5.3.1 La stratégie d’une structure délocalisée

Dans notre marché nous avons pu constater993 que le RMIT Vietnam est la structure la plus autonome dans la mesure où il gère seul la très grande majorité des activités puisque le RMIT Melbourne, sa maison mère, a décidé de délocaliser un campus en considérant que toutes les conditions étaient réunies. Rappelons que trois autres structures, le CFVG, l’AIT Viêtnam, l’Hawai School of Business, sont dans un cas identique mais à moindre proportion, dans la mesure où ils sont autonomes dans leur fonctionnement et la conduite de leur ingénierie pédagogique mais qu’ils ne sont pas propriétaires de leurs locaux. Il ya d’onc une différence en terme de gestion immobilière et prise de risque financière.

Le RMIT Vietnam est garant de la mise en œuvre du programme mais le RMIT Melbourne reste légalement le dernier garant aux yeux des tutelles du fait de son statut d’établissement homologué académiquement. Les deux établissements sont ainsi stratégiquement très dépendants. Ils doivent s’entendre sur les moyens de garantir la qualité, l’image de la marque et le niveau de production. Ceci se traduit d’un point de vue opérationnel par la mise à disposition d’activités de la part de la maison mère, notamment l’expertise, le développement, le markéting et la mise en place d’outils de contrôle et d’accompagnement qui peuvent se schématiser ainsi, figure 5.4 :

[Figure 5.4 - Modèle de structure autonome délocalisée Le cas du RMIT Vietnam]
[Figure 5.4 - Modèle de structure autonome délocalisée Le cas du RMIT Vietnam]

Ainsi, pratiquement toutes les activités de soutien exposées dans le modèle de base (figure 1.1, supra) sont assurées dans le campus délocalisé dans le respect des clauses définies avec la maison mère. Cette dernière assume à distance la direction des MMI délocalisés et s’appuie sur des personnes relais mandatées sur place pour appliquer les directives. Ce personnel relai sera soit natif soit vietnamien, embauché par le RMIT Vietnam et généralement titulaire d’un master.

C’est la contractualisation (MOU) qui détermine toutes les modalités d’exercice de cette direction générale délocalisée des programmes ainsi que la mise à disposition sous conditions de certaines activités et notamment : la logistique de recherche et de développement, le réseau des anciens, la promotion de la marque (charte graphique et stratégie de la marque), etc. Les accords avec la maison mère fixent les conditions de rétribution de tout ou partie des services mis à disposition ainsi que tous les autres droits et obligations du campus délocalisé, y compris financiers.

Comme ce fut le cas lors de toutes les phases qui ont précédé la création de l’établissement au Viêt-nam, le RMIT Melbourne est le moteur de toutes les phases préliminaires de délocalisation du programme. Il en fut notamment ainsi du montage financier et des dettes négociées avec les banques. C’est là l’une des forces du RMIT Vietnam qui malgré son autonomie peut compter sur la maison mère pour renforcer son expertise en travaillant en synergie avec l’ensemble du réseau RMIT international.

En bref, en tant que dernière garante, l’université mère à la fois cautionne, homologue, diligente, conseille et contrôle la délocalisation de ses MMI, comme par ailleurs de tous ses autres diplômes tels que les licences. Elle maintient ses intérêts stratégiques et garantit le niveau scientifique, soutient le développement et la promotion, se donne les moyens d’assumer une stratégie globale très risquée et à très long terme994. En fin de compte, c’est elle qui supporte économiquement le lancement du projet et qui s’est probablement portée garante.

La délocalisation d’un diplôme au sein d’une structure totalement délocalisée maintient ainsi une forte dépendance entre les deux structures.

Notes
993.

Voir structure juridique dans le cas RMIT du chapitre 4 et notamment en référence avec l’interview réalisé avec les dirigeants de l’institution.

994.

Il faut rappeler que le RMIT Viêt-nam est à ce titre le premier campus délocalisé du RMIT Melbourne, qui a donc là une occasion d’expérimenter le processus. D’autre part, le réseau des MMI délocalisés par le RMIT monte en puissance, il y a de nombreux MMI sont présents dans des universités étrangères. Il s’étend à présent dans six pays majeurs d’Asie et comprend trente-deux programmes délocalisés dont des DU, des licences, six masters et un doctorat.