4.2.6 La Hawai School of Business investit son espace

[La Hawai School of Business investit son espace813]

Délocalisés dans un département spécialement conçu pour les programmes étrangers dans un immeuble réservé à leur intention, les Masters de la Hawai School of Business comme tous les autres MMI anglo-saxons symbolisent parfaitement l’intense activité qui résulte de l’intérêt des universités vietnamiennes à promouvoir et abriter des formations étrangères.

Dès 1995, l’Université Nationale crée un département spécifique pour l’accueille de programme tel que celui de la Hanoi Business School. Il est nommé école des affaires et a pour objectifs de :

L’exécutif MBA (EMBA) de la Hawai School of Business est le premier à avoir vu le jour dans ce département en 2001814. Il est par ailleurs dans un bâtiment spécifiquement construit à cet effet815. C’est donc un véritable campus délocalisé implanté dans l’enceinte de l’UNV HN.

[Fiche technique N°5 – HSB]
[Fiche technique N°5 – HSB]

Trois autres Business Schools816 proposent des MMI identiques, récemment délocalisés, au sein du département international de l’UNV HN. Mais ces derniers n’ont pas de bâtiment propre. L’une d’entre elles, la United Business Institute (UBI) est en liaison avec l’Ecole doctorale et tente d’accentuer sa présence au Viêt-nam. De l’avis des représentants belges de l’éducation au Viêt-nam, l’UBI est implanté en Belgique mais sa stratégie (tenter de se développer auprès de nombreux partenaires vietnamiens), ses tarifs élevés (plus de 8000 US$ malgré les subventions), son homologation (diplômes délivrés par une université anglaise), la fait s’apparenter à un établissement anglo-saxon, délocalisé en Belgique et poursuivant une logique commerciale817.

Les MMI de la Hanoi Business School sont donc tous d’origine anglo-saxonne. Ils ne s’appuient pas sur le statut et la notoriété de l’université d’accueil pour se promouvoir et sont totalement autonomes dans leur fonctionnement. Par contre, ils sont dans l’obligation de rechercher un partenaire vietnamien pour obtenir l’autorisation. En étant abrité par l’UNV HN, ils assurent aussi un bon positionnement géographique pour capter le public ciblé et améliorer les facilités d’accueil pour ces mêmes étudiants. Contrairement au master de d’Hawai School of Business (HSB), l’UBI ainsi et les autres établissements étrangers sous-traitent l’accueil et l’ingénierie pédagogique auprès de la Hanoi Business School818.

Les autres activités du département international consistent en des programmes de recherche et de formation continue et notamment en la délivrance d’un MBA totalement vietnamien, proposé en formation initiale et continue, au même tarif que les masters vietnamiens. Ainsi, à notre connaissance, c’est au total six nouveaux MBA, dont certains doublés pour la formation initiale et continue, qui sont proposés en l’espace de sept années au sein de la même université vietnamienne. Aucune autre spécialité de MMI n’est pour l’instant présente dans le domaine de la gestion. Les MBA proposent uniquement des options de spécialités sur des programmes courts. On note que deux masters à vocation commerciale sont délocalisés dans les domaines de la linguistique et du management de l’éducation819.

La Hawai School of Business est une bonne illustration de la stratégie de ces institutions anglo-saxonne. Elle profite de l’agrément obtenu de l’UNV de HN pour délocaliser une branche de son MMI à HCMV, en étant abritée par la Chambre de Commerce Américaine dans le premier arrondissement de la ville, facilitant ainsi, en principe, son rapprochement avec le marché de l’emploi et les entreprises. Son importante activité promotionnelle ne mentionne jamais l’UNV HN, mais s’appuie sur la forte notoriété de la maison mère, sur son partenaire privilégié américain qu’est la Shidler College of Business820, sur son accréditation AACSB et sur 100 000 US$ de bourses. Cette somme permet de financer dans l’absolu cinq bénéficiaires puisque la formation coûte 18 000 US$ pour des promotions de 45 étudiants.

