3.2.1.1.3 Générations descendantes d’Ego

Enfants

Il existe deux termes génériques synonymes pour désigner « l’enfant (de) » ou « le petit (de) » : [là] et [lɛ̀-], le second est dépendant.

Figure 56. Schéma des référents pour le terme là, Ego féminin.
Figure 57. Schéma des référents pour le terme là, Ego masculin. * [là] ou [nɔ̄kɔ̄] « neveu/nièce ». ** [là] ou appellation de « germains » en fonction du genre, cf. supra.

Ainsi, Ego indifférencié peut appeler tous ses enfants [là-lè-ō] (litt. enfant-PP1S-plu.) ou encore [là-à-lè-ō] (litt. enfant-conn.-PP1S-plu.) : « mes enfants ». S’il s’agit du dernier enfant, le benjamin ou la benjamine, pourra être nommé(e) [(lɛ̀)mɔ̀sūkà] (litt. (petit)-dernier/benjamin). Si une précision de genre doit être donnée alors Ego désignera sa fille par [là-à-wɔ́sɛ̀] (litt. enfant-conn.-fille) ou encore [lɛ̀(nà)wɔ́sɛ̀] (litt. petit-(conn.)-fille). S’il s’agit d’un garçon, Ego l’appellera [là-à-múkɔ́sɛ̀], [lɛ̀(nà)múkɔ́sɛ̀], [là-lɛ̀-nà-múkɔ́sɛ̀] (litt. enfant-petit-conn.-garçon) ou encore [mɔ́kɔ́-là-lè] (litt. mâle-enfant-PP1S).

Comme mentionné précédemment, Ego masculin peut désigner les enfants de ses oncles tita comme ses enfants (double dénomination dans la mesure où ils sont également intégrés à la catégorie des « germains classificatoires », cf. 3.2.1.1.2). Ego peut aussi les nommer latita (enfant-tita).

Nous voyons sur les et ci-dessus que tous les enfants des « germains » d’Ego indifférencié sont considérés comme ses propres enfants. Ils pourront néanmoins être désignés de manière plus précise en préfixant [là] à la dénomination du parent concerné, ainsi les enfants du grand frère d’Ego masculin ou de la grande sœur d’Ego féminin seront nommés lagbebale, ceux du cadet ou de la cadette latadile, ou encore les enfants des sœurs d’Ego masculin ou des frères d’Ego féminin lalaɲuale (enfant-enfant-mère-ma)179.

Toutefois, seuls ces derniers, i.e. les enfants des « germains de sexe opposé à Ego », peuvent également recevoir l’appellation [nɔ̄kɔ̄] renvoyant au concept de « neveu, nièce »180. De la même manière que pour les termes de dénomination pour « enfant », nɔkɔ n’a pas de notion de genre intrinsèque. Ainsi, si Ego a besoin de préciser s’il s’agit d’une fille ou d’un garçon, il aura recours à une composition génétivale associant ce terme et à celui de l’homme ou de la femme, respectivement nɔkɔ-na-mukɔsɛ (litt. neveu/nièce-conn.-garçon) ou nɔkɔ-na-wɔsɛ (litt. neveu/nièce-conn.-fille). Ainsi, la relation particulière qu’a Ego avec l’oncle utérin, tita, est réciproque dans l’appellation puisque ce « neveu » ou cette « nièce » sera désigné(e) par nɔkɔ. Il s’agit de la notion de polarité telle que l’entend Rivière (1999 : 67).

Les conjoints des « enfants » d’Ego seront désignés grâce à la composition de leur propre appellation précédée de kɔ- pour les époux ou de wɔ- pour les épouses. D’une manière générale, Ego peut désigner la femme de son enfant (sous-entendu de son fils) par [wɔ́làlè] et le mari de sa fille par [kɔ̄làlè].

Ces divers procédés de composition qu’utilise Ego pour nommer ses enfants et leurs conjoints sont identiques à la génération G+2, à la seule différence qu’il faut redupliquer [là] afin de désigner par la-laleo les « enfants » de « mes enfants », c’est-à-dire « mes petits-enfants ».

Notes
178.

* [là] ou [nɔ̄kɔ̄] « neveu/nièce ».

** [là] ou appellation de « germains » en fonction du genre, cf. supra.

179.

Si Ego veut préciser, il peut dire lalaɲualenambɛri pour les enfants de l’aîné(e) des « germains de sexe opposé à Ego » et lalaɲualenasidi ou lalɛlaɲuale pour les enfants du (de la) plus jeune.

180.

D’un point de vue étymologique, ce terme n’est plus transparent même s’il est possible d’envisager l’association de [nɔ̄] signifiant « piéger » et de [kɔ̄] « mari » dans la dynamique des rapports particuliers existant entre le nɔkɔ et le tita. En effet, le premier étant soumis au néposat du second, l’interprétation symbolique d’un piège tendu par l’oncle à son neveu est alléchante. Toutefois, cette supposition ne peut être étendue à la relation « oncle-nièce » (tita- nɔkɔ), ou « tante-neveu/nièce » (kale- nɔkɔ).