Transformations

Les Baka se détachent progressivement de leurs traditions et les discours des étrangers (i.e. non Baka, les Bilo) réussissent, à force de persévérance, à les persuader que la médecine des Blancs est la meilleure. Les gélules d’antibiotique ou autres prennent le dessus sur les plantes traditionnelles, les campagnes de vaccination se font insistantes (généralement les habitants fuient en forêt quand les infirmiers arrivent au village alors ceux-ci reviennent quelques mois plus tard pour une autre tentative de vaccination). Certaines femmes commencent à accoucher à l’hôpital (une des pressions existantes pour les contraindre à accoucher au dispensaire est que leurs bébés auront automatiquement un acte de naissance, papier très difficile à acquérir pour un Baka de la région de Minvoul, cf. chapitre 2. Certains guérisseurs, ayant essayé, en vain, de soigner leur enfant, l’amènent à l’hôpital quand ce dernier est très malade et qu’ils craignent pour sa vie ; toutes les possibilités sont ainsi offertes à l’enfant, à qui, il incombe de guérir (cf. supra, l’exemple du petit enfant).

Toutefois, il est intéressant de relever que les Fang, ou d’autres Bilo, viennent se faire soigner chez les Baka alors même qu’il existe des tradi-praticiens chez eux – l’inverse n’étant pas vrai. D’après Mvone Ndong352, les chasseurs-cueilleurs auraient acquis d’excellentes compétences spirituelles qui les placeraient à un stade supérieur digne des Beyem. Ils seraient ainsi capables de soigner ces êtres de savoir, cette possibilité n’étant pas donnée à tous les tradi-praticiens. Ces malades sont obligés de se plier aux règles des Baka, ainsi si le guérisseur estime que le malade n’en a pas fini avec la maladie, il devra rester ; cette notion de durée de traitement sera reprise ultérieurement (cf. partie 4.2.4.3).

Notes
352.

Communication personnelle, janvier 2008, Laboratoire DDL, Lyon.