4.1.1 Les Masters en Management International au Viêt-nam

L’ensemble des formations délocalisées est intéressant pour notre problématique mais aussi pour notre méthodologie et la recherche. Il s’agit de toutes les activités internationales nouvelles pour la communauté universitaire, véritables outils permettant la mise en place de stratégies qui marquent, pour la plupart, une rupture importante avec les activités internationales habituellement entreprises en faveur d’un mode d’intervention plus engageant, plus risqué, qui sollicite l’ensemble de l’appareil de production de formation universitaire et surtout qui engage tous les acteurs dans un processus concurrentiel. Les formations actuellement concernées au Viêt-nam touchent tous les niveaux académiques de la licence au doctorat, de la formation continue à la formation à distance, des modules ponctuels aux diplômes universitaires. Elles concernent tous les domaines scientifiques, de la physique à l’odontologie, des sciences du langage à l’entreprenariat. Elles sont mises en œuvre par des universités étrangères de plus en plus nombreuses, en partenariat avec des universités vietnamiennes de notoriété.

Nous pouvons nous proposer de nombreux exemples représentatifs pour nous éclairer, mais par soucis de concision, notre recherche et notamment nos enquêtes, sont circonscrits à un seul domaine et niveau, celui des MMI⁷⁶⁵. Le segment⁷⁶⁶ des masters en management international apparaît en effet comme avant-gardiste et contribuant le mieux à cette nouvelle dynamique concernant les activités étrangères. Segment le plus populaire, symbolisant le mieux le marché de l’éducation, représentant à notre sens, le champ d’étude le plus approprié pour aborder les conditions de délocalisation.

Les masters en management international sont communément apparentés aux masters of business and administration ou MBA, qui constituent en fait la spécialité la plus générale et largement la plus répandue dans le monde et au Viêt-nam. Le plus présent des masters en management international est donc le MBA qui comprend un tronc commun d’acquisitions fondamentales du management et s’ouvrant parfois sur des options de spécialité. La famille des MMI comprend pourtant dans ce pays d’autres spécialités qui, en référence à la dynamique constatée et surtout au marché mondial, vont progressivement prendre des parts de marché. Il s’agit notamment des spécialisations en banque, gestion des ressources humaines, entreprenariat, finance, marketing, sciences économiques et tourisme.

Ces formations touchent le même segment car elles relèvent du même domaine général scientifique, sont gérées par les mêmes départements universitaires ou écoles supérieures, ciblent souvent un public identique qui a souvent tendance à apparenter ces spécialisations. Cette assimilation provient autant du manque de choix que d’informations, de la similitude du tronc commun de certains programmes, mais surtout des perspectives identiques qu’ils renvoient au public en termes de parcours professionnel et d’excellence.

Ainsi, créés à l’origine pour la formation professionnelle des managers des grandes entreprises internationales, les MBA, fer de lance des MMI, font l’objet de tentative d’harmonisation à l’échelle de grande région telle que l’Europe, ou des grandes organisations d’habilitation, mais ces tentatives ne permettent pas de réguler un marché qui vit une extraordinaire expansion et qui doit paraître illisible pour la majorité du public⁷⁶⁷.

L’origine des représentations larges du public à l’égard de ces formations sont donc en partie justifiées par ces tentatives d’harmonisation qui révèlent pour ce segment, les capacités de spécialisations, de différenciations ou la notoriété de son produit standard : le MBA. En témoignage de sa popularité à l’échelle du globe, la famille des MMI représente le seul domaine de formation pouvant générer des systèmes d’accréditations internationales, tels que ceux proposés par l’EFMD⁷⁶⁸, AACBS⁷⁶⁹ ou l’AMBA⁷⁷⁰, ou des classements mondiaux proposés par des systèmes d’informations privés. Nationalement, les MMI font aussi l’objet de classements tel que celui qui concerne les grandes écoles en France. Ces tentatives d’intégration dans un réseau mondial peuvent être ainsi apparentées aux systèmes commerciaux qui sont régulés par des assurances qualité et des normes tel que le système ISO.

Par conséquent, face cette offre globale, majoritairement composée de MBA, le public vietnamien a des difficultés à identifier les MMI pour les mettre véritablement en adéquation avec un projet. Comme les « Bic » qui remplacent tous les stylos à bille, ou plus proche de nous au Viêt-nam, les « Hon Da » qui symbolisent toutes les motos, le MBA constitue un générique sur le marché et les MMI sont souvent associés ou confondus dans cette appellation. Notons enfin que cette assimilation s’inscrit dans notre problématique, elle interroge autant l’orientation et l’information des étudiants, que l’identité et la capacité de différenciation des programmes proposés.