Les différentes structures démontrent que les activités peuvent être gérées de manière très différente en fonction de la stratégie poursuivie par chaque établissement et des modalités de délocalisation qui en découlent. Rappelons que malgré ces différences les établissements souhaitent tous transférer un diplôme qui soit qualitativement le plus proche possible de celui qu’ils produisent habituellement à domicile. Que ce soit en fonction du lieu de production de l’activité ou de son opérateur, il faut donc pouvoir garantir une certaine homogénéité du service éducatif exporté. Il se pose donc la question de la gouvernance et du contrôle du projet de manière à trouver un bon compromis entre la maîtrise et l’adaptation des activités, entre une production faite par les ressources internes à l’établissement et celle produite par les ressources locales et en fonction du lieu de production.
Précisons au préalable ce que la qualité signifie de manière commune à tous les programmes. En terme qualitatif, on observe que l’offre étrangère présente au Viêt-nam consiste avant tout à répondre à la préoccupation première des étudiants qui est l’obtention d’un diplôme étranger dans les conditions les plus « réelles » possibles. Il faut donc s’approcher de celles proposées dans le pays étrangers, à l’exemple de celles annoncées sur le site des PUF : « […] ; les PUF visent à mettre en place des filières complètes de formation trilingues permettant aux meilleurs étudiants vietnamiens d'étudier "à la française" dès la Licence, puis en Master et en Doctorat »996.
En se référent à la demande du public, l’obtention d’un diplôme internationalement reconnu, est la condition sine qua none pour motiver les candidatures des étudiants997.
La réussite professionnelle est un argument qui est largement revendiqué par toute l’offre étrangère, comme en témoignent ces extraits :
‘« The graduates of RMIT University are highly regarded by Australian and international employers and hold positions of importance worldwide »998. ’“[…] consequently, our students acquire much more than knowledge. They graduate from the Solvay Business School as different people, to their own benefit and that of their company or organization”999.
“This is the first and only internationally recognised and accredited program of high standard accounting education provided in Vietnam designed to complement the social and economic growth of the nation”1000.
‘« Nous sommes heureux de pouvoir leur offrir un environnement de travail international et des perspectives professionnelles de premier choix »1001.’Cette réussite est pourtant, en l’état, difficile à vérifier dans la grande majorité des cas. En effet, rares sont le structures qui, comme le CFVG ou l’AUF, suivent le parcours des diplômés, ou qui, comme la Hawai Business School, construisent leur formation en étant soutenues par un puissant réseau de multinationales à la recherche de cadres. La conviction compense ainsi l’incapacité de nombreux établissements et notamment des entrants, de pouvoir directement justifier du critère essentiel de qualité de leur programme : la réussite professionnelle. Car l’évaluation est complexe pour une majorité d’entre-elles dans la mesure où leur arrivée récente ne leur permet pas un recul suffisant. Dans ces conditions, les convictions qui permettent à l’offre de se considérer comme pertinente au regard des étudiants, se forgent surtout sur la forte demande en amont, sur l’impression de pouvoir conduire à une brillante carrière et sur la certitude de leur excellence en tant qu’établissement occidental.
A défaut de pouvoir mesurer la pertinence des formations délivrées, on peut supposer, comparativement aux évaluations réalisées par l’AUF, aux différents témoignages et à l’attractivité de ces programmes, que cette élite réduite de jeunes aura en effet un positionnement privilégié sur le marché de l’emploi1002.
Cependant cette réussite est essentiellement liée à la diplômation et non pas forcément aux compétences car dans ce contexte, la garantie de produire des formations de qualité comparable est soumise à rude épreuve. L’environnement est très spécifique, les activités sont exportées ou en partie sous-traitées, il faut pouvoir intégrer les spécificités locales, etc.
A défaut de pouvoir évaluer la pertinence de l’action en amont, il reste donc à l’offre internationale de se donner les moyens d’une gouvernance qui permette au mieux de garantir une réalisation de qualité des programmes concernés. Á ce titre trois stratégies s’offrent ou s’imposent en fonction du mode de gestion des activités, selon qu’elles soient : 1/ produites au sein de l’université mère ; 2/ au Viêt-nam par l’université mère ; 3/ totalement déléguées ou sous-traitées à des partenaires locaux.
Site internet des PUF, visité le 12/01/2009.
A ce titre, les informations recueillies auprès de deux établissements font état d’un taux de réussite des étudiants diplômés qui oscille entre 55% voire 100%, sessions de repêchage comprises. Les échecs sont liés en grande partie aux abandons (problèmes de calendrier ou financiers) ou à la difficulté de pouvoir réaliser et soutenir le mémoire final. Les chiffres proviennent du CFVG et de l’ULB/Solvay. Les taux de réussites supérieur à 80% sont enregistrés pour les masters spécialisés. Les taux de réussite du MBA du CFVG sont en amélioration notamment grâce au suivi du parcours de formation d’étudiant.
Portail RMIT, visité le 23/05/2008.
Site internet de l’ULB, visité le 12/01/2009.
Site internet de Swinburne, visité le 12/01/2009.
Site internet des PUF, visité le 12/01/2009.
Le suivi systématique de deux à plus de cinq années après la fin des études, des diplômés des licences vietnamiennes soutenues par l’AUF font état de situation professionnelle très intéressante concernant la gratification salariale et le statut des personnes intéressées.