocalisations de formations, d’établissements, ou de campus vont être de plus en plus fréquentes. Elles conduisent les établissements à but non lucratif ou commercial à être mandatés par leurs conseils d’administration. La logique de marque va être impulsée par :

Une enquête dévoile que 94% des établissements de l’enseignement supérieur dans le monde considèrent que leur nom est une marque287. En prenant en référence les établissements français, elle précise que leurs moyens promotionnels sont largement insuffisants288 pour défendre une logique de marque et pour concurrencer les établissements anglo-saxons sur le marché international. Les établissements prennent peu à peu conscience de l’importance d’acquérir des services promotionnels et internationaux soutenant l’activité markéting, car ils sont de plus en plus nombreux à vouloir délocaliser des diplômes vers l’étranger289.

Le concept de marque se caractérise avant tout sur une catégorie de connaissances attachées à la marque (ou l’ensemble de formations produites par un même établissement). L’établissement peut faire évoluer sa marque, soit par la modification de la gamme de formations proposées, soit par des modifications portant sur les outils de formation (méthodologie, enseignants, recrutement, etc.), soit par l’utilisation d’actions de communication. Une marque s’identifie en fonction de ses produits (formations) et des attributs que ses clients (les étudiants) vont attacher à ses concepts. En fait, les étudiants identifient la marque en fonction de caractéristiques liées aux formations ou aux établissements. Avant d’entreprendre une modification sur la gamme de produits, il faut donc veiller à ne pas modifier ce qui valorise la marque, en terme de perception auprès des étudiants potentiels, à ne pas perdre son identité, sous prétexte de vouloir se développer290.

Harvard est reconnue comme une marque. Elle est la plus riche, elle est celle qui a le plus de prix Nobel. Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) est l’une des plus brillantes pour la recherche technologique. Une marque peut être identifiée pour son positionnement régional. L’AIT accueille des enseignants et étudiants de 50 nationalités différentes, elle a une notoriété régionale pour sa diversité culturelle et son réseau d’influence en Asie de l’Est, etc.

Dans le domaine des marques éducatives, l’expérience montre qu’il est préférable d’être prudent et même parfois peu connue si on souhaite se délocaliser ! « […] plus les universités prestigieuses délivrent de diplômes, moins ces diplômes ont de la valeur et moins elles deviennent attractives et prestigieuses » 291 . Par contre, les universités de notoriété « moyenne » pourront plus facilement concurrencer des universités locales « …sans coût pour leur réputation… » 292 , dans des pays qui connaissent des problèmes de capacité et où l’enseignement supérieur est peu subventionné. Elles pourront tirer bénéfice d’un avantage qualitatif.

Mais finalement, qu’est-ce qui discerne la logique de marque d’une autre logique ? Elle peut tout autant concerner un établissement privé ou public, s’appliquer en parallèle à une logique culturelle ou commerciale. La croissance de la délocalisation des activités internationales et des accords bilatéraux entraînent le glissement des projets d’une logique d’influence vers une logique de marque dans les pays émergents. Ceci tend à valoriser la marque éducative des établissements qui continuent malgré tout de s’appuyer sur l’image de leur pays pour se vendre, au dépend de la logique d’influence des PMA. Mais ces derniers ne profitent-ils pas eux-aussi directement du jeu des influences par la présence de leurs établissements ? Mais la véritable difficulté est peut-être dans la mise œuvre de projet qui répondent à une logique de marque. Pour la poursuivre, les établissements doivent tendre vers la mise en place de prestations de service orientées vers la demande des étudiants internationaux293.

Notes
287.

Article : « les enjeux et les évolutions de la communication pour l’enseignement supérieur », in Peut-on parler d’un modèle de communication gagnant ?, étude menée par l’Agence noir sur blanc, contact presse, octobre 2006, site internet : www.noirsurblanc.com/pdf/fr/p_dej_101006.pdf , visité le 10/06/2008.

288.

Des exceptions sont faites pour certains Instituts d’Administration des Entreprises pour des Grandes Ecoles d’Ingénieurs et notamment pour la plupart des Ecoles de commerce.

289.

En référence à la communication dans les grandes écoles et universités françaises Article de Lionel L., « Les écoles étudient leur image de marque », in Revue Stratégie, N°1431, p 62, 2006.

290.

Richard Ladwein « Stratégies de marques et concepts de marques », op. cit.

291.

K. Larsen et S. Vincent-Lancrin, Le commerce international de services d’éducation : Est-il bon ? Est-il méchant ? op. cit., page 32.

292.

Ibid., page 32.

293.

C. Cudennec C., G. Tocquer G.,Service Asia, op. cit.