Choix de résidence

Il existe plusieurs types de stratégies de résidence bien résumés par Rivière (1995 : 68).

‘« La femme s’installe dans la maison des parents de son mari (patrilocalité) ou chez son mari dans une maison proche des parents de celui-ci (virilocalité). Le mari va vivre avec sa femme chez les parents de celle-ci (matrilocalité) ou à proximité dans un habitat distinct (uxorilocalité). »’

Quant à la bilocalité et l’ambilocalité, il s’agit pour la première d’un choix personnel de résidence dans l’un ou l’autre groupe familial alors que la seconde consiste à résider alternativement dans l’un et l’autre.

Les jeunes époux demeurent généralement dans le campement des parents de l’épouse pendant un certain temps, souvent jusqu’à la naissance du premier enfant, ensuite la virilocalité est appliquée. Il s’agit en quelque sorte de services rendus par le gendre à sa belle-famille, ces prestations pouvant être « comptabilisées » dans le cadre de la dot (comme déjà évoqué). Cette résidence temporaire peut s’avérer quasi-définitive, si le couple, pour des raisons personnelles (bonne entente au sein de la communauté, abondance de gibiers, etc.) préfère rester dans ce village plutôt que retourner dans celui des parents du mari. Ainsi Bahuchet (1989 : 412) note que « une fille de Kolaki, mariée, est restée chez ses parents, malgré la naissance de plusieurs enfants, c’est-à-dire bien au-delà de la durée normale d’un « service de mariage ». Ce constat, chez les Aka, est également valable pour les Baka où les raisons évoquées tiennent principalement au type d’ambiance qui règne au sein du groupe236. Cette idée est renforcée par les propos de Joiris (1998 : 36) selon qui « le choix du mode de résidence dépend plus des affinités que d’une règle ». Comme nous le verrons plus loin (partie 3.4), l’emplacement du village (la proximité ou non des Fang), l’existence d’un chef de camp fang ou non, le nombre d’habitants, sont autant de critères qui vont influer sur la décision de résidence du jeune couple. Dans ce cas précis, le gibier n’est pas un élément pris en considération dans la mesure où tous les villages baka en trouvent, encore de nos jours, aisément à proximité237. Bahuchet (ibid. : 415) parle ainsi de « bilocalité » dans la mesure où il a relevé « 66% de foyers virilocaux et 34% d’uxorilocaux ». Toutefois, la virilocalité est plus marquée, comme chez les Baka et le fait que ces derniers justifient l’uxorilocalité présuppose que la règle est de retourner vivre chez le mari, dans le village de ses parents. Pour autant, si la pratique de l’uxorilocalité était effective et envisageable dans une perspective de monogamie, elle s’avère irréalisable dans une dynamique de polygynie.

Notes
236.

Il n’est pas seulement ici question d’affinités entre les différents membres du groupe mais également de l’attitude de ceux-ci vis-à-vis de la préservation de leurs pratiques culturelles.

237.

Etant entendu qu’une journée de marche en pleine forêt pour une grande chasse (comme l’éléphant ou le buffle) fait partie de cette conception de proximité ; les pièges, quant à eux, n’étant placés qu’à quelques kilomètres du village afin de les vérifier régulièrement.