3.5.5 Public ou privé, le nouveau jeu concurrentiel

Malgré les avantages de sa relative autonomie de gestion, l’offre privée reflète les caractéristiques identiques dans sa manière de se positionner que ce soit envers le segment universitaire, la formation technique ou continue. Réputée de mauvaise qualité, elle est dépréciée par le public et ne peut, sauf exception, que se positionner sur des activités de volume, à faible coût. Ses investisseurs sont trop frileux et elle est confrontée à un environnement politique qui doute encore de son intérêt pour le pays. Son manque important d’expertise scientifique limite ses capacités de développement et l’oblige à recruter dans le secteur public. Cette offre est en pleine expansion mais ne pourra donc pas en l’état couvrir 40% des effectifs totaux d’ici à 2020.

Il en ressort donc que les deux secteurs manquent de moyens et d’expertise mais peuvent se renforcer économiquement grâce à la formation continue et scientifiquement par le partenariat international. Ils peuvent à se titre se faire concurrence ou devenir potentiellement partenaires pour créer des synergies.

Le passage d’un environnement monopolistique contrôlé par l’État à celui d’un marché au service de plusieurs acteurs, oblige les universités à rechercher un nouveau positionnement stratégique dans un marché qui évolue très vite. Elles doivent assumer une gestion financière autonome et rigoureuse, chercher à différencier leurs activités et assumer de manière directe leurs résultats aux yeux du public. En référence aux choix des candidats au concours d’entrée à l’université, on s’aperçoit ainsi déjà que la notoriété de certains établissements publics, telles les écoles d’ingénieurs, tend à s’affaiblir au profit des universités orientées vers la gestion654. Pour les mêmes motifs, l’université privée Van Lang655fait son apparition dans le dernier classement sur la notoriété des universités au sud du Viêt-nam. Certaines d’entre elles, telles que Pédagogie, Sciences Sociales et Humaines, sont valorisées grâce à la politique de l’État.

Toutes les universités entrent donc progressivement dans une logique de marque 656 et s’éloignent de l’intérêt collectif pour défendre leur propre stratégie. Elles entrent de fait en concurrence ou en collaboration, en tant que fournisseur ou partenaire, dans le marché local ou se tournent vers des projets de coopération traditionnelle avec des investisseurs poursuivant une logique commerciale.

Notes
654.

Khanh TrungNguyen, L'université dans la société vietnamienne actuelle : du curriculum formel au curriculum réel : observation de trois établissements à Ho Chi Minh Ville, op. cit.

655.

C’est l’une des plus grandes universités privée du Viêt-nam, elle propose les programmes attractifs demandés par le public : la gestion, le tourisme, les langues étrangères, la bureautique.

656.

Nolwen Hénaff, Presentation of the report « Skills for productivity, employment growth and development in Vietnam », op. cit., page 16