Les deux termes référant à « père » et « mère » sont distincts ; la différence se fait uniquement au niveau tonal, respectivement [ɲùālè]/[ɲìbō] pour « père » et [ɲúālè]/[ɲîbō] pour « mère ». Nous retrouvons la même distinction tonale pour discriminer le mâle et la femelle pangolin par exemple, c’est-à-dire [kēlēbā] vs [kélébā].
Un fait intéressant a été soulevé par Mayer152 concernant notamment les tambours à fente où un son aigu (ton H) renvoie à une femme et un son grave (ton B) à un homme. Ces références sont motivées par les différences de hauteur constatées entre les voix féminines généralement plus aigues que les voix masculines. Ainsi, le choix et l’emploi des tons pour ces termes, comme pour le langage tambouriné, seraient motivés par cette distinction physiologique et aurait une valeur iconique153. Phénomène que l’on ne retrouve pas chez les Fang où les deux termes distincts, toujours d’après Mayer (1992 : 131), sont tare « père » et nya « mère ».
Communication personnelle, Laboratoire DDL, Lyon, février 2010.
Mon propos n’est pas ici d’expliquer en détail les différences physiques entre les deux sexes mais il est bien établi que la fréquence fondamentale des femmes est généralement plus élevée que celle des hommes car leurs cordes vocales sont souvent plus fines et vibrent donc plus rapidement.