En plus de leur fonction majeure initiale qui consiste à garantir la transmission des savoirs, les enseignants ont, au Viêt-nam, un rôle symbolique issu des traditions confucéennes qui les place à un haut niveau de reconnaissance et de respect dans la hiérarchie sociale et familiale.
Mais les conditions d’exercice de leur travail ne sont pas en adéquation avec leurs responsabilités. Malgré les efforts de l’État, le niveau des rémunérations reste très faible et la politique de gestion des ressources n’est pas motivante, notamment concernant la promotion. Les difficultés économiques les contraignent pratiquement à assumer un deuxième travail et parfois à abuser de leur autorité auprès du public pour en tirer des avantages personnels.
Dévalorisés et mis en danger, les enseignants ne peuvent non plus totalement compenser par leur seule motivation, un manque d’effectif, l’inadaptation de leurs méthodes de travail traditionnelles, leur insuffisance en matière de connaissance scientifique.
Les enseignants sont donc dans une position très délicate mais aussi de force qui les placent comme arbitre de l’offre de formation. Ils tendent à être décriés par le public, manquent de moyens financiers pour se former et pour être suffisamment rémunérés. Ils ont par contre et notamment pour les plus compétents d’entre eux, l’avantage de la rareté et peuvent être à l’origine d’une bulle spéculative à l’emploi, alimentée par des établissements en manque de ressources. Mais il faut supposer qu’à choisir, les enseignants préfèreraient largement pouvoir exercer correctement leur profession plutôt que de participer à une sorte de « mercato »571 de l’expertise scientifique alimentant le marché de l’éducation.
Il semble pourtant que la majorité d’entre eux souhaite se tourner vers l’avenir en jouant un rôle qui est qualifié de « réformateurs »572, notamment en contribuant à l’amélioration des pratiques pédagogiques et des programmes573.
En référence au marché des transferts des footballeurs professionnels.
Cité par l’auteur, dans l’étude comparative sur le degré de motivations des enseignants en faveur ou pas des innovations pédagogiques. Khanh TrungNguyen, L'université dans la société vietnamienne actuelle : du curriculum formel au curriculum réel : observation de trois établissements à Ho Chi Minh Ville, op. cit.
Une enquête réalisée dans des grandes universités publiques à HCMVille, indiquait que la proportion des « réformateurs », se disant prêt à innover et entreprendre en éducation, était nettement plus importante que celle des « conformistes ». Ibid., voir figure 22 : Les réformistes et les conformistes, page 311.