3.1.3.1 Responsabilité et autonomie

L’éducation chez les Baka est fondée sur l’autonomie. L’acquisition de celle-ci doit se faire dès le plus jeune âge. Cette idée est certainement liée aux conditions de vie au sein de la forêt qui exigent de savoir réagir rapidement et de manière adéquate en cas de danger121 (comme grimper aisément à un arbre par exemple). Chaque individu, même un enfant (au-dessus de 3-4 ans), est responsable de sa propre (sur)vie (cf. chapitre 4, partie 4.2.4).

La maturité, chez les Baka, est fonction d’aptitudes sociales et biologiques. Ainsi, très tôt les enfants sont responsabilisés. Dès un an et demi, ils mangent seuls et s’essaient au maniement du couteau (sous l’œil avisé de leurs parents). Dès trois ans, ils marchent seuls et de manière appropriée (cf. ci-après). A cet âge-là, ils déambulent par petits groupes de trois ou quatre dans le village, se lavent seuls, s’entraînent à la machette et tentent de reproduire les différentes musiques et danses (les filles s’essaient à la technique du yodle). Dès six ans, les enfants peuvent surveiller les bébés ; les filles commencent à cuisiner et les garçons suivent leur père à la chasse. Dès 9-10 ans, une fille peut tenir une maisonnée mais, généralement, elle ne se marie pas avant 13 ans (cf. partie 3.2..3.1). De nos jours, les garçons ont plus de mal à subvenir aux moyens d’un couple du fait d’un changement fondamental dans les outils de chasse (le passage de la sagaie et de l’arc, qui permettaient à l’enfant de s’entraîner à moindre coût, au fusil, pour lequel les cartouches sont très chères, ne donne pas à l’enfant la possibilité de maîtriser rapidement les techniques de chasse, reste toutefois le lance-pierre pour apprendre à viser et les différents piégeages). La maturité des jeunes Baka est globalement atteinte vers 13-14 ans : âge où certains d’entre eux fondent un foyer, en se mariant et en ayant des enfants.

Tout au long de leur enfance, les Baka suivent régulièrement leurs parents en forêt pour y apprendre les pratiques culturelles du groupe (chasse, pêche, cueillette, rites, etc.). Cet apprentissage se réalise essentiellement par observation et imitation, ensuite les enfants reproduisent (cf. section Jeux ci-après, ainsi que la vidéo 17 et la photo 14 en annexe DVD). En l’absence des parents, ce sont généralement les grands frères et sœurs qui veillent. De même, il se trouve toujours de jeunes adolescents au sein du groupe d’enfants se rendant en forêt pour collecter des fruits, ou traquer quelques petits animaux… Toutes ces tâches – effectuées au sein du foyer, au village ou en forêt avec ses camarades – font partie de l’apprentissage éducatif de l’enfant, et vont lui permettre de trouver sa place non seulement au sein de sa famille mais également au sein de sa communauté. Ces différentes étapes auxquelles l’enfant est confronté tout au long de sa vie sont nécessaires à son épanouissement affectif et culturel.

Notes
121.

Les Baka considèrent que le plus grand danger en forêt vient de la chute d’arbres morts, ce phénomène étant imprévisible.