Comme indiqué dans la section consacrée à la méthodologie (cf. 1.1.3), les diverses enquêtes (linguistiques, anthropologiques ou ethnologiques) ont été réalisées sur plusieurs sites dont principalement la région de Minvoul avec 8 villages, et la région de Makokou avec deux sites retenus : Makokou et Ndumabango.
Récemment, Klaus Hamberger, appartenant à l’équipe Kintip de Paris, dirigée par Michael Houseman, a développé un logiciel de traitement automatique de la parenté intitulé PUCK197. L’intérêt majeur de ce logiciel est qu’il vise l’analyse systématique des relations de consanguinité et d’alliance198 (se basant sur des individus organisés en réseau et non essentiellement sur des unités discrètes). Ce traitement informatique des phénomènes de parenté s’avère extrêmement utile pour un corpus conséquent, de surcroît dans les cas d’homonymie (phénomène fréquent chez les Baka qui peut facilement fausser un recensement par exemple) 199.
Ces fiches permettent, entre autres, de répertorier les anthroponymes, les clans ou lignages, les lieux de naissance et/ou de résidence ainsi que l’âge (souvent approximatif), éventuellement les dates de mariage, de divorce, de décès, etc.
C’est pourquoi il m’a semblé important de créer une base de données à l’aide de ce logiciel Puck, même si j’ai été confrontée plus d’une fois à des dysfonctionnements informatiques liés au développement en cours de ce logiciel (la base de données de la région de Minvoul comptant plus de 700 fiches (cf. ci-après) a déjà été entrée trois fois et certaines informations sont de nouveau indisponibles). Loin d’avoir exploité toutes les possibilités de recherches que peut fournir le logiciel Puck, je peux néanmoins fournir plusieurs informations intéressantes au sujet des données saisies.
La collecte concernant uniquement le village de Bitouga (région de Minvoul) comptant une soixantaine d’individus m’a permis de répertorier 767 individus. A moindre échelle, ce type d’enquête a également été réalisé à Makokou et Ndumabango (village situé au bord du fleuve Ivindo en amont de Makokou), soit respectivement 57 et 48 individus. Ce qui fait un total de 872fiches réparties comme suit.
D’une manière générale, le nombre de conjoints ne dépasse guère le chiffre de 1. Ce qui sous entend que globalement les Baka ne contractent pas bien plus d’un mariage en moyenne, ils ont donc une tendance à la monogamie (cet aspect sera développé ultérieurement dans la partie concernant la polygamie).
Les familles ne sont finalement pas si grandes si l’on se base uniquement sur la moyenne mais il s’avère nécessaire de préciser que de nombreux couples entrés dans la base sont jeunes et n’ont souvent qu’un enfant au moment de la saisie des données. Les couples plus âgés comptent généralement au moins 4 à 6 enfants (dont plusieurs peuvent être décédés mais ils ont été renseignés après insistance de ma part ; habituellement les Baka ne « comptabilisent » pas les nourrissons décédés).
Téléchargeable gratuitement, cf. bibliographie.
Ce logiciel présente effectivement bon nombre d’intérêts dont voici un rapide aperçu : (1) Crée une base qui permet d’organiser et de trier les données (comptabilise le nombre de mariage, le pourcentage de mariage fertile, le nombre de relations parentales, la profondeur des données, etc.) ; (2) Evite dans la mesure du possible les doublons ; (3) Extrait des informations simples ; (4) Propose des requêtes complexes : croisement de critères, recherches précises qui peuvent permettent notamment de déduire des stratégies de mariage entre cousins croisés par exemple, ou entre clans ou lignages spécifiques, etc. ; (5) Permet des corrélations de critères prédéfinis ; etc.
De nouvelles améliorations sont régulièrement mises à jour mais il ne faut pas perdre de vue que la saisie manuelle des données peut toujours être source d’erreur.
Et fourni les composants agnatiques et utérins.