5.5.1 Les charges fixes : une clé stratégique

Nous savons que le niveau des charges fixes est très important pour le budget comparativement aux charges variables. Il fluctue en fonction des stratégies opérationnelles qui influent pour rappel notamment sur : les structures d’implantation choisies, autonomes ou partenariales ; les activités sous-traitées ou pas et notamment des mobilités des enseignants, des charges du personnel permanent ; les charges fixes ou variables transférées par la maison mère sur le budget de sa filiale…

A ce titre, le RMIT représente l’archétype du projet qui doit assumer le plus de charges fixes et pour lequel ses actionnaires supportent le plus gros risque financier. Ce dernier est notamment lié : à l'impact de l'amortissement des investissements lourds de construction1007 - au statut privé de sa maison mère qui, elle aussi, doit garantir une certaine rentabilité1008 – à son propre statut privé qui ne lui permet d’obtenir des subventions. Dans une moindre mesure, tous les établissements installés sur leurs propres campus ou assimilés (AIT Vietnam, CFVG, HSB), voient leurs charges fixes locales augmenter du fait de leur autonomie (charges locatives, personnel permanent, fonctionnement, maintenance, etc.) et des indemnités salariales supérieures aux standards locaux.

Nous pouvons considérer que pour les programmes délocalisés dans une université vietnamienne, les charges fixes liées à la location ou au mode d’implantation sont comparativement faibles et ont peu d’impact sur le budget. Ils ont tous plus ou moins à supporter auprès de l’établissement local, des charges liées à l’accueil ou à la mise à disposition de certains services ou de location. L’importance de la prise en charge et du risque varie en fonction des conventions.

La négociation sur le système choisi ou imposé pour déterminer ces charges, communément forfaitaires ou au réelles, peut traduire le niveau d’implication que le partenaire vietnamien souhaite prendre dans la réalisation du MMI. Ceci fixe le niveau de risque/implication qu’il souhaite assumer et qui peut s’articuler en principe autour d’au moins trois bases de système communément utilisés :

  • dans le cadre d’accord partenarial il n’y a pas de charges de location comme c’est le cas encore à présent pour les PUF, le CFVG, ou des programmes publics comme ceux soutenus par l’AUF. Dans ces cas seules tout ou partie des charges réelles, les biens de consommation courante, les énergies sont éventuellement supporter par l’établissement étranger ;
  • un paiement forfaitaire des activités fixé indépendamment de l’effectif réel comme c’est le cas pour l’ULB/Solvay à HCMV ou de l’Hawai Business School et probablement de la majorité des cas. Il est très risqué pour l’établissement étranger, car le nombre d’inscrits peut être inférieur au prévisionnel et ne pas permettre d’atteindre le point d’équilibre financier (point mort financier) ;
  • un système qui permet de partager le risque est actuellement en cours de négociation par des organisations telles que l’ULB/Solvay. Il s’agit de facturer un forfait sur tous les étudiants inscrits au delà du point mort. C’est un partage du risque. L’établissement étranger peut plus facilement rembourser ses charges fixes et sera moins pénalisé en cas de sous-effectif. L’établissement d’accueil perd de l’argent jusqu’au point mort mais peut en gagner plus si l’effectif prévisionnel maxi est dépassé. On note toutefois que ce risque partagé est fort limité pour les universités vietnamiennes qui engagent généralement peu de charges spécifiques suite à un accueil de ce type et dans la mesure où certaines charges telle que la promotion sont payées directement par l’établissement étranger.

Notes
1007.

Nous ne sommes pas en mesure de savoir si le RMIT dégage des bénéfices nets au profit des actionnaires ou si les objectifs actuels consistent essentiellement à atteindre l’équilibre et à amortir les investissements lourds. Il se pourrait aussi que le RMIT ait profité de la règlementation vietnamienne d’exonération totale d’impôt sur les bénéfices pour les premières années d’exercice.

1008.

Comparativement aux établissements publics, cette situation réduit les possibilités de profiter de prestations gratuites dans la mesure où la maison mère ne perçoit pas ou nettement moins d’aide publique. La prestation la plus évidente étant représentée par les mobilités et les salaires des enseignants qui sont facturées, alors qu’ils peuvent selon les cas ne pas du tout impacter sur le budget des MMI délocalisés par des établissements publics. Notons enfin que l’intérêt pour le RMIT Melbourne de délocaliser un campus est principalement alimentaire, ceci lui permet de mieux rentabiliser ses ressources, son expertise et ainsi d’amortir ses propres charges fixes.