Ce n’est pas par hasard que l’UNV HN participe à ce projet, car elle est désireuse de développer ce type d’accueil : « Il faut encourager le développement des programmes conjoints dans l’Université Nationale à Hanoi qui accueille pour l’instant environ vingt programmes de coopération, notamment en gestion »821. Les programmes sont donc autofinancés par les étudiants, pour des tarifs qui oscillent en 2008, entre 18000 US$822 et 8 000 US$ pour UBI823. L’extension de la Hawai School of Business et sa notoriété laissent à penser que sa stratégie est efficace tout au moins en termes de remplissage. De toutes les universités étrangères anglo-saxonnes, elle est la seule à être véritablement reconnue au Viêt-nam824.

Pour l’UNV HN, les deux conditions principales à la signature d’un nouvel accord de programme délocalisé sont :

  1. L’existence physique, repérée géographiquement dans l’université, en opposition avec les universités virtuelles et les formations à distance car difficilement contrôlables. Cette disposition fait suite à des expériences négatives : « Au-delà de ces aspects restrictifs, c’est la confiance générée par l’histoire entre les deux partenaires qui conditionnent largement la création des nouveaux programmes de coopération […] L’assurance qualité est censée être garantie pour ces MMI par leur accréditation d’origine, par le contrôle d’un responsable de l’université vietnamienne et par un système de décision et de concertation collégial dépendant de l’International Joint Training Programs, qui est dirigé par le vice Président de l’université » ;
  2. L’UNV HN insiste aussi sur le fait que les programmes, les diplômes, les conditions de délivrance doivent être identiques aux pratiques des institutions d’origine et pour ce faire les enseignements doivent être assurés exclusivement par des mobilités.

Toutes les formes de délocalisation anglo-saxonnes cohabitent et prolifèrent donc grâce à la stratégie très volontariste mise en place part l’UNV HN. Les programmes que nous avons passés en revue sont représentatifs des nombreux autres MMI anglo-saxons présents au Viêt-nam dans pratiquement toutes universités de notoriété. Notons enfin que l’UNV accueille aussi parallèlement les PUF ainsi que de véritables projets de coopération subventionnés tel que le master de droit soutenu par l’AUF. Elle devient dès lors un véritable laboratoire d’expérimentation pour l’étude des modalités de délocalisation des programmes étrangers.

Notes
813.

Sources principales, entretien annexe 4.5.

814.

Traduit du site internet de l’UNH, http://www.vnu.edu.vn/en/ , consulté le 16/11/2OO8

815.

Les locaux auraient été financés par la Hawai Business School.

816.

University of Bruxelles (Belgique), Touro International University (USA), Troy State University (USA).

817.

Son programme est soutenu par un fond japonais, l’effectif était estimé entre 60 et 70.

UBI est une Business School créée il y a une quinzaine d’années à Bruxelles. Elle serait l’émanation de l’Université de Wales (Angleterre), dont elle profite de l’homologation. Elle a délocalisée tout au moins, à notre connaissance, trois autres MMI dans les universités des Sciences sociales de Hanoi et HCMVille, ainsi que dans l’université privée Hoa Sen à HCMVille. Elle a ainsi délocalisé plus d’une dizaine de MBA dans le monde dont 7 en Asie et continue à prospérer (projet à Madagascar). Son programme est soutenu par un fond japonais. En 2005, le coût des études pour un MBA était annoncé entre 7 000 et 8 000 US$.

818.

Il importe de signaler que le master délocalisé en droit soutenu par l’AUF possède cependant une direction pédagogique spécifique.

819.

La Trobe et l’University of New Zeland ont respectivement délocalisé un Master en linguistique et en management de l’éducation.

820.

Classée dans le top 25 des business schools américaines, réf. US News world report.

821.

Entretien avec un cadre de l’université nationale, annexe 4.6.

822.

Le tarif était de 16 000 US$ en 2005. Le programme est actuellement vendu 22 000 US$ aux non résidents de Hawai.

823.

Nous n’avons pas été en mesure de savoir si ce tarif tient compte des subventions que l’UBI avait obtenues du fond japonais. On sait par contre le MBA délocalisé dans l’université des Sciences sociales de HCMVille était vendu 10 000 US$ en 2005. En 2008, les frais de scolarité du MBA de l’UBI délivré à Bruxelles étaient de 10 500 euros.

824.

Nguyen Chan, Bui Thi Lan Huong, Truong Thi Nam Thang, « Management development in Vietnam, an exploratory study », étude menée au sein du CFVG, Centre Franco-Vietnamien de formation à la gestion, 2007.