Plans de Bitouga

Le village comprend une soixantaine d’individus qui ont tous été répertoriés dans le fichier Puck en annexe 6.2.5.

Plusieurs plans du village de Bitouga ont été relevés lors des différentes missions effectuées ; cinq plans datés de juillet 2004 à janvier 2007 se trouvent en annexe . Le plan de juillet 2004 a été choisi à titre d’exemple ici afin de présenter de manière plus exhaustive les divers types d’habitats en présence et leur disposition au sein de ce village.

Le plan de Bitouga est présenté avec le sud en haut, ce qui est inhabituel dans la lecture des cartes mais cela correspond à la vision générale que l’on a du village en arrivant ; Minvoul se trouvant au nord, l’arrivée de la ville se fait donc par le chemin ‘b’.

Figure 40. Plan du village de Bitouga réalisé en juillet 2004

Un code ‘forme et couleur’ a été adopté afin de repérer plus rapidement le type d’habitat dont il est question. Ainsi, les huttes sont représentées par une demi-sphère et un segment indiquant l’entrée de ladite hutte ; l’orientation des huttes étant de fait très visible.

Les maisons sont rectangulaires de couleur : verte pour celles en feuilles, bleu ciel pour celles en pisé (les murs sont en terre mais les toits en feuilles), beige pour l’unique habitation en bambou, et en pointillé pour les maisons en construction ou en phase de destruction (affaissement dû généralement à un manque d’entretien, cf. vidéo 8)93.

Les rectangles bleus foncés renvoient aux corps de garde, les carrés marron sont de petites plantations et les petits carrés bleus sont des latrines.

Les entrées des habitations ne sont pas indiquées sur ce schéma mais elles sont toutes situées sur une longueur de la maison, face au centre du village (i.e. généralement dos à la forêt) ou donnant sur la petite place du groupe lignager. Ainsi les maisons 2, 3, 4, 7, 8 et 37 ont leur ouverture côté ouest, contrairement aux maisons 23 et 17 côté est. Par exemple, les maisons du groupe likemba situé au sud-ouest (soit dans le quart droit en haut du plan ci-dessus), font face à leur placette avec leur corps de garde n°19 qui « ferme » en quelque sorte leur espace au nord. Les maisons 14, 15 et 16 ont donc leur ouverture au nord, les maisons 13 et 18 à l’ouest et la maison 17, en construction, à l’est. Cette dernière a d’ailleurs la particularité d’être réalisée autour de la hutte abritant la famille. En mars 2005 (cf annexe 6.2.2, Figure 82), la hutte a été supprimée afin non seulement de profiter pleinement de l’espace de la nouvelle habitation mais également de pouvoir réaliser des pièces séparées.

D’après le plan de Bitouga ci-dessus, on note que les maisons 13 et 18 sont en construction. Depuis peu, en effet, deux des fils de Mona, Papa et Metimele – logeant encore chez leurs parents, soit dans les habitations 14 et 15 – ont décidé de se bâtir une maison (respectivement, la 18 pour le premier et la 13 pour le second). Le choix de l’emplacement des habitations devrait a priori poser problème d’après Roger (f.406), un Fang marié à une Baka nommée Bokoko (f.394) logeant dans la maison 6 à Bitouga. Celui-ci, prétend que les deux nouvelles habitations cacheront la visibilité des chemins de forêt ‘d’ et ‘e’, ce qui est dangereux par rapport aux animaux sauvages que l’on ne verra plus arriver. Plusieurs incidents se sont déjà produits à Bitouga depuis quelques années : un buffle a surgi de la forêt, à l’est de la maison 14 (ce dernier a rapidement été tué à l’aide d’une machette par un Baka), et une panthère s’est glissée la nuit dans le village et a tué un chien sous le corps de garde 10 où elle a été abattue à l’aube. Ces événements ont effectivement marqué la population qui s’en souvient encore, mais elle ne semble pas, pour autant, se soucier de la visibilité de l’entrée des chemins. Pour certains membres du village, l’arrivée d’animaux sauvages au sein du village n’est pas nécessairement liée aux chemins (les traques de chasse, ou autres poses de pièges, prouvent que les animaux ne suivent pas souvent les chemins) et reste exceptionnelle. De plus, le village n’est pas foncièrement appréhendé de la même manière que les campements de forêt quant il s’agit de danger inhérent à l’environnement forestier. Même si Bitouga est situé en forêt, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un village (i.e. une grande zone dégagée) avec une activité humaine importante qui, de fait, éloigne les animaux (le bruit et les mouvements incessants de la population les faisant fuir).

La maison 20, les huttes 34, 35 et 36 ainsi que l’habitation 11 ont des relations de parenté, l’ouverture de la maison 20 se trouve donc à l’ouest, du côté des huttes.

Quant aux maisons situées au centre comme la 11 et la 22, elles sont des ouvertures des deux côtés, c’est-à-dire est et ouest. En fait, les habitants de ces maisons ont des relations de parenté de premier ou de second degré avec les deux grands groupes/clans (i.e. Mombito et Likemba) composants ce village. Ces éléments corroborent l’idée que la disposition des maisons est fonction du clan d’appartenance, les individus d’une même famille s’installant à proximité.

Comme déjà évoqué à plusieurs reprises, les Baka sont obligés de s’installer dans des villages et de construire des maisons en terre et en branchages, suivant le modèle de leurs voisins fang. Toutefois, malgré « l’interdiction » du gouvernement de fabriquer des huttes, il est rare de ne pas voir des mongulu dans les villages baka. Ces huttes sont utilisées pour l’accueil de parents, notamment lors de périodes où certaines cérémonies sont organisées, mais peuvent aussi être occupée de manière quasi permanente. La construction des huttes « visiteurs » (cf. ci-après) a été réalisé par les femmes des habitations voisines ou issues du même clan. Cette pression exogène venant de l’environnement bantu implique une multiplication des divers types d’habitations (maison en feuilles, en terre, etc.). Ainsi au village, on observe, en synchronie, l’évolution des constructions : du mongulu (hutte sphérique) à la maison en pisé sur le modèle bantu, en passant par la maison en feuillage.