D’après la liste des habitants ci-dessus et en fonction des diverses considérations d’alliances, il est possible de regrouper plusieurs clans en deux grands groupes au sein du village, sous deux corps de garde, à savoir les Mombito et les Likemba. Le premier étant composé des Makombo, des Ekuambe et des Mombito, et le second des Mbongo, des Ndonga et des Likemba. D’un point de vue spatial, ces deux groupes se retrouvent avec globalement les Mombito à l’est et les Likemba à l’ouest. Comme cela a déjà été évoqué, les individus issus d’alliances entre ces deux groupes ont positionné leur habitation au centre du village avec une ouverture de chaque côté.
Toutes ces variations sont en fait induites par la mobilité encore très importante au sein de cette communauté. De fait, l’aspect général du village s’avère changeant au fil des mois (cf. divers plans en 6.2.2).
La disposition des habitations peut également suivre certaines fonctions occupées par les membres du village. Ainsi, il n’est pas étonnant que la porte d’Edzengi, se trouvant légèrement en retrait de l’entrée du chemin ‘d’ est proche des habitations likemba dont les anciens sont garants de cet esprit de la forêt : ils connaissent son langage et traduisent ses dires lors des cérémonies.
De même, le corps de garde du chef du village, Famda (f.24, désigné en fonction de ses qualités de chasseur, cf. partie 3.1.2), soit des Mombito, est considéré différemment dans la mesure où il est le lieu de résolution des conflits, et ceci quelque soit l’origine lignagère des individus concernés par l’affaire traitée.
Comme mentionné lors de la présentation de la typologie des villages, il est rare que les Bantu soient absents d’un village baka. A Bitouga, seul un couple Bamiléké/Fang (cf. p 140 Jean-Marie et Mariette, maison 1) n’est aucunement relié aux Baka. Pourtant, l’on passe devant leur habitation avant d'accéder à la première maison baka. Auparavant, le village était situé plus au sud et ce couple logeait aux environs de la maison 14 (cf. plan p 134). Les configurations spatiales sont donc mouvantes au sein du village et il semblerait que chacun, en fonction de la localisation de son clan, s’installe où il le désire. Les non Baka, de fait, préférant parfois demeurer quelque peu à l’écart. En août 2006, une femme baka (sœur de Mona) mariée à un Fang a installé sa maison en amont du village, sur la droite en arrivant par le chemin ‘b’ (cf. plan ibid.). Son habitation est donc située avant celle de Jean-Marie et Mariette. Il semble effectivement important pour les Bilo de demeurer à l’entrée d’un village afin de se tenir informés des différents départs et arrivées (voire de les contrôler).
Un autre aspect à prendre en considération dans la mesure où il tend à se développer, il s’agit de l’enterrement des corps à proximité du village, voire au sein même du village pour ce qui concerne Mféfélam, suivant le style traditionnel bantu de la région. Ce village de Mféfélam possède même sa propre église baka, ceci tient à la forte volonté d’identification avec les Fang que manifestent certains membres dudit village. L’attitude des habitants de Bitouga est très divergente de ce point de vue. Il n’en demeure pas moins que les tombes se trouvent désormais très proches du village et non éloignées en pleine forêt comme cela se pratiquait encore il y a quelques années.
Par ailleurs, on observe également l’installation récente d’un équipement sanitaire et le lancement d’une réflexion sur la gestion des déchets97. Entre mars 2005 et janvier 2006, une latrine a été construite98. Celle-ci est plutôt utilisée par les enfants pour le moment, les adultes ayant gardé l’habitude d’aller faire leurs besoins en forêt.
Sur le plan de la gestion des déchets, on assiste à une prise de conscience de la non-dégradation de certains déchets modernes, comme les piles et les sacs plastiques. Ayant demandé conseil auprès de Blancs en visite dans la région, les Baka ont envisagé de creuser un trou qui servirait de dépôt d’ordures. Cependant, à ce jour, aucune action concrète n’a été entreprise dans ce sens.
La motivation profonde ne semble pas relever d’une préoccupation écologique spécifique, mais plutôt d’une préoccupation liée à l’aspect de propreté générale du village.
Cet équipement a été installé dans un premier temps pour les Blancs de passage.