Chapitre 3 - Environnement et offre locale du marché de l’enseignement supérieur du Viêt-nam

La situation de l’enseignement supérieur au Viêt-nam est révélateur des changements et des enjeux qui caractérisent le marché mondial de l’éducation et qui conduisent finalement à l’afflux massif de formations étrangères. L’importance accordée à ce secteur pour soutenir le développement et tous les autres intérêts croisés que ce secteur suscite pour tous les acteurs, créent un environnement propice au traitement de notre problématique.

Actuellement, l’offre locale privée et publique d’enseignement supérieur n’est pas en mesure de répondre aux besoins grandissants de formation pour soutenir la révolution économique et sociale qui bouleverse le pays. Le manque de ressources, tant financières que d’expertise scientifique, contraint l’État à mener une politique d’ouverture et à faire appel à la communauté internationale. Pour cela, il conduit dans le pays d’importantes réformes de décentralisation de l’administration et des finances, de privatisation, d’autofinancement des familles, de rénovation des systèmes de gouvernance des établissements ainsi que des programmes ou méthodes d’enseignement.

L’environnement global favorise largement le déploiement d’un marché de l’éducation. Profondément inspirée par le confucianisme et par un passé récent difficile, la population est convaincue de l’importance de l’éducation. Cette motivation est accentuée par les décisions récentes comme l’arrêt de certaines aides sociales capitales qui contraignent les familles à s’entourer de garanties pour assurer l’avenir, ou encore une croissance économique qui augmente leur pouvoir d’achat, sans parler d’un marché qui offre une offre plus élargie de par son attrait pour les investisseurs.

Comme pour tout projet international d’exportation d’une prestation de service, pour analyser les conditions d’implantation des formations étrangères il faut appréhender l’environnement et les enjeux du marché, l’influence et les attentes des acteurs, le positionnement de l’offre locale existante, les partenaires potentiels. L’objet de ce chapitre consiste à éclaircir tous ces points.

La première partie sera un compte-rendu des facteurs historiques, sociaux, culturels, politiques et économiques, qui ont favorisé l’émergence du marché de l’éducation et sculpté le paysage actuel du système éducatif. L’étude de l’évolution économique, de la période du Renouveau jusqu’à ses perspectives à long terme, permet d’apprécier les extraordinaires impacts sur la division du travail et le marché de l’emploi et leurs conséquences logiques sur le marché de la formation.

Dans un second temps, l’étude du système éducatif vietnamien, permettra de comprendre avec quels moyens l’offre globale de formation tente de répondre aux attentes des acteurs. Une description sommaire du système sera effectuée ainsi que les particularités des réformes en cours, du cadre règlementaire et administratif. Nous verrons comment se situent l’offre d’enseignement technique et professionnel et de formation continue, qui sont censés compléter l’offre universitaire ainsi que les différents rôles stratégiques découlant du jeu et du positionnement des offres publique et privée.

L’environnement d’un marché ne dépend pas seulement des concurrents directs, des fournisseurs et des entrants potentiels. Il est avant tout/en premier lieu fortement conditionné par le rôle des ses différents acteurs dont les intérêts s’avèrent parfois contradictoires. Parmi ces derniers, on compte tout d’abord l’État vietnamien dans son rôle de tutelle, de contrôle ou de partenaire ; ensuite, viennent les enseignants qui restent des éléments moteurs incontournables de la prestation éducative, mais qui se retrouvent de plus en plus malmenés; enfin, ce sont entreprises qui sollicitent fortement le système éducatif mais qui participent peu à son développement.

Nous comparerons en quatrième partie la demande des acteurs locaux, en soulignant les facteurs qui freinent son développement. Il s’agit notamment de la faiblesse de la qualité et des ressources financières, du manque d’équité et de soutien du secteur de la recherche. Nous remarquerons enfin que malgré l’importance qui leur est accordée, les relations entre la coopération internationale et les institutions locales ne vont pas forcément dans le sens d’objectifs concordants.

La cinquième partie permettra de mesurer les conditions du développement du positionnement de l’offre locale. Nous verrons combien l’influence ou l’ambivalence de l’État, ainsi que les réseaux informels, influent constamment sur les processus de décision. Au-delà de ces contraintes souvent incontournables, l’offre locale est apparemment en position de pouvoir mener à bien certaines réformes pédagogiques grâce à ses forces internes, suivant un modèle stratégique centré sur la seule marque de l’établissement.

A partir de cette analyse de l’environnement global, la conclusion mettra en évidence les attentes de tous les acteurs à l’égard de l’offre étrangère et de tracer des perspectives sur son positionnement dans le marché de l’éducation vietnamien.