3.1.2.5 Le travail

Le travail n’est pas nécessairement associé au village suivant que l’on considère ou non son caractère de rémunération. En effet, différentes tâches quotidiennes, que ce soit au campement ou au village, sont réalisées et sont généralement réparties en fonction du genre comme nous le verrons ci-après. Pour autant, la rémunération du travail est fortement liée à la notion de village dans la mesure où l’emploi des Baka implique une certaine stabilité (vs absence de mobilité à grande échelle), tout au moins temporaire, afin de réaliser les tâches demandées (défrichage, guide114, éco-garde, soins, etc.). C’est particulièrement ce point qui pose problème dans les relations de « patron-employé » où les employeurs ne cessent de se plaindre de l’instabilité des Baka, invoquant leur incapacité à fournir le même travail sur plusieurs jours (cf. Maget, 2007-2008 et entretien du Préfet en annexe 6.2.1.2).

Pour ce qui concerne les soins, le guérisseur se doit non seulement d’être présent au village afin d’accueillir les patients, ces derniers n’ayant pas d’a priori sur le tradi-praticien à choisir au sein de la communauté baka, ils prendront celui qui sera présent et disponible, dans le cas contraire les malades peuvent décider de changer de village (pour plus de détails sur l’appréhension de la maladie, se référer au chapitre 4). De fait, l’accès au village du guérisseur est primordial. Comme précédemment évoqué, c’est principalement pour cette raison que Soukia Naya (f.447) s’est installé à Zangaville (cf. carte des villages p 131), il se trouve être ainsi le premier guérisseur aisément joignable avant même d’arriver à Minvoul sur la route provenant d’Oyem (cf. carte p 38).

Au travers de ce type de relation, les Baka entrent de plein pied dans le système économique monétaire entraînant de fait une spécialisation du travail plus importante : les guides chasseurs d’un côté, et les guérisseurs de l’autre.

Notes
114.

Trois types de guides forestiers ont été répertoriés à ce jour : les chasseurs recrutés pour le braconnage, ceux travaillant pour les ONG (à visée conservatrice) et d’autres embauchés par les entreprises forestières (à visée de déboisement). L’un ou l’autre des deux derniers genres de guides ne concerne pas plus d’une poignée d’individus.