Les dénominations des deux domaines que sont la chasse et la collecte de miel seront étudiées dans une perspective de catégorisation.
Les Baka sont réputés nationalement pour leurs compétences de grands chasseurs. Ils ont, en effet, une excellente connaissance des comportements animaliers et sont, de fait, capables de pister tous les gibiers de la forêt365, et leur dextérité quant aux maniements des armes n’est plus à prouver : une seule cartouche de fusil suffit à abattre un éléphant ou trois ou quatre singes (lorsqu’il s’agit de grenailles).
Au sein de la communauté baka, comme déjà indiqué à plusieurs reprises, tous les hommes sont capables de subvenir aux besoins de leur famille grâce à la chasse, appelée [gé]. Toutefois, à l’instar des grands guérisseurs, il existe des grands chasseurs reconnus par tous au sein du groupe. Ainsi, à Bitouga, Famda (f.24), Mesono (f.338) et Papo (f.112) sont considérés comme des Maître-chasseurs [tūmā]. Pour avoir acquis ce statut, ils ont forcément dû tuer un éléphant, un gorille, une panthère ou deux buffles. Il est rappelé que ces différents animaux font partie de la catégorie de la grande chasse [màkā], du fait de leur dangerosité (taille, puissante, agressivité, cf. partie 4.2.2), et que le fait d’avoir réussi à en tuer ne serait-ce qu’un seul (excepté le buffle) consacre le chasseur en tant que tuma.
Cette chasse dangereuse requiert souvent des pouvoirs particuliers, comme celui de pouvoir « se rendre invisible ». Les tuma sont généralement des hommes avoisinant la trentaine, ayant un haut degré d’initiation spirituelle (pour toutes les questions relatives aux divers rites, de surcroît concernant la chasse, se référer à Joiris 1998). Comme déjà évoqué succinctement dans le chapitre 3, le village est peu propice à ce genre de rituels, finalement seul l’esprit de la forêt edzengi est régulièrement présent à Bitouga, l’esprit de la chasse [kòsē] se faisant rare. Ce dernier dispose d’un « gardien » nommé [jālā]. Ces deux figures emblématiques, contrairement à edzengi, peuvent être approchées par les femmes. Il est à noter que kose est vêtu d’une parure de plusieurs types (cf. photo ci-dessous), le haut est un simple drap, ayant la particularité d’être très fluide et favorisant ainsi de plus amples mouvements de danse, la partie basse est identique à la parure inférieure [sākