5.7 Les intérêts stratégiques des établissements locaux

Ainsi, plus que jamais et bien involontairement, les étudiants vietnamiens influent grandement sur la qualité de la prestation du fait des différences qui les séparent de l’archétype comportemental ou culturel de leur vis-à-vis occidental. La maîtrise de cette problématique interculturelle passe notamment par des moyens permettant d’accompagner les étudiants ou d’adapter les contenus ou les méthodes, afin que ces derniers puissent pleinement jouer leur rôle et ainsi profiter de leur formation. L’établissement doit toutefois mettre en œuvre ces moyens tout en garantissant une certaine concomitance, une cohésion, entre la prestation d’origine et celle qui va être effectivement exportée. Mais dans ce contexte d’internationalisation de l’activité, de délivrance à distance et pour beaucoup, de forte de sous-traitance, elle doit surtout trouver les relais qui lui permettront de garantir cette concomitance. Pour ce faire rappelons qu’elle doit intégrer les paramètres culturels, académiques et scientifiques locaux. Elle doit aussi en préalable tenir compte du manque cruel d’expertise scientifique locale, mais aussi s’adapter elle-même à un contexte nouveau, en pleine évolution. Mais encore faudrait-il que les partenaires locaux soient intéressés et/ou capables de pouvoir répondre à cette mission ?

La sous-traitance confère une responsabilité capitale au personnel local, permanent ou vacataire. Il en est ainsi des enseignants, des assistants de programme, des tuteurs de stage et de mémoire, des intervenants issus des entreprises, etc. Toutes ces personnes doivent délivrer ou accompagner les cours magistraux ou les travaux dirigés, former les étudiants à la pratique de méthodes pédagogiques nouvelles ou aider à développer leurs capacités d'apprentissage autonome, aider à une mise à niveau scientifique, servir d'intermédiaire entre l'université locale et étrangère pour faciliter la communication. La mise en place de tous ces moyens est grandement liée au niveau d’implication des partenaires locaux, de leur capacité à intégrer les objectifs de l’offre et de leur volonté à vouloir s’identifier ou s’associer au projet.

Comme pour le processus qui associe les étudiants à la réalisation et à la qualité de la formation, nous pouvons considérer que l’ensemble des fonctions ou des compétences requises auprès des équipes pédagogiques relais est essentiel et ainsi, par voie de conséquence, facteur de risque interne à la production de la formation pouvant compromettre la concomitance du programme, figure 5.7 :

[Figure 5.7 - Les facteurs de risques internes liés au personnel pédagogique local (*)]
[Figure 5.7 - Les facteurs de risques internes liés au personnel pédagogique local (*)]

Comme préalable, il faut se rappeler que les ressources locales disponibles et correspondantes au profil recherché sont rares. Lorsqu’il existe, ce personnel doit pouvoir s’adapter à une situation nouvelle et à des pratiques innovantes. Il doit aussi accepter des conditions salariales très inférieures aux standards internationaux. Ceci impose d’être motivé et d’être soutenu par des moyens suffisants d’accompagnement et de formation. L’établissement étranger doit compenser une direction de programme assumée de manière alternative et à distance. Ainsi le personnel pédagogique doit-il fréquemment assumer des fonctions de direction mais aussi de relai entre les structures locales et étrangères, fonctions qui requièrent de nombreuses compétences dont une forte réactivité, de la motivation et une capacité de travailler de manière autonome. Face aux difficultés de pouvoir trouver un personnel possédant autant de compétences, il faut dès lors mettre en place une politique salariale adéquate dans un contexte de forte bulle spéculative à l’emploi.

Ainsi, pour toute activité, l’établissement étranger doit trouver le bon équilibre entre le contrôle des activités et l’implication des partenaires. Le risque d’incohérence doit être considéré en fonction du degré d’intérêt d’implication des établissements et du personnel à l’égard du projet. Partant de ces paramètres, les établissements présentant des caractéristiques communes peuvent être rassemblés en quatre groupes, allant de la plus forte autonomie, le groupe 1 (RMIT, AIT Viêt-nam) vers le plus fort degré de sous-traitance, le groupe 4 (comme c’est le cas d’un diplôme délocalisé dans une structure non spécifique au sein d’un département).