2.1.1.1 La localisation des groupes baka

Les régions où vivent et évoluent les Baka se situent essentiellement au nord du Gabon, non loin de la frontière camerounaise, et au nord-est, proche du Congo. Cette zone est, bien évidemment recouverte par la forêt. La route longeant cette vaste zone forestière descend de Minvoul à Mitzic, puis bifurque à l’est au-delà de Mékambo, via Makokou.

Figure 3. Variétés linguistiques relevées auprès des groupes de semi-nomades chasseurs-cueilleurs gabonais (carte établie par l’équipe des bantouistes de DDL)

La carte ci-dessus fait clairement apparaître qu’il existe plusieurs groupes de chasseurs-cueilleurs au Gabon. Ces derniers parlent tous une variété de langue bantu, identique à celle de leurs voisins biloou très proche, à l’exception des Baka. La langue de ces derniers fait partie de la famille linguistique oubanguienne qui, même si elle considérée comme faisant partie du phylum nigéro-congolais par certains spécialistes, se distingue très nettement des langues bantu comme nous le verrons ci-dessous. Les Baka de la région de Minvoul ne se trouvent pas en contact avec ces autres groupes de chasseurs-cueilleurs. Ceux vivant aux environs de Makokou peuvent éventuellement avoir des relations avec les Koya, mais elles semblent peu fréquentes, les Koya étant situés plus à l’est, du côté de Mékambo.

L’implantation des Baka au Gabon serait relativement récente, à en croire les affirmations des anciens de la communauté dont Mona (annexe 6.2.1.1). La profondeur historique de leur venue à partir de Djoum au Cameroun ne dépasserait pas plus de quatre générations, soit moins d’un siècle. Le nord du Gabon leur paraissant plus paisible que les régions habitées jusqu’alors (i.e. moins de pressions de la part des Bilo) et suffisamment fourni en gibiers, ils ont décidé de s’y installer. Très peu nombreux à ce moment-là, une poignée de familles tout au plus, la communauté s’est quelque peu développée depuis.

Leur arrivée (présumée) récente est vraisemblablement l’une des causes principales du manque de documentation à leur sujet. Aucune étude précise portant sur la distribution spatiale n’a été réalisée pour cette population. Toutefois, à la fin des années 1980, une pré-enquête linguistique a été effectuée par Mayer (1987) dans la zone en question. L’auteur fait état de deux régions distinctes : celle de Makokou au nord-est et celle de Minvoul au nord. A cette époque, Mayer note que Makokou est la seule ville où les Baka sont présents. La situation est totalement différente aujourd’hui.