3.6.5 La pertinence relative du choix des familles

L’efficacité du choix des familles et des outils d’orientation qui sont à leur disposition peut en partie se mesurer par l’observation des parcours professionnels des diplômés. Or, les données que nous possédons sur la réalité du marché de l’emploi interrogent souvent la pertinence de ce choix. Les emplois des jeunes et le taux de chômage démontrent souvent que la recherche d’emploi ou la réalisation d’une brillante carrière dépend fortement de la spécialité choisie. Une forte proportion des diplômés éprouvent des difficultés à trouver un emploi ou assument des fonctions en dehors de leur champ de qualification.

Sur le plan national, le taux de chômage est plus élevé et le temps pour trouver un emploi est plus long pour les titulaires d’une licence. Selon une statistique du MOET, entre 58% et 38% des étudiants ne trouvent pas d’emploi trois mois après leur sortie de l’université. Il faut deux années pour que le taux de chômage redevienne équivalent au taux moyen enregistré dans le pays (environ 5% en 2007). Environ 30% de ceux qui trouvent un emploi, travaillent dans un secteur sans rapport avec leurs études et 40% se disent insatisfaits de leur travail703. Les résultats récents indiquent que cette tendance ne faiblit pas à moyen terme704.

La formation universitaire n’est donc pas une garantie suffisante pour trouver un emploi et ce malgré toute la sacralisation portée à son égard.

Mais il faut interpréter ces chiffres de l’emploi avec une grande prudence car nous manquons d’analyses précises et sectorielles. De plus, même si les jeunes diplômés des universités s’orientent plutôt vers des emplois salariés, il reste néanmoins qu’une grande partie de l’activité économique est informelle et génère de l’auto-emploi difficilement contrôlable. L’absence d’information ne peut pas être compensée par exemple par des réseaux des anciens diplômés qui sont pratiquement inexistants705.

Les conditions d’insertion professionnelle sont à la croisée de plusieurs facteurs: d’une part, la réalité de la demande du marché et donc aux spécialités, ensuite à la stratégie de carrière de chaque individu qui n’est pas forcément aléatoire/contingente/imprévisible, mais aussi à la définition de la notion d’emploi dans le pays. Nous pouvons relever des secteurs de formation qui dégagent des problématiques particulières concernant l’insertion des diplômés :

C’est aussi en partie le cas pour des filières informatiques qui sont cependant « protégées » par une spécialité qui ne peut pas être facilement supplantée par d’autres formations. Naturellement, ces secteurs peuvent se heurter à plusieurs problématiques croisées en fonction du parcours de chaque étudiant et des problèmes propres à leur secteur. Tous les secteurs rencontrent des difficultés communes de recrutement liées à l’évolution des métiers mais surtout, comme nous le verrons par la suite, du fait de l’inadéquation entre les qualifications et les compétences requises.

Notes
703.

Entretien avec le MOET, Courrier du Vietnam. 22/08/08

704.

En 1999, un jeune sur trois était sans emploi six mois après ses études et un sur quatre assumait des fonctions qui ne correspondaient pas à sa formation selon une enquête menée en 1999, auprès de 51 établissements de l’enseignement supérieur sur l’emploi des étudiants diplômés. Nolwen Hénaff, Jean-Yves Martin (dir), Travail, emploi et ressources humaines au Viêt-nam : Quinze ans de Renouveau, op. cit., page 161.

En 2002, 27,5% des étudiants et écoles supérieures étaient sans emploi 6 mois après avoir obtenu leur diplôme. Hénaff Nolwen, Doi Moi et globalisation : vers un accroissement des inégalités en matière d'éducation, op. cit. page 7, note 5.

705.

Pour ces motifs, une partie des observations est basées sur l’évaluation du parcours des diplômés francophones réalisée par l’AUF. Les résultats sont donc partiels dans la mesure où ils ne touchent qu’une niche d’étudiants. La dizaine de spécialités et d’universités analysées ainsi que le nombre important de personnes interrogées (plus de 1000), permet de dégager des tendances intéressantes. Voir méthodologie Evaluation insertion, AUF.

706.

Certains jeunes médecins préfèrent travailler bénévolement dans les hôpitaux publics des grandes villes et se placer sur les listes d’attente des postes permanents, plutôt que de retourner à la campagne. Le manque de mobilité est probablement l’une des causes les plus importantes du chômage pour les diplômés des universités. Les jeunes préfèrent attendre plutôt que de gagner un salaire nettement inférieur avec des perspectives de carrière amoindries, voir annexe 3.3.

707.

Les résultats enregistrés dans ces filières en 1999 faisaient apparaître un taux élevé de diplômés sans emploi comparativement à la moyenne nationale (17,2% pour la filière informatique et 7% pour la filière gestion) et un niveau faible et non adapté aux compétences requises pour la main d’œuvre qualifiée. Hénaff Nolwen, Doi Moi et globalisation : vers un accroissement des inégalités en matière d'éducation, op. cit. page 19.

708.

La majorité des diplômés de niveau licence en tourisme qui ont trouvé du travail deviennent guides de circuits touristiques populaires ou sont amenés à assumer des fonctions de standardiste, garçon de café ou de service dans les restaurants. Ces fonctions ne relèvent pas du domaine et du niveau de compétence des diplômés universitaires en tourisme. D’autre part, le taux des sans-emploi est particulièrement élevé pour cette filière..

Source : Le tourisme et l’hôtellerie au Vietnam, 2003, état des lieux, enjeux et perspectives, Sous la Direction de Marc Combes, Avec la collaboration de : Fabienne Bourgeois, Bruno Casassus et Paul-Emmanuel Pichon, CETIA, Centre d'Etudes sur le Tourisme et les Industries de l'Accueil Université de Toulouse Le Mirail, France. Agence Universitaire pour la Francophonie, Région Poitou-Charentes, Ambassade de France au Vietnam