Les rites èkòlò et bōmbā

Il est intéressant de mettre en parallèle ekolo et bomba car ils utilisent les mêmes chants alors que les rites sont clairement distincts, n’apparaissant pas dans les mêmes circonstances. Il s’avère donc nécessaire de considérer ces termes dans leur acception sémantique en tant que rite et non de chant pour les distinguer. Pour le premier, il s’agit d’une danse, accompagnée de yodles, de la poutre frappée [mbàndā] et d’un ou plusieurs tambours à une membrane [ndùm]. ekolo, comme Edzengui, est présent lors d’une cérémonie de fin de deuil. Par contre, bomba, le rituel du feu n’y a pas sa place. Les chants et les accompagnements instrumentaux sont les mêmes que pour Ekolo.

Bomba est destiné à soigner les malades, ou bien il est utilisé pour des divinations (voyages, choix à faire, etc.). Il est toujours mené par un grand devin-guérisseur. En cas de maladie (au sens large du terme, cf. chapitre 4 partie 4.2.4), l’action bienfaitrice du feu va permettre au patient de guérir (vidéo 6, annexe DVD). Seul le guérisseur en charge du malade peut être l’initiateur du bomba ; il organise le rituel et cherche dans le feu, grâce à son pouvoir de vision, les causes de la maladie. Par ailleurs, lorsqu’une personne doit accomplir un acte important, comme entreprendre un grand voyage par exemple à l’extérieur du pays, elle va faire appel au bomba afin que le devin-guérisseur puisse voir dans le feu si la période est propice ou non à la réalisation de cet acte. Dans le même ordre d’idée, le rituel du feu est sollicité pour protéger une chasse prévue – il s’agit généralement de grande chasse, comme l’éléphant, où les risques sont réels, et non de chasse aux céphalophes par exemple – mais cela n’est pas systématique.

Ainsi, ekolo et bomba, divergents malgré des chants identiques, posent la nécessité d’une distinction entre les rites en tant que tels et les chants qui les composent.