4.2.4 Les PUF, le futur de nouveaux entrants

Le projet des Pôles Universitaires Français (PUF) a vu le jour en 2006. Il est l’aboutissement de plusieurs années de coopération bilatérale entre la France et le Viêt-nam et de plusieurs tentatives infructueuses 791 . Il répond à la très forte volonté locale de voir une véritable université française s’implantée sur le territoire. Cette coopération franco-vietnamienne permet la délocalisation de formations universitaires de tous niveaux792, dans tous les domaines scientifiques, à concurrence du budget existant. Servant la cause des deux pays, ces formations devront trouver d’autres ressources financières pour compenser des aides publiques, à échéance du projet FSP793 en 2009. Un PUF facilite la délocalisation de certains établissements français et en contrepartie il forme des élites vietnamiennes dans divers domaines scientifiques. Il permet aussi de valoriser la marque des établissements concernés, y compris des deux Universités Nationales vietnamiennes (UNV), à Hanoi (UNV HN) et à HCMV (UNV HCMV). Les formations doivent à terme pouvoir servir de modèle au système d’enseignement supérieur local et/ou pouvoir être pérennisées. Les PUF « sont conçus comme un laboratoire expérimental en vue de l’évolution du système universitaire vietnamien, à la fois vers les standards internationaux de qualité en matière d’enseignement supérieur, et également vers un nouveau schéma de gouvernance universitaire. Les finalités sont :

Les initiateurs du projet se sont appuyés sur l’important réseau de coopération existant795 pour trouver sans difficultés majeures des partenaires français, qui pour certains, tout au moins dans le domaine du management, ont été mis en concurrence. Dans ce domaine, il existe deux licences délivrées en français796 et deux MMI délivrés en anglais797. Les étudiants recrutés en master ne passent pas l’épreuve du concours d’entrée à l’université vietnamienne mais auront tout de même le droit de se présenter aux formations doctorales vietnamiennes798. Les tarifs proposés oscillent entre 850 US$ et 3 200 US$. Ces tarifs sont largement inférieurs à ceux pratiqués sur le marché grâce notamment au soutien combiné du projet FSP et des facilités d’accueil locales. Notons que l’équilibre financier du projet se joue globalement et non pas par formation ce qui permet en principe à des programmes plus attractifs, telles que les licences, de rééquilibrer les effectifs réduits de certains masters.

Les pôles sont totalement autonomes pour la mise en œuvre des modalités relatives à l’ingénierie pédagogique et administrative799. Les formations sont sous l’autorité des directeurs de programmes français. Les cours sont essentiellement assurés par la mobilité des enseignants800. Il n’existe pas, à notre connaissance, de programme de formation de formateurs. Les pôles sont abrités au sein des départements créés spécifiquement pour les programmes étrangers. L’autonomie de chaque pôle amène des situations très diverses en terme de fonctionnement. On note par exemple que le projet de l’université allemande, qui a été récemment délocalisée à HCMV, est abrité dans les mêmes locaux801. Ainsi, à Hanoi, toute l’ingénierie pédagogique est assurée par une forte équipe d’enseignants expatriés. Parallèlement, à HCMV, une équipe vietnamienne, moins importante en nombre, a été recrutée pour assumer des fonctions identiques. Les programmes de formation, le diplôme et les accréditations sont à l’identiques en France et au Viêt-nam.

Les PUF représentent l’archétype de la dynamique récente et exponentielle entraînant des délocalisations de formations subventionnées. Sa structure de financement permet de limiter largement les frais de scolarité en réduisant ainsi considérablement les risques pour les établissements engagés. L’importance du budget permet la mise en place de structures de soutien totalement autonomes et fortes. En dehors du fait que les PUF soient abrités dans les universités nationales, ils pourraient tout à fait être assimilés à une délocalisation de plusieurs campus français abrités dans des locaux communs. Toutefois, deux questions fondamentales se posent dès lors dans ce projet : d’une part, le positionnement linguistique en rapport avec le public potentiel dans un pays qui n’est pas francophone et conditionne la survie économique de certains masters au soutien des programmes plus populaires, d’autre part l’arrêt du FSP prévu en 2009 qui doit s’accompagner de mesures compensatoires, en se tournant vers d’autres partenaires, en escomptant sur un surplus d’investissement des établissements français et vietnamiens, en augmentant la part d’autofinancement des étudiants.

Notes
791.

Voir annexe 4.4a.

792.

Il existe des licences, des masters, mais aussi une école doctorale régionale francophone en droit.

793.

Le fonds de solidarité prioritaire est l’instrument de l’aide-projet du ministère français des Affaires étrangères. Il a pour vocation de financer des projets auprès des pays de la zone de solidarité prioritaire (ZSP) en matière de développement institutionnel, social, culturel et de recherche.

794.

Page d’accueil du site internet du PUF : www.puf.edu.vn , visée le 15/11/2008.

795.

On estime à environ 150 les accords entre universités françaises et vietnamiennes mais aussi les appuis des collectivités locales telles que la région Rhône-Alpes, de la coopération bilatérale ou interparlementaire, ainsi que ceux, moins nombreux, fournis par les entreprises des secteurs concernés.

796.

Deux licences en français d’économie et gestion à Hanoi et HCMVille. Le recrutement s’appuie essentiellement sur les bacheliers francophones des classes bilingues.

797.

Un master de management des organisations en français (voir annexe 4.4b), un master en management hôtelier en anglais. Deux autres masters en français sont en projet, l’un à Hanoi, l’autre à HCMVille. Il existe aussi une licence francophone en informatique.

798.

Pour être recruté dans la licence de gestion, les étudiants doivent soit justifier de la réussite au concours d’entrée à l’université vietnamienne, soit du baccalauréat français obtenu dans les lycées, ce qui est le cas pour la majorité des candidats.

799.

Chaque pôle est dirigé par un enseignant-chercheur français et un coresponsable vietnamien qui s’appuient sur un conseil exécutif pour la gestion du pôle et sur un conseil scientifique pour la définition des orientations et l’évaluation des résultats. Un comité de pilotage mixte doit assurer la cohérence de l’ensemble. Il comprend des représentants des Ministères des Affaires étrangères et des Ministères de l’Education des deux pays, des représentants des deux UNV, les directeurs des deux pôles, des représentants des deux comités de coordination et des personnalités extérieures.

800.

La durée de la mobilité est généralement d’une semaine. Face à la pénurie d’expertise, les enseignants de français et de spécialité sont souvent identiques à ceux qui exercent dans les autres programmes francophones, tout au moins à HCMVille.

801.

Ce projet concerne des universités allemandes. Les formations sont délivrées en anglais. L’effectif était très réduit à son démarrage en 2008-2009 pour la poursuite d’une licence en ingénierie électrique.