5.5 Stratégies financières (business model)

Dans toute prestation de service, l’un des premiers réflexes du consommateur comme du prestataire consiste à s’interroger sur le tarif, ou plutôt sur le bon rapport qualité/prix. La délocalisation des diplômes n’échappe pas à cette règle. La capacité de maîtriser les coûts et de pouvoir trouver les ressources nécessaires à l’investissement est cruciale pour tous les concurrents. En effet, ne l’oublions pas, un diplôme étranger n’est pas un produit comme un autre, c’est une prestation de luxe. C’est en moyenne neuf mille dollars qui sont en jeu pour chaque famille mais aussi un investissement conséquent pour des établissements qui doivent pour l’essentiel supporter de grosses charges fixes, notamment pour tous les frais préliminaires à assumer et la couverture des salaires, ou pire, lorsqu’ils décident de créer une structure. Le risque est d’autant plus fort qu’il porte sur une activité innovante, exportée, dans un environnement peu maîtrisé et complexe. On peut dès lors s’interroger sur la stratégie suivie par les établissements étrangers pour la recherche et la gestion des ressources financières. Comment influence-t-elle la manière de conduire le projet, son montage, les capacités de l’établissement de supporter des charges supplémentaires, les moyens possibles pour pouvoir garantir l’équilibre budgétaire. Questions d’autant plus pertinentes dans un environnement dans lequel la place de l’autofinancement grandie au dépend des subventions. La politique tarifaire semble être à ce titre l’un des éléments qui traduit le mieux la stratégie financière des établissements (tableaux 4.5 et 4.6, supra) :

On a constaté que dans le cas d’un MMI, l’équilibre budgétaire dépendait surtout de la balance entre des charges fixes, les aides publiques et le complément apporté par l’autofinancement des étudiants. C’est ainsi que peut être déterminé le point mort, véritable point d’équilibre entre le budget, les ressources disponibles et par voie de conséquence le tarif et les effectifs. La détermination du tarif n’a cependant pas seulement une valeur commerciale dans notre affaire, elle impacte directement sur la vocation des établissements, leur raison sociale. Il faut se rappeler que notre marché a, entre autre, comme spécificités de concerner une prestation qui a une fonction sociale fondamentale et de placer en concurrence des établissements publics et privés poursuivant des logiques parfois très différentes.

C’est donc sans surprise que nous pouvons prendre le tarif comme variable permettant d’analyser le positionnement des concurrents et leurs spécificités en termes de « business model ». Nous remarquons ainsi qu’il existe une coupure franche entre les MMI issus de système public et les autres d’obédience privée, symbolisés par le prix moyen du marché.