Quelles sont les forces et les faiblesses des secteurs privé et public dans leurs capacités de pouvoir répondre à la demande du secteur économique ?
Les problèmes récurrents qui existent entre le monde universitaire et celui des entreprises sont liés au fait que l’université doit produire des formations en adéquation avec les besoins des entreprises et des étudiants dans une perspective de marché de l’emploi333. Il y a un manque de collaboration qui entraine une méconnaissance entre les protagonistes, une inadaptation des formations et un manque d’implication. Il y a cependant des facteurs nouveaux dans cet environnement qui sont les problèmes d’équilibres financiers rencontrés par les établissements, la dynamique de changement et d’innovation qui est de plus en plus forte et le contexte international que doit intégrer l’offre de formation.
Prenons des exemples, pour tenter d’illustrer de manière équilibrée ce débat. On note que l’offre privée a ses limites et qu’elle peut être dangereuse pour l’équilibre du secteur économique334. Les prestataires du privé n’ont pas pour mandat de répondre à des besoins sociaux ou de pérennité des systèmes économiques ou éducatifs, mais pour mission première de répondre aux besoins de leurs clients. C’est ce qui explique la montée en puissance du privé au Japon, en Corée du sud ou à Taiwan entre 1960 et 1980. Á ce moment, l’autorité publique n’était pas encore totalement en mesure de pouvoir contrôler les réformes. Ces dernières ont conduit à d’importants déficits de formations dans les secteurs de l’agronomie. Elles ont entrainé la dévalorisation de certains secteurs tels que l’éducation et l’agronomie, malgré leurs intérêts évidents pour le développement économique et social.
Complémentaire au rapport britannique, une autre étude démontre que le secteur privé peut, dans certains cas, répondre de manière plus réactive à des besoins ponctuels du secteur économique et peut compléter l’activé publique335. C’est ainsi que lors de la phase de reconstruction du système d’enseignement supérieur du Portugal, les étudiants ont profité d’offres de formation privées plus adaptées au marché et choisir des universités plus réactives en réponse à un secteur public qui était alors en partie obsolète.
Pour les mêmes raisons, le secteur privé chinois a activé la mise en place de formations courtes et professionnelles par la formation continue : les formations linguistiques, bureautiques, spécialisées sur demande336.
L. Emin, M. Martin, La collaboration université-entreprise : une interaction encore difficile, UNESCO, disponible sur le portail internet des Nations Unies, (visité le 04/05/2008).
R. Hayhoe, “An Asian multiversity? Comparative reflection on the transition to mass higher education in east Asia”, op. cit.
F. Correia, A. Amaral, A. Magalhaes, “Public and private higher education in Portugal : unintended effects of deregulation”, in European Journal of Education, Paris : CNRS-INIST, 2002, vol.37, no 4, pp. 457-472.
R. Hayhoe, “An Asian multiversity? Comparative reflection on the transition to mass higher education in east Asia”, op. cit.