Comme nous l’avons vu, le baka, le fang et le français sont trois langues qui jouissent de statuts différents, que ce soit au regard du gouvernement mais également aux yeux de la communauté baka. La langue de ces derniers a tendance à être délaissée au profit du fang en raison de la différence de prestige entre les deux communautés en présence. Cette attitude négative des Baka tendra à privilégier l’emprunt et non les néologismes face aux nouvelles technologies. Le mode de vie est également un facteur déterminant dans la préservation de la langue, et il paraît évident que plus le changement sera brutal plus le risque de perte de langue est important. En effet, un changement radical de mode de vie et des restrictions draconiennes – certaines ONG interdisent la grande chasse aux Baka272 – impliqueront forcément des pertes de savoir-faire ancestraux comme les techniques de chasse à l’éléphant ou la collecte des différentes sortes de miel ; ainsi, une grande partie de leur culture disparaîtra également. Il s’avère donc urgent de mettre en place une politique de valorisation des diverses pratiques spécifiques des Baka qui tendrait à réduire, voire à supprimer, cette différence de statut social liée à la notion de prestige et par là-même à favoriser la préservation de leur langue. L’analyse des différents critères de l’unesco ne fait que renforcer cette idée. Un travail de documentation et de valorisation des différentes pratiques linguistiques et culturelles des Baka est donc essentiel à la prise de conscience des Baka de l’impact de la langue fang sur la leur (situation de concurrence lexicale, etc.) et, de fait, des menaces qui pèsent sur la survie de leur langue et de leur culture.
Afin de préserver les éléphants du braconnage présent dans cette région, certaines ONG imposent des restrictions de chasse aux Baka. Ces derniers ne pouvant tuer l’éléphant qu’à l’occasion de quelques cérémonies spécifiques alors qu’un éléphant peut largement nourrir tout un village d’une soixantaine de personnes pendant plus d’un mois. Il me semble plus pertinent de mettre en place un système capable de distinguer le braconnage d’une chasse classique.