Partie II : L’offre internationale des masters de management au Viêt-nam : description du marché et analyse

Dans la partie précédente, nous avons décrit l’environnement global et les enjeux du marché mondial de l’éducation pour les systèmes en développement. Les répercussions de ces enjeux ont ensuite été mesurées en s’appuyant sur l’exemple du Viêt-nam, pays fortement représentatif. Cette première partie a mis en lumière les besoins et les attentes des acteurs vietnamiens au regard des capacités offertes par le système d’enseignement supérieur. Elle a aussi permis de mieux connaître l’environnement global du système éducatif de ce pays. Finalement, il apparaît clairement que l’offre étrangère est grandement attendue pour compléter l’offre locale en amenant de l’excellence scientifique.

Cette demande de la société vietnamienne, appuyée par une ouverture sans précédent du pays, va donc accélérer la venue des programmes étrangers, qui vont s’ajouter à ceux déjà existants. Ainsi vont globalement se côtoyer un système public de formation soutenu par l’aide internationale au développement et un secteur marchand local s’ouvrant aux acteurs internationaux pour une offre privée. Ce phénomène est d’autant plus intéressant qu’il s’accompagne de l’intérêt grandissant des établissements étrangers d’étendre leurs activités internationales. Il reste donc à savoir quels peuvent être les résultats de cette forte conjonction d’intérêts provenant de tous les acteurs en présence mais portée par des stratégies parfois très différentes.

Les répercussions de cette situation nouvelle à l’échelle du Vietnam ouvrent le champ à de nombreuses recherches qui peuvent être considérées suivant des angles aussi différents que peuvent l’être les sciences qui concernent l’évaluation des secteurs éducatifs et du développement. Par exemple, il est possible de choisir une approche sociologique à travers l’évaluation des conséquences des programmes étrangers sur la culture et la société, tandis qu’une approche purement markéting comparerait les degrés de satisfactions des acteurs comparativement à leurs attentes. Avec la même démarche, mais en se rapportant aux besoins de ces derniers, l’approche peut dès lors relever du domaine des sciences de l’éducation. Une autre possibilité consiste à évaluer quantitativement l’efficacité de la politique de l’Etat par le décompte du nombre d’étudiants formés, de formations ou d’établissements délocalisés en comparaison avec les objectifs de planification. Si notre choix se portait sur une approche économique, elle se ferait par la mesure des retombées des formations sur l’activité professionnelle des diplômés. Nous pouvons enfin citer comme dernier exemple d’approche possible l’évaluation de la pertinence de l’activité de l’offre étrangère en termes de retombées pérennes pour l’évolution du système éducatif vietnamien. Ce dernier angle d’analyse nous sera utile lorsque nous aborderons les choix stratégique qui s’ouvrent à l’offre étrangère.

Bien que chaque aspect cité mérite toute notre attention, dans cette thèse, nous faisons le choix de limiter la recherche aux modes opératoires choisis par l’offre étrangère pour répondre à un marché des services dorénavant ouvert. L’enjeu sera de nous interroger sur les moyens de définir des modalités d’ingénierie pédagogique et d’évaluation adaptées à cette nouvelle situation éducative. Par ailleurs, nous nous intéresserons uniquement aux masters de gestion délocalisés, en tant que mode d’intervention le plus représentatif de l’activité internationale au Viêt-nam. Pour atteindre cet objectif, nous nous appuierons sur les méthodes d’analyses communément utilisées dans le commerce international.

Cette seconde partie de la thèse se décompose de la manière suivante :

Le premier chapitre rapportera et analysera les résultats des enquêtes qualitatives menées auprès des établissements, ou concurrents directs du marché, qui délocalisent des masters de gestion. La description concernera aussi bien les moyens suivants lesquels ils élaborent le projet que ceux suivant lesquels ils envisagent de délivrer la formation. Cette description des conditions internes sera complétée de celle des conditions externes qui concernent le rôle des acteurs qui composent l’environnement direct de l’offre étrangère et qui peuvent, par voie de conséquence, influencer le déroulement des activités. Seront comprises dans ce jeu d’influence les forces concurrentielles liées aux entrants potentiels et aux produits de substitution.

Le second chapitre nous permettra de croiser tous ces résultats pour tenter de répondre à notre problématique. Il s’agira de mettre en évidence les conditions de délocalisation qui semblent les plus à même de dégager de la valeur ajoutée, de se différencier sur le marché, dans l’esprit des attentes d’excellence exprimées par le public à l’égard de l’offre étrangère. Ce sera l’occasion d’évaluer les conséquences propres à cette coexistence de logiques culturelle, commerciale, voire hybride, portées par l’offre étrangère dans un environnement de rupture.