5.5.4.5 Risque financier privé très important

Le risque le plus élevé est logiquement porté par le RMIT Vietnam, en tant qu’établissement privé. Rappelons que le RMIT Melbourne se protège de l’activité du campus délocalisé en se dissociant totalement statutairement financièrement. Pour les autorités fiscales vietnamiennes le RMIT Vietnam est seul responsable de ses activités et doit assumer toute la charge de fonctionnement ainsi que le remboursement des emprunts pour couvrir les investissements lourds. Comme pour le groupe précédent, l’essentiel des risques est porté par les actionnaires, les banquiers et entraîne des effets collatéraux supportés par la maison mère. Celle-ci espère tout de même rentabiliser ses investissements préalables qui ont permis la mise en place du campus et des MMI. Effets collatéraux aussi sociaux, touchant dans une autre mesure, un personnel embauché localement, vietnamien ou étranger, qui n’est pas protégé par un statut de fonctionnaire.

Que ce soit pour le secteur privé étranger ou vietnamien, le risque est grand voire trop grand. Pour ce motif seul le RMIT existe pour l’instant et une université privé locale telle que Tri Viet, qui souhaite impulser des activités internationales, a de fortes difficultés pour pouvoir financer la construction. Les bailleurs de fond, les actionnaires, ne suivent pas.En résumé, pour tous les groupes, le statut public ou privé conditionne très fortement le niveau de risque mais aussi influence la possibilité de pérenniser le projet. De plus, pour tous les programmes, il paraît évident que la délocalisation dans une université vietnamienne est de loin la forme la moins périlleuse car elle permet d’engager les fonds propres ou public pour une activité limitée et sur une contractualisation peu engageante. L’importance du risque encouru par la délocalisation dans un campus et le volume des fonds à lever, réduisent sérieusement les chances de voir des fonds publics engagés dans ce genre d’aventure, encore moins pour un établissement en son nom propre. Les perspectives d’ouvrir une grande université publique ou privée avec toutes ses composantes est en principe réalisable mais dans les faits reste peu probable. Pour les établissements publics il faut pouvoir séduire un exceptionnel donateur et avoir une forte notoriété. Pour l’établissement privé il faut entreprendre avec des banques et des actionnaires à un moment de crise internationale peu favorable à l’investissement. Le campus délocalisé de l'université Paris-Sorbonne à Abu Dhabi, est une exception qui confirme la règle. Ce projet a pu se réaliser grâce à l’apport massif de fonds sous forme de donations provenant des Emirats Arabes Unis. Il en est de même de la jeune université allemande implantée dans l'UNV à HCMVille, qui profite du financement des autorités de la Hesse (Allemagne) à hauteur de 450.000 euros mais pour qui se posera à moyen terme la question de sa pérennité financière et surtout de son développement. Comparativement aux 32 millions d’US$ investit par le RMIT, ces projets restent de toutes façons financièrement très confinés et administrativement très contenus.

Pour éviter les gros risques financiers, il faut éviter les grosses structures en s’implantant dans des structures existantes. Le risque ne se porte plus dès lors essentiellement que sur le fonctionnement. Même dans ce cas, pour le privé, ce système apparaît comme une solution possible pour partager les risques, à conditions de trouver des partenaires locaux homologués. Les projets publics se heurtent tous quant à eux aux réalités imposées par des échéanciers très courts qui tôt au tard leur poseront un problème de pérennité financière1023. Parallèlement les établissements privés n’ont pas le privilège des aides publics mais ont l’avantage de devoir d’emblée se mettre en position d’autofinancement complet. D’autre part, les maisons mères privées n’ont pas le choix puisqu’elles doivent investir et exporter pour survivre. La question n’est pas pour elles de délocaliser ou pas, elle est de savoir comment.

A l’exception des MMI totalement subventionnés, tout budget de MMI pose indubitablement la recherche d’un public et donc un positionnement stratégique sur les tarifs proposés. Il importe de noter que cette condition sine qua non prévaut aussi bien pour les établissements publics et privés avec, comme on peut le constater, une tendance à un rapprochement des tarifs sur le marché. L’avantage tarifaire profite donc pour l’instant aux établissements publics, mais pour combien de temps ?

Notes
1023.

Nous pouvons prendre en référence les plans quadriennaux que chaque université française s’impose.