3.6.3 Le manque d’informations pour l’orientation

Les mobilités, comme tous les autres programmes locaux, posent toutefois le problème de l’information pour déterminer un choix souvent coûteux. Comme pour l’ensemble du système éducatif, cette dernière est en construction et n’échappe aux règles de la privatisation. Mais l’ensemble du système éducatif se construit avec peu de moyens et n’a pas eu le temps ou n’a pas comme priorité d’investir dans l’information. La décentralisation et la privatisation ont entraîné la perte de certains outils d’information qui étaient garantis par l’État et qui n’ont pas été en tout ou partie compensés688.

D’autre part, le système éducatif planifié ne rendait pas si nécessaire l’accompagnement des bacheliers ou des étudiants dans leurs parcours académique ou leur insertion professionnelle. Ce besoin est donc accentué par la disparition progressive du centralisme au profit d’une offre élargie, plus différenciée en gamme de tarifs et en activités, privée ou publique, locale ou internationale, réalisée dans le pays ou à l’étranger. Il est à noté que les structures formelles ou professionnelles sont peu utilisées. On estime par exemple au total à 6%, le nombre d’étudiants qui ont utilisé les stages, la presse ou des agences spécialisées pour trouver un premier emploi, les autres utilisant des moyens non institutionnels689. Pour trouver un premier emploi, les diplômés utilisent principalement leur réseau personnel (37%), la presse (23%) et les candidatures spontanées (22%).

De plus, il a été constaté un déclin des agences de placement, ce qui augmente parallèlement le manque de relation entre les secteurs de l’emploi et de la formation690. Ceci se traduit notamment par l’absence d’institution nationale et de coordination entre l’État, l’offre et le secteur économique pour le mise en place d’outils de veille active permettant à la fois d’informer le public sur les métiers et les débouchés, mais aussi l’offre sur les besoins du marché de l’emploi.

L’information s’améliore donc surtout grâce aux moyens non formels, privés ou indirectement liés à l’éducation et la formation. Ils sont imputables à l’augmentation du niveau de vie, à un meilleur accès et au développement des technologies de l’information et de la communication, notamment Internet 691 , au nombre croissant des émissions télévisées principalement publiques ou des articles de presse traitant de l’insertion professionnelle ou académique692.

Les universités sont donc de plus en plus sensibilisées sur l’intérêt de favoriser l’information et l’orientation. Les plus avancées ont déjà instauré un système de communication s’appuyant sur le réseau Internet693. D’autres tentent d’instaurer de nouveaux outils tels que les forums emplois, mais elles se heurtent à un public peu coutumier des communications aussi directes694. Toutes ces expériences, encore embryonnaires695, demandent des ressources supplémentaires, nécessitent une meilleure reconnaissance institutionnelle, mais aussi une adaptation des outils et un apprentissage de la part du public.

Notes
688.

Nolwen Hénaff, Jean-Yves Martin (dir), Travail, emploi et ressources humaines au Viêt-nam : Quinze ans de Renouveau, op. cit., page 281.

689.

3% grâce aux stages, 2% par les agences spécialisées et 1% grâce à des forums emplois. Selon l’enquête auprès de 1140 diplômés francophones, voir tableau 3.5 en annexe.

690.

Nolwen Hénaff, Presentation of the report « Skills for productivity, employment growth and development in Vietnam », op. cit,. page 32.

691.

Avec plus de 18,2 millions d’internautes (dont 1,2 millions à haut débit), le Viêt-nam a été classé au 6è rang des pays asiatiques pour le nombre d’utilisateurs internet. En termes de pénétration d’Internet dans la population, avec 21,4 %, il se situe à la 9è place des pays asiatiques devançant la Thaïlande (13,0 %) et les Philippines (15,4 %). Source, « Le Vietnam est le 6e pays d’Asie pour le nombre d’utilisateurs d’Internet en 2007 », site internet : http://www.internetworldstats.com/stats3.htm , 20/05/2008.

692.

Des informations sont disponibles grâce à des journaux consacrés en partie à la jeunesse tels que Tuoi Tre (assimilé par certains expatriés comme « le Monde »local) ou certaines émissions de la télévision publique telle que HTV7, qui est en partie consacrée à l’éducation et la jeunesse.

693.

L’université Polytechnique d’HCMVille a largement développé le réseau Internet pour faciliter l’information et les relations avec les étudiants. C’est ainsi que l’inscription est obligatoirement effectuée par voix électronique, ce qui sensibilise les nouveaux entrants.

694.

L’université des Sciences économiques est très active dans le domaine. L’expérience recueille un intérêt grandissant, mais gagnerait à être complétée par d’autres systèmes d’information. Le mode de contact direct imposé par ce genre de manifestation, limite l’accès à une minorité d’étudiants, moins timides, plus entreprenants.

695.

L’AUF soutient la mise en place de modules d’insertion professionnelle (MIP) au sein des licences francophones de ses partenaires universitaires. Ce sont des programmes de formation d’une vingtaine d’heures qui ont pour objectif d’informer et de préparer l’étudiant à la vie active : information, orientation, préparation de curriculum, visite d’entreprises, simulation d’entretien, etc.