Plusieurs types d’habitation sont observables dans le village de Bitouga :
Cette typologie peut être complétée par la hutte sphérique à chambres multiples, la hutte rectangulaire à toit plat ‘mbere’ (cf. photo 2, annexe DVD), la maison en pisé ou en bois avec un toit de tôle, habitations construites par les Baka dans les campements ou les autres villages de cette région94. La maison réalisée en pisé avec un toit en feuilles dont la particularité est le toit plat comme les huttes mbɛrɛ réservée aux célibataires constitue une nouveauté (cette maison 48 construite par Obam (cf. plan de Bitouga de janvier 2007 en annexe), un jeune célibataire, est également réservée aux jeunes hommes célibataires du village quelle que soit leur appartenance clanique). Par ailleurs, d’après le même plan, le toit de la maison en bambou n°22 n’est plus en feuille mais en tôle, il a été modifié entre août 2006 et janvier 2007. Pendant cette même période, la maison 5, initialement bâtie en feuilles a été modifiée en faveur du pisé (la structure demeure mais les pales de feuilles sont remplacées par de la terre).
La maison comprend une, deux, voire trois chambres et un salon. La cuisine peut être soit au sein du salon avec également un fumoir, soit séparée par un mur en terre, soit complètement indépendante, plus ou moins éloignée des chambres. Dans le dernier cas, la cuisine s’avère beaucoup plus vaste et sert à plusieurs familles d’un même clan. Ainsi en juillet 2004, Mbèyè (f.4, épouse de Sumba), demeurant dans la maison 2, allait préparer ses repas dans la cuisine collective n°7, soit à quelques cent mètres de son logement.
Il existe donc plusieurs types d’habitation, chacun d’entre eux ayant ses avantages et ses inconvénients. Les huttes sont très rapides à réaliser (cf. vidéo 1, annexe DVD) mais sont également vite périssables si elles ne sont pas entretenues régulièrement et malgré cela, les feuilles finissent par sécher donc leur durée de vie n’excède guère quelques années. Les maisons en feuilles ont les mêmes inconvénients de séchage mais les piliers en bois permettent de préserver plus longuement la structure de base, seules les longues pales de feuilles doivent être renouvelées tous les trois ou quatre ans. Ces habitations sont toutefois beaucoup plus longues à construire que les huttes. Quant à la réalisation des maisons en pisé, cela peut prendre plus d’une année suivant la saison et la disponibilité de l’homme baka. Ces habitations nécessitent également de l’entretien pour le toit en feuilles et les murs qui ont tendance, à la longue, à se désagréger suivant l’intensité de la pluie. Même s’il est possible de constater quelques destructions d’habitations en pisé comme la maison 14 définitivement écroulée en janvier 2006, les constructions en terre paraissent, a priori, plus solides que celles en feuilles dont quatre (maisons 8, 9, 11 et 12) se sont écroulées entre mars 2005 et janvier 2006 (cf. plans en annexe 6.2.2).
La liste succincte, ci-dessous, indique les personnes logeant au sein des habitations95 dont la numérotation figure à gauche, et le clan ou l’ethnie de ces individus (à droite un code chiffre a été adopté pour visualiser rapidement la disposition des clans en fonction des habitations).

Cette liste des habitants n’est pas exhaustive. En effet, si on la compare avec les listes des autres périodes (cf. annexe 6.2.2.1), certaines variations apparaissent clairement. Il ne s’agit pas de réels changements si l’on considère que les habitations appartiennent à la famille élargie, c’est-à-dire aux clans respectifs des membres du couple. La maison peut ainsi être utilisée par tous les membres desdits clans96. Il en est de même pour le recensement des membres du village où le clan de la personne va prévaloir sur le temps réel passé au village. En effet, la notion d’appartenance au village est étroitement liée aux relations de parenté, ainsi tel frère (ou sœur) de même mère par exemple, présent(e) au village le dimanche et/ou les vacances scolaires est considéré(e) comme membre dudit village. Ce phénomène est fortement induit par l’importance de la mobilité au sein de cette communauté.
De même, le mode de couchage s’inscrit dans la même dynamique de mobilité. Prenons trois exemples :
Les lits sont soit de simples nattes à même le sol, soit des matelas mousse posés au sol, soit des lits en bambous recouverts ou non de matelas mousse, soit de fortes lanières de bambous plus souples que les bambous et reconnus plus confortables.
La notion d’appartenance au village peut donc s’avérer très différente dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs du fait de leur culture nomade, celle-ci n’est pas forcément liée à une résidence réelle dans le village.
Autant il est possible de voir plusieurs types de hutte dans les villages, autant aucune maison ou autre structure pouvant s’y apparenter, comme le corps de garde, n’est recensée dans les campements de forêt.
Dans la majorité des cas, seuls les adultes sont indiqués. La circulation des enfants au sein des habitations est souvent trop fluctuante, même si elle reste généralement confinée au sein des mêmes clans.
Comme évoqué, la notion de propriété étant très particulière chez les Baka qui n’y accordent pas une réelle importance, préférant plutôt jouir de l’utilisation des objets, les maisons peuvent être habitées par des individus de degré de parenté parfois très éloigné des constructeurs.