A propos du financement de l’éducation, il est rassurant, pour les pays en développement, de constater qu’ils n’auront peut-être pas à dépenser des budgets aussi prohibitifs que les pays développés pour arriver aux mêmes résultats. On constate aussi, études à l’appui, que pour le financement, le métissage « privé/public » ne fait pas de miracle, mais peut être une solution porteuse d’avenir.
Il a été démontré que les dépenses relatives à l’enseignement ne sont pas forcément en corrélation avec la progression des apprenants337. Il a été mis en évidence que la réussite scolaire était principalement influencée par le contexte familial et la composition du public scolaire, tandis que les ressources des écoles avaient peu d’impact338. Ces résultats sont corroborés par les résultats du test PISA339. Des études comparables ont été effectuées dans des pays en développement notamment en Afrique340. En fait, les charges d’enseignements augmentent plus vite que la capacité des systèmes éducatifs à générer une croissance des connaissances et/ou, à répondre aux objectifs éducatifs qui leurs seraient conférés. On appelle cela le phénomène Baumol disease, du nom de l’économiste qui l’a étudié341.
Une autre étude a fait apparaître la diversité des systèmes existants et l’absence de corrélation entre l’importance du financement public et le développement quantitatif et qualitatif du système scolaire342. Elle démontre qu’il est préférable d’avoir un financement mixte privé-public plutôt qu’une source unique. Le financement mixte peut provenir de l’Etat, de collectivités locales, des ménages, des entreprises, de mécènes, des ressources propres, etc. L’exemple de la Chine et des Philippines à propos des taux que ces pays imposent au secteur privé pour limiter la politique ségrégationniste démontre bien que la répartition des financements n’est pas seulement une question de trésorerie mais avant tout un problème de politique sociale. Chaque source de financement dans la répartition des budgets dépend dans ce cas, de la hiérarchie que l’on établit entre l’objectif d’efficacité et l’objectif d’équité343. Il s’agit donc de choix politiques sachant qu’il n’y pas de solution idéale dans l’absolu.
Notamment en référence à une étude réalisée par The National Assessment of Education Progress, Hanushek, 2002, qui a prouvé que pour une dépense par élève qui a triplé au cours des trente dernières années, les résultats à un test régulièrement soumis à ces derniers âgés de 17 ans depuis 1970 sont restés stables. MarcGurgand, Economie de l’éducation, 2005, op. cit.
Rapport Coleman et al., 1966, cité par MarcGurgand, Economie de l’éducation, 2005, op. cit.
Program for International Student Assessment, test conduit par l’OCDE en 2000 auprès des jeunes de 15 ans.
Mingat et Suchaud, 2000, l’ont tout autant démontré dans une analyse économique comparative sur les systèmes éducatifs africains. A. Mingat, B. Suchaud B., Les systèmes éducatifs africains, une analyse économique comparative, De Boek Université, 2000.
Baumol, 1967, cité par MarcGurgand, Economie de l’éducation, 2005, op. cit.
Réalisée par l’UNESCO en 1990 à la demande de l’International Academy of Education sur le financement de l’enseignement supérieur.
J-C. Eicher, « De la théorie du capital humain à une analyse plus globale de l'économie de l'éducation », in revue Perspectives documentaires en éducation, Paris : CNRS-INIST, 1993, no 30 pp. 53 – 65.