5.5.2.4 Les programmes publics autonomes

Comparativement aux cas précédents, la situation de l’ULB/Solvay et de Maastricht est encore plus représentative des enjeux éthiques émanant des risques encourus par la dépendance envers les aides publiques. Elle symbolise aussi au final la situation commune à la plupart des nouveaux entrants du secteur public devant faire face aux réalités de l’autofinancement. C’est par ailleurs ce que les MMI qui souhaiteront poursuivre leur délocalisation devront logiquement assumer lorsque les PUF arriveront au terme de leur financement public.

Les deux programmes ULB/Solvay et Maastricht ont donc perdu récemment le bénéfice de tout ou partie des aides publiques portant sur leur activité au Viêt-nam. Pour compenser ses ressources, l’ULB/Solvay a choisi d’augmenter progressivement ses tarifs jusqu’à un doublement permettant l’équilibre financier suivant un effectif constant. Le type de soutien à Maastricht portait essentiellement sur des bourses attribuées directement aux étudiants, leur arrêt entraîne, à tarif constant, une nette baisse des candidats et ce malgré la grande notoriété du programme1012. Dans les deux cas, nous pouvons mesurer l’importance du soutien de l’établissement mère pour assurer la poursuite du projet. Ils doivent ainsi compenser les éventuels déficits en attendant soit, pour l’ULB/Solvay, d’atteindre le niveau tarifaire permettant l’équilibre, soit pour Maastricht de compenser en attendant éventuellement le redressement des effectifs. Le premier risque est de voir ses bons effectifs actuels chuter dès qu’il atteindra les tarifs prévisionnels. Le second est de ne pas trouver des alternatives pour pallier la diminution des effectifs malgré un recours à l’investissement promotionnel.

Pour en revenir aux coûts de ces formations, le tarif de Maastricht est de 9 500 US$, il est donc proche de celui du MBA de l’AITCV1013 qui, comme lui précédemment, bénéficie de bourses directes aux étudiants. Ce tarif est aussi assez proche de celui que l’ULB/Solvay a prévu d’atteindre à moyen terme pour compenser la perte de sa subvention. Il est surtout en phase avec la moyenne des tarifs de l’ensemble du marché et il est supérieur aux tarifs les plus bas des établissements privés1014. Ces établissements entrent donc de plein pied en concurrence directe avec l’offre privée.

On peut aussi observer que, malgré la diversité des montages financiers propres à tous ces établissements, un prix moyen du marché, situé dans une fourchette de 9 000 à 10 000 US$, semble donc émerger. Il focalise l’attention des établissements qui souhaitent s’inscrire dans une stratégie de volume en s’indexant sur des tarifs les plus bas. Cette information peut intéresser la grande majorité des MMI entrants publics, qui, dans un contexte de diminution des aides publiques, peuvent ainsi prendre connaissance de l’une des conditions fondamentales pour faciliter leur implantation, ce tarif devient un point de repère stratégique1015. Ainsi tous ces programmes publics qui doivent s’autofinancer sont dans une perpétuelle recherche d’équilibre financier qui puisse garantir le fonctionnement du programme tout en interférent pas négativement sur le budget de la maison mère et tout en respectant une certaine éthique qui devrait pousser la plupart d’entre-deux à tendre vers un accès le plus libre possible au plus grand nombre d’étudiants. Un pari fort difficile à tenir dans ce contexte.

Notes
1012.

On note que cette forme d’aide attribuée selon des bourses directes est identique pour l’AIT, c’est donc un engagement annuel, précaire, qui agit essentiellement sur les effectifs et par voie de conséquence sur le budget si l’effectif boursiers est en diminution. Les bourses directes accordées comme c’est le cas de nombreux pays tels que le Viêt-nam en faveur de l’AIT, peuvent dès lors se porter d’une année sur l’autre vers d’autres programmes à la faveur d’une modification de la politique de l’Etat concerné ou en la faveur du projet de l’étudiant. C’est donc une forme qui est plus en phase avec la logique de marché.

1013.

L’AITCV vend son MBA 10 300 US$. Rappelons que l’aide de cette université se porte essentiellement et directement sur les boursiers. C’est pour ce motif qu’elle affiche des tarifs non exonérés de ces soutiens aux étudiants.

1014.

Voir tableau 4.5.

1015.

Ce tarif est indicatif et s’inscrit dans des conditions moyennes et constantes d’exécution des programmes explicitées dans le tableau 4.13, par exemple pour les effectifs, la durée du programme.