5.9 Les stratégies intégratives : l’activité publique

Les stratégies existantes sur le marché de MMI ne permettent pas de répondre aux attentes de tous les acteurs, notamment en ce qui concerne la variété, le volume de spécialités et de diplômés qu’il faudrait pouvoir couvrir pour assurer les besoins socio-économiques à long terme. Elles ne s’inscrivent pas dans une démarche permettant la pérennisation et le développement de l’appareil éducatif. Il parait donc utile d’explorer d’autres voies stratégiques, notamment celle qui consiste à intégrer plus en profondeur les programmes étrangers aux programmes vietnamiens. Mais dans ce cas, sommes-nous encore dans un registre de marché ?

Les moyens indispensables pour mener à bien un partenariat étroit mais aussi pour développer le programme en profondeur afin qu’il réponde au maximum de besoins sont-ils actuellement compatibles aux intérêts de l’offre étrangère ? C’est à travers des formations francophones encore présentes dans de nombreuses villes au Viêt-nam et ayant un positionnement particulier que nous allons soulever cette question. En effet, cette offre en perte de vitesse a eu jusqu’à présent essentiellement pour vocation d’opter vers la pérennité de ses actions. Nous allons donc observer si grâce à ses spécificités, mais aussi à son obligation de réagir, cette offre spécifique est en mesure d’apporter d’autres réponses stratégiques pour compléter l’offre étrangère existante.

L’offre étrangère observée jusqu’à présent a une capacité limitée de pouvoir apporter une réponse aux besoins socioéconomiques à long terme, mais aussi à ceux relatifs aux besoins de développement de l’appareil universitaire. Ainsi, elles ne permettent pas suffisamment de :

Ces formations n’ont ni la vocation, ni les moyens de former une petite élite permettant de jouer un effet de levier économique suffisant et efficace à l’échelle du pays dans la mesure où il n’y a aucune cohérence entre tous les établissements, que la qualité n’est pas garantie, mais surtout que les pilotes et les contenus des programmes sont largement détachés de la réalité socioculturelle et économique vietnamienne. Les programmes délocalisés ne peuvent pas, à ce titre, faire beaucoup plus que leurs frères, les programmes réalisés en mobilité totalement à l’étranger.

Pour ce faire, l’environnement socioculturel et économique vietnamien doit être totalement intégré aux programmes existants. Ceci semble une condition indispensable pour pouvoir former les étudiants suivants les trois compétences utiles à l’appropriation de concepts pérennes : le savoir-faire, le savoir scientifique et le savoir être. Á défaut pour la majorité des programmes, la mayonnaise risque de ne jamais prendre, produisant des formations essentiellement utiles à la stratégie propre à chacun des acteurs avec un manque de vision sociale, constructive et pérenne.

La voie du développement pérenne et social des programmes existe cependant déjà. Des rares masters délocalisés étrangers ont permis de mettre en œuvre des objectifs permettant à la fois de satisfaire à court terme les besoins carriéristes des étudiants, d’apporter des connaissances scientifiques et méthodologiques utiles à long terme, mais aussi et surtout, une appropriation par les universités vietnamiennes. Rappelons ici que le MBA de Maastricht a été conduit en total partenariat avec un département universitaire vietnamien et que parallèlement, il a coproduit un MBA en anglais validé par le Viêt-nam. La coproduction oblige à l’intégration et l’adaptation des contenus, à la formation des formateurs, à la pérennisation mais aussi à la démocratisation du programme. En effet, la formule proposée par l’université vietnamienne étant nettement moins chère que celle d’origine, on crée de fait les conditions de la pérennité, mais aussi, il faut en être conscient, celles d’un cannibalisme annoncé dans la mesure où se créent côte-à-côte des produits qui peuvent se substituer et intéresser le même public. C’est pour cette raison que ce genre de programmes ne peut s’inscrire que dans une logique stratégique culturelle, non lucrative, ne répondant pas prioritairement à l’intérêt particulier des acteurs. Nous sommes dès lors dans le cadre d’une commande sociale, dans une « logique culturelle intégrative ». L’adaptation des cours, du niveau de communication, des outils et y compris des tarifs 1036 , est rendue incontournable par l’homologation vietnamienne et l’intégration dans un département : elle devient donc systémique.

Comme en témoigne la formation délivrée par Harvard/Fulbright, en l’absence de ce genre de système intégré, une formation étrangère, même de très haut niveau, a des difficultés à garantir un apport de connaissances adaptées au milieu socio-économique. Ainsi, certains membres des élites qui étaient prédestinés à reproduire l’excellence du management public enseignée dans cette école se sont retrouvés en difficulté lorsqu’il a fallu appliquer le management aux affaires publiques prôné par Harvard face à leurs concitoyens et notamment dans les provinces. Le management public à l’américaine ne peut donc pas être transféré de manière brute vers un pays socialiste en développement. D’autre part, ce programme extrêmement coûteux s’est achevé sans pour autant intégrer la formation de formateurs. Il aura permis par contre à bon nombre de participants d’enrichir leur curriculum et de se vendre notamment dans les milieux financiers1037.

Parmi les MMI s’inscrivant dans une logique culturelle, se trouve l’un des masters délocalisé par l’université de Nantes et soutenu par un consortium d’universités francophones ainsi que par l’AUF. L’objectif final est proche du MMI de Maastricht, puisqu’il vise à la reprise du MMI par le partenaire vietnamien. Mais pris en l’état, ces deux projets restent cependant circonscrits à quelques étudiants car ils sont très chers et ne permettent donc pas de satisfaire pleinement un besoin de montée en puissance du nombre de spécialités et de diplômés. Le projet de Nantes revêt cependant un autre intérêt parce qu’il peut être considéré comme l’aboutissement d’un processus nettement plus complexe, alimenté par la dynamique francophone du pays. Ce master est donc en partie soutenu par un système.

Le cas des formations intégrées francophones

Face à la montée en puissance des programmes anglophones et à la diminution des aides publiques, les programmes francophones cherchent actuellement à rebondir. Profitant de leur excellent positionnement au sein de l’ensemble de l’appareil éducatif, ne pourraient-ils pas « simplement » s’appuyer sur leur vocation culturelle, la force de leur réseau local et leur expertise afin de se valoriser ? Á travers l’exemple des pays francophones, la question sous-jacente est de savoir s’il est possible pour d’autres cultures ou langues- hispanique, indoue, japonaise ou encore chinoise- de tenir une place dans un marché de l’éducation si dominé par les pays anglo-saxons ?

Dans un premier temps, les pays francophones doivent intégrer deux problématiques majeures lorsqu’ils abordent un marché : ils ont vocation à s’inscrire dans une logique culturelle et sont porteur d’une culture propre symbolisée par la francophonie. Cependant, la fin des subventions les conduit vers une logique marchande et la domination anglo-saxonne les incitent même à ne plus privilégier leur langue. Bref, il y a un risque de perdre l’essentiel. Les programmes éducatifs de l’offre francophone (belge, française, québécoise ou suisse), sont à un tournant de leur histoire. Liés en partie au label « France », leur notoriété diminue dans un pays encore imprégné par l’histoire francophone, mais où les étudiants se tournent irréversiblement vers l’anglais, suivant ainsi le marché de l’emploi et un courant culturel dominant.

Les deux seuls MMI délivrés en français1038 témoignent de la faiblesse d’une offre qui est pourtant soutenue par une dynamique éducative et universitaire non négligeable1039. Mais force est de constater que malgré la quasi-gratuité des formations, la francophonie a du mal à exister sous forme de master délocalisé en gestion. Les raisons possibles sont liées :

Ainsi, ne pas choisir l’anglais, c’est s’inscrire automatiquement dans une stratégie de niche, se focaliser vers un public très ciblé. Mais pour autant, est-ce que la pléiade d’avantages comparatifs de cette offre francophone est suffisamment exploitée ? A-t-on mis en valeur le fait qu’il existe des arguments essentiels qui permettent d’influencer qualitativement l’ensemble de la chaîne de valeur d’un MMI et qui concerne tout l’environnement direct ? On a notamment observé les avantages suivants :

La défense de la « bonne image francophone » influe aussi directement sur le niveau d’exigence des objectifs à atteindre. Ainsi, l’activité francophone est associée pour l’essentiel à la recherche de la plus grande qualité. Nous considérons ainsi que tous ces avantages s’inscrivent dans une stratégie de réseau engendré par l’ensemble des avantages socio-économiques, culturels et historiques véhiculés par la francophonie. Dans l’exemple francophone au Viêt-nam, la stratégie de réseau s’oppose de facto à la stratégie d’établissement dans la mesure où elle oblige, invite, à faire reposer l’action de chaque établissement sur la synergie engendrée par toute l’activité et les acteurs de la francophonie. C’est ainsi que de l’école primaire jusqu’au doctorat et à l’entreprise francophone, dans ce genre de situation tout le monde a intérêt à travailler ensemble de manière à consolider une positon minoritaire.

Ce positionnement en réseau crée donc des conditions favorables à la mise en place d’une stratégie intégrée au réseau académique vietnamien. La délocalisation de quelques MMI sera toujours quantitativement insuffisante à l’échelle du pays mais peut tout au moins servir de modèle, donner des idées. De même, comme nous l’avons observé, la réponse à une demande sociale passe par un travail avec tous les partenaires locaux. Pour ces motifs il faut retenir l’idée de la filière et du réseau, de la continuité et de l’intégration. L’avantage de système stratégique pouvant être véhiculé par des réseaux tels que celui de la francophonie est qu’il peut amène à un véritable travail de collaboration et peut se jouer pour bon nombre d’apprenants au Viêt-nam dès le plus jeune âge grâce à des cursus bilingues qui tentent de former une unité pédagogique. Ainsi, le recrutement ne sanctionne pas une première étape mais représente souvent une continuité. Un MMI francophone s’inscrit dans un processus à long terme qui part des classes bilingues franco-vietnamiennes, qui se poursuit par les doubles licences vietnamiennes et étrangères, pour aboutir à un master spécialisé tel que celui proposé par Nantes1046. Pour la majorité des diplômés ce sera en suite soit le départ vers une université francophone pour compléter sa formation soit l’intégration dans une entreprise en liaison avec la francophonie.

C’est la notion de filière, sorte de continuum pédagogique et professionnel, qui est intéressante dans l’exemple francophone, mais aussi celle de partenariat intégré. Des classes bilingues jusqu’au master, l’idée est la pérennité, l’appropriation des formations de haut niveau par le partenaire vietnamien, dans un esprit de la plus grande collaboration possible. Même s’il est souvent difficile d’entreprendre de manière synergique et collective ce genre de travail, le projet contraint conventionnellement à un comparatif des programmes, à des évaluations communes, aux partages des expériences, à des formations de formateurs, etc. C’est peut-être l’une des rares manières de contourner les obstacles « des intérêts économiques » et « des agendas surbookés», qui freinent inexorablement la mise en place de travail collectif avec les universitaires ou entreprises vietnamiennes.

Pour ces motifs, l’activité MMI peut difficilement s’inscrire dans une logique commerciale car toutes les phases de concertation, de lancement puis de réalisation coûtent chères et prennent du temps. Difficile pour un établissement esseulé de rentabiliser de tels investissements, de trouver les ressources humaines, sachant de plus que l’objectif final annoncé est finalement une forme de retrait complet de l’opérateur pour laisser la place au partenaire local !

On note cependant que la double diplômation qui est en train de naître au sein des licences et masters francophones vietnamiens (y compris laotiens1047), pourrait voir émerger des perspectives d’autofinancement partiel par le public. La licence ou le master 1 délivré parallèlement par un établissement étranger peut être attractif pour des étudiants avides de diplômes mais aussi conscients de l’avantage en termes de carrière1048. En fait, plus on avance dans le programme, plus on forme des enseignants locaux, plus on réduit les charges liées aux mobilités. Finalement, au bout de quelques années, un diplôme francophone pourrait ainsi être délivré sur le principe des équivalences réciproques accordées par le système ECTS. Ce pourrait être une aubaine commerciale dans la mesure où les deux partenaires, étranger et local, s’entendraient sur la qualité des évaluations et des contrôles. On mesure bien dès lors l’intérêt à moyen terme de s’entourer d’assurance qualité pour pouvoir réguler mais aussi contribuer à l’évolution et au comparatif de toutes ces formations délocalisées et double diplômantes.

Les programmes francophones ont la particularité d’avoir été largement copiés dans le pays et notamment pour les classes et les licences bilingues, faisant ainsi profiter un nombre exponentiel d’élèves ou étudiants et permettant de consolider l’appareil éducatif. L’idée même de double diplômation dans une logique de partenariat intégré pourrait donc profiter à d’autres cultures, à d’autres langues à condition qu’elles puissent s’appuyer sur un fort réseau ou sur d’autres fondements. On retrouve cette situation avec le cas des futurs double-diplômes avec Singapour qui s’appuient sur la culture chinoise mais surtout sur l’attractivité du réseau économique chinois, singapourien ou taïwanais.

Toutefois, l’idée d’intégration n’est pas essentiellement liée à un diplôme académique, elle peut être aussi le fruit d’une collaboration avec le monde socio-économique. C’est ainsi que le CFVG, après avoir abandonné les programmes francophones à Ho Chi Minh Ville dans le cadre de la formation initiale, a créé sur mesure un  « mini MBA », l’équivalent d’un diplôme ou attestation universitaire, qui consiste à former les cadres de l’entreprise Big C. Cette formation continue s’inspire du programme MBA, développé et adapté selon les besoins de formations des cadres de cette société. Il s’agit donc là d’une offre conjointe entre une entreprise et le secteur académique. C’est donc une forme de diplôme universitaire. L’objectif est de marier les savoirs scientifiques avec l’expérience de ces cadres à travers le projet de leur entreprise. C’est en fait un retour aux sources du MBA, par la formation continue et à travers la francophonie. Il reste à savoir s’il sera reconduit, si le CFVG peut réussir à fédérer d’autres entreprises francophones autour de ce projet. Cette initiative reste cependant très isolée, s’applique à une formation non homologuée et finalement pourrait et sera probablement, parfaitement reconduite en anglais si le besoin s’en faisait sentir. Notons que l’enjeu n’est plus la langue ou la culture, il se déplace avant tout vers les compétences. Anglophone, francophone ou tout simplement vietnamienne, c’est la qualité du savoir transmis et des compétences acquises qui est importante. Copiée l’idée est possible à condition donc de pouvoir faire un suivi au niveau de l’expertise scientifique et de l’adaptation.

Finalement, à la différence d’une stratégie intégrative, les stratégies mettant en valeur des MBA standards ne sont structurellement pas adaptées pour pouvoir répondre à toutes les attentes foncières du Viêt-nam. Il faut pouvoir associer conventionnellement les partenaires vietnamien et étranger à la réussite et à la pérennité du projet pour aboutir à une production suffisamment nombreuse de diplômés et une grande variété de programmes de haut niveau. C’est le prix à payer pour pouvoir véritablement développer le système universitaire à la mesure des objectifs de l’Etat, pour couvrir l’impressionnante diversité des nouveaux métiers à venir par de nouvelles formations et former les milliers de cadres ou de chercheurs attenants.

A l’exemple du réseau universitaire, institutionnel et économique mais aussi informel de la francophonie au Viêt-nam, il paraît possible de relever ce challenge en poursuivant une stratégie qui intègre de manière systémique le partenaire vietnamien. La meilleure preuve en est les classes, les licences ou les masters bilingues qui permettent de conjuguer plusieurs intérêts. Ils proposent un système de double diplôme ou plus simplement de doubles compétences grâce à la formation intégrée réalisée avec des entreprises. Mais le prix de cette réussite est lourd à payer. La force de l’expertise scientifique francophone est le fruit du courage et de l’investissement à très long terme de milliers d’enseignants ou de particuliers passionnés par la francophonie, intégrée dans un réseau élargi, mais surtout convaincus de l’intérêt de générer un travail qualitatif. C’est donc une autre voie stratégique, qui offre très peu de perspective d’exploitation commerciale, mais qui toutefois semble pouvoir faire progressivement émerger les conditions de son autofinancement et donc d’une plus grande pérennité.

Notes
1035.

Voir tableau 4.12.

1036.

Rappelons qu’un master validé par le Viêt-nam est très règlementé en termes de tarifs.

1037.

Source anonyme, enseignant.

1038.

Le plus ancien MBA date de 1994, il est délivré à une minorité d’étudiants au CFVG à Hanoi ; l’autre très récent est délivré par un consortium à Hanoi, il est soutenu par l’AUF.

1039.

En 2004, il y a près de 20 000 élèves dans les 687 classes bilingues gérées par l’Agence Universitaire de la Francophonie au Viêt-nam. La majorité d’entres eux souhaitent poursuivre leurs études dans d’autres pays francophones. Nous manquons de chiffres précis mais une majorité continue dans des programmes francophones au Viêt-nam après le baccalauréat notamment dans les départements de français des universités vietnamiennes ou au sein des filières francophones de l’AUF et à présent dans les quelques programmes français délocalisés au Viêt-nam.

1040.

Après le baccalauréat, l’AUF proposent de soutenir des licences vietnamiennes francophones en sciences économiques, banque, finance, géographie ou tourisme (plus d’une centaine d’étudiants formés par an). A ceux-ci s’ajoutent des centaines de diplômés provenant entre autre des départements de français.

1041.

Concernant l’assiette de recrutement, il faut se rappeler que les conditions de recrutement sont nombreuses. Ce sont les responsables de programmes qui acceptent des étudiants provenant de ces disciplines, notamment pour les programmes généralistes tels que le MBA. C’est particulièrement le cas pour ces jeunes francophones qui, à l’image des bacheliers du même nom, ont a priori plus de facilité d’adaptation pour la poursuite de programmes internationaux et ont en principe un meilleur niveau linguistique. Sur le modèle des filières francophones soutenue par l’AUF au sien des universités vietnamiennes, on note que ces licences délocalisées ont la possibilité en temps voulu de pouvoir effectuer une mise à niveau linguistique pour les jeunes bacheliers trop faibles. Ceci pourrait augmenter considérablement l’assiette de recrutement.

1042.

On dénombre entre 300 000 et 500 000 personnes possédant un niveau francophones moyen ou supérieur, ce qui représentait environ 0,6% de la population vietnamienne en 2004, environ 0,25% des francophones dans le monde. Réf rapport Extrait : Promotion du système d’éducation francophone du Canada à HCMV, par Nathalie Raclette, Agent de projet international, Réseau des CEC, Hô Chi Minh Ville, Viêtnam, septembre à décembre 2004.

Ce fait est en grande partie la résultante de la politique d’influence menée par la France pour promouvoir les élites. La présence francophone s’affiche surtout dans les lieux éducatifs, les grandes administrations, les universités, tous ces endroits porteurs d’une certaine élite intellectuelle. En fonction des domaines de spécialités universitaires, nous pouvons ainsi trouver une très forte minorité francophone. Il en est ainsi du secteur de la santé, des métiers de l’ingénieur, du droit ou à une autre mesure, dans le Droit (code Napoléon), dans la gestion (formation des élites dirigeantes, influence des échanges commerciaux vers les pays francophones, ou de délocalisation de secteurs tels que les assurances, la banque), du tourisme (commerce) ou de l’agroalimentaire (programme d’aide au développement). C’est la suite des programmes de coopération culturelle qui ont notamment permis de très nombreux échanges entre les institutions mais aussi la mobilité du Viêt-nam vers la France.

1043.

Certaines activités francophones ont survécu tant bien que mal grâce à la force du réseau en attendant « des jours meilleurs ». Les autres se sont créées après le Doi Moi, permettant la naissance des classes bilingues, des départements de français et de toutes les activités associatives ou informelles provenant de réseaux divers. La francophonie active et vivante se joue dans tous ces réseaux, elle est incontrôlable, elle est à l’image de la manière dont se construit fondamentalement la société vietnamienne : le cercle stratégique social et économique avec pour centre la famille élargie.

1044.

Le positionnement francophone est notamment renforcé par : les nombreuses relations internationales existant encore entre les universités - les réseaux des anciens étudiants qui restent généralement fortement liés à la francophonie et à leur université –– au réseau de plus de 400 entreprises à capitaux issus des pays francophones présentes au Viêt-nam - à la présence diplomatique française qui décroit mais qui reste relativement importante – à la présence des organisations francophones, dont l’agence Campus France - des centres d’enseignement du français, des structures d’accompagnement pour les études en occident, des associations d’anciens étudiants ou d’expatriés, etc.

1045.

Le français au Viêt-nam est généralement enseigné suivant des méthodes d’apprentissages plus interactives, par un nombre réduit d’enseignants très bien formés à cet effet, grâce notamment à de nombreux stages de formations de formateurs. La qualité de l’enseignement du français est aussi liée à la dynamique qui existe au sein de certains de département de français mais aussi au sein de l’université de Pédagogie. Au bénéfice des diplômés, nous avons constaté que l’application des méthodes interactives, fruit du travail de ces enseignants de français, contribuait non seulement à l’acquisition de connaissances linguistiques mais aussi à des compétences plus inattendues. Il en est ainsi de leur capacité d’apprentissage autonome et méthodologique qui profite tout aussi bien à l’enseignement linguistique et pour une part scientifique. De manière plus étonnante, des diplômés ont ainsi considéré que c’était notamment au contact de certains de leurs enseignants de français qu’ils avaient acquis un plus grand esprit critique, une certaine liberté de parole, une plus grande confiance en eux, des compétences fort utiles au sein des entreprises. Référence enquête qualitative auprès des diplômés de l’AUF, 1999 à 2005.

1046.

Notons que la filière en Droit a abouti à la création récente de la première école doctorale francophone et régionale, soutenue par un multi-partenariat francophone. Ecole doctorale régionale, site internet des PUF. http://www.puf.edu.vn/lang-fr/component/formations/hn/12 le 25/04/2009.

1047.

« Les filières universitaires francophones sont des formations partiellement dispensées en français, avec un fort renforcement linguistique, destinées à offrir une formation de qualité basée sur des partenariats internationaux et de préparer les étudiants à suivre des masters francophones ». Portail de l’AUF visité http://www.auf.org/regions/asie-pacifique/actions-regionales/fuf.html le 25/04/2009.

1048.

Le travail en cours au sein des licences francophones vietnamiennes tend à démontrer qu’un autofinancement des étudiants serait autorisé par l’Etat, mais surtout il pourrait être envisagé par les intéressés. Des études en cours menées conjointement entre les équipes de l’AUF et des filières, font état de frais de scolarité qui pourraient être supportés dans une fourchette de 300 US$ à 1 500 US$, en fonction de l’attractivité du programme mais aussi de son implantation. Etudes menées au printemps/été 2009.