4.2 Représentation conceptuelle et réalité environnementale : la faune, la flore, la maladie ou autres aspects

Cette partie consacrée à la faune, la flore et à la maladie ainsi que d’autres aspects pouvant donner lieu à des catégorisations a deux objectifs principaux. Le premier est de donner un aperçu de la perception qu’ont les Baka de ces différents domaines. Et le second est de tenter de catégoriser le domaine de la faune en essayant, dans un premier temps, d’appliquer les modèles de Berlin, de Rosch et de Kleiber, puis, dans un second temps, de présenter et de suivre l’approche de Roulon-Doko, qui part des données de terrain pour arriver à des classifications plus abstraites. Cette démarche, pluridimensionnelle, s’avère plus proche des données que j’ai pu récolter auprès des Baka du Gabon.

Dans un premier temps, je présenterai les données relatives aux animaux. Je discuterai de la théorie de la sémantique du prototype (cf. Kleiber 1990) et de la notion du niveau de base (cf. Jolicœur 1984), puis de leurs applications (ainsi que du modèle de Berlin) auprès des Baka. Nous verrons les limites de ces modèles pour l’analyse des données en ma possession. Je m’inspirerai alors du travail de Roulon-Doko (1998) portant sur, entre autres, le monde des vertébrés afin de présenter les différentes associations fournies par les Baka en fonction de divers critères (explicités ou non).

Dans un second temps, j’exposerai le vocabulaire de la flore collecté à l’aide d’un ethnobotaniste qui a ainsi pu identifier, in situ, les nombreuses espèces en présence. Dans la mesure du possible, les données seront confrontées à celles présentes chez Saint Aubin (1963), Raponda Walker & Sillans (1995), Letouzey (1976) et enfin Brisson (1988).

Dans un troisième temps, suivant les traces de van der Veen et Medjo Mvé (2008), je donnerai un aperçu de la perception de la maladie chez les Baka. Nous verrons comment cette population se positionne systématiquement en fonction des Fang, ces derniers constituant plus des trois quarts de leurs patients. La langue de communication est, de fait, le fang. Dans les quelques cas où le malade ne parle pas cette langue, le français sera utilisé292. Je m’attacherai aux différents modèles que propose Laplantine (1992) pour situer les différents types de maladie répertoriées jusqu’alors.

Puis, dans un quatrième temps, je présenterai, suivant la même approche, d’autres domaines tels que la chasse et la collecte de miel.

Notes
292.

Il s’agit de termes très basiques servant la communication au quotidien car la majorité des Baka de Bitouga ne parle pas français. Par ailleurs, il ne m’a pas été possible d’étudier les communications entre un malade de Guinée Equatoriale qui s’exprimait visiblement en espagnol (à mon égard en tous cas) et son guérisseur baka. Le patient a refusé de coopérer. Il ne souhaitait aucune relation en dehors de son parcours thérapeutique. Je n’ai donc pas réussi à savoir comment ces deux hommes communiquaient, ni même à repérer la langue utilisée. J’aurais pu questionner l’entourage du guérisseur mais j’ai préféré respecter la quiétude du malade.