Commentaires

Il est à noter que l’oignon, la patate douce ou la papaye n’ont pas d’équivalent en baka d’après nos informateurs. Ils utilisent alors les termes fang.

Comme pour les marantacées, il est étonnant que les ignames (dioscorea) ne soient pas non plus présentes chez Letouzey sachant que la consommation de ces tubercules peuvent constituer 80% de l’alimentation des Baka (pour plus de détails se référer à la conférence ICCHG345).

‘« Parmi les végétaux non identifiés, on trouve un nombre plus ou moins important de champignons, de bananiers et de variétés de manioc, de taro et d’igname.
Le lexique fait clairement apparaître que la majeure partie des plantes utiles des Eviya sont utilisées à des fins therapeutiques. Il va de soi que les nombreuses propriétés que les membres de ce groupe ethnique attribuent aux plantes devraient faire l’objet de tests scientifiques en laboratoire et d’expériences pharmacodynamiques sur le terrain. Ceci permettrait sans doute de mettre en évidence des principes actifs encore inconnus. Mais il est d’ores et déjà clair que l’efficacité de nombreux végétaux ne réside pas (exclusivement) dans leur composition chimique. Certaines plantes ont une valeur clairement symbolique et sont utilisées au cours de rituels sociaux et religieux dont nous ignorons souvent le détail. Sans ce contexte, elles perdraient leur efficacité. Ce qui ne signifie pas que ces plantes soient sans importance pour le monde médical. Elles peuvent contribuer notamment à l’étude de l’action thérapeutique du symbolique sur l’inconscient de l’homme. » (Van der Veen & Bodinga-bwa-Bodinga, à paraître : 9)’

Ainsi, comme évoqué dans l’introduction de cette partie, les espèces cultivées sont souvent sous-représentées par rapport aux villageois bantu voisins. De plus, la collecte qui vient d’être présentée ne prétend nullement à l’exhaustivité des espèces se trouvant en forêt primaire, n’ayant pu effectuer de terrain à cet endroit. Des recherches ultérieures devront prendre en compte cet aspect, d’autant que, même si la sédentarisation et le développement de l’agriculture chez ces populations de chasseurs-cueilleurs peuvent favoriser l’apparition de nouveaux termes (ou de glissement sémantique) pour ces espèces cultivées, il est fort probable que cela se fera au travers d’emprunts au fang par exemple (sans nécessairement de phonologisation, comme cela a pu être constaté pour des termes récemment empruntés sachant que les Baka de Minvoul sont bilingues dès leur plus jeune âge, cf. chapitre précédent).

Notes