Lorsque les activités sont assurées au Viêt-nam par l'établissement étranger le transfert du programme peut s’en trouver tout aussi bien homogène ou au contraire hétérogène car le maintien d’un certain niveau d’excellence dépendra dès lors des compétences et de la capacité d’adaptation des ressources propres sur des terres étrangères. Ce peut être donc particulièrement le cas des structures partenariales ou à forte sous-traitance. Par exemple, les contenus des cours, les enseignants visitants ou les outils pédagogiques sont-ils adaptés à la réalité du milieu ? L’enjeu de la gouvernance se joue essentiellement dans cette capacité de pouvoir contrôler à distance l’exportation de ses propres outils.
Cette situation permet l’exercice d’un contrôle direct de la qualité par la maîtrise d’œuvre. Mais l’éloignement risque de réduire cet avantage du fait des contraintes et des risques liés à l’éloignement. Par contre, la réalisation au Viêt-nam des activités facilite forcément le travail d’adaptation éventuellement recherché.
La production des activités à distance diminue les charges de travail supplémentaires au niveau de la maison mère, affecte peu le personnel permanent et permet de diminuer les risques de résistance au changement. Les risques sont surtout supportés par des enseignants « visitants », qui pour une bonne majorité d’entre eux, passée l’étape de la découverte, perdent souvent leur motivation pour assumer des cours dans des conditions difficiles. Passé le côté parfois exotique d’une aventure vietnamienne, l’environnement académique local, les conditions matérielles et infrastructurelles, les conditions de vie peuvent être tout aussi bien perçues comme une aventure passionnante que comme une expérience que l’on souhaite ne pas reconduire1003. Souvent rompus à ce genre de tâche, les « visitants » doivent surtout adapter leurs cours, autant au niveau des contenus, que des méthodes pédagogiques ou du langage utilisé1004. En l’absence de développement des cours, c’est-à-dire, d’adaptation effective en amont de la part des équipes de l’université mère, ces missionnaires souvent affirmés(es) se chargent, sur le tas, d’adapter le cours en fonction des contraintes, de la réalité, du public… C’est un travail vital, fruit de l’expérience personnelle d’enseignants rompus à la tâche. Et c’est bien cela qui se produit dans la majorité des cas. L’absence de développement ou le souhait légitime ou pas de vouloir transférer les programmes en l’état placent en première ligne les enseignants visitants. Si ces derniers sont expérimentés et motivés, ils vont automatiquement adapter leurs cours aux réalités locales, car très vite, ils se rendent compte qu’à défaut, il est très difficile, voire impossible, de mener à bien leur mission.
De fait, ces missionnaires se trouvent être dans ces conditions les seuls véritables relais de la gouvernance universitaire non seulement en terme de contrôle de la qualité mais aussi en tant que garant institutionnel, assurant bien souvent parallèlement la direction des programmes durant leurs temps de mission. On passe d’une structure logistique extrêmement lourde d’évaluation et de contrôle des programmes lorsque ces derniers sont réalisés à domicile à une structure par projet bien souvent sous la seule responsabilité d’un nombre très restreint de missionnaires ponctuels.
En référence aux différences de comportement dans la manière de concevoir les relations entre les cultures occidentale et vietnamienne. C’est notamment marqué lorsqu’on aborde les négociations qui, selon le principe de la bonne préséance propre à l’accueil au Viêt-nam, apparaissent toujours très conviviales et positives mais qui ne traduisent pas, dans les faits, le fond de la pensée des parties locales. Nous verrons que la capacité d’adaptation se joue de manière encore plus forte lorsque les enseignants se retrouvent en face d’élèves qui se soumettent culturellement et presqu’entièrement à l’autorité du maître.
Il faut rappeler que certains MMIs sont réalisés en anglais alors qu’ils proviennent de pays pratiquant une autre langue. C’est le cas de tous les établissements européens, mais aussi des établissements provenant de nouveaux exportateurs tels que la Malaisie ou la Thaïlande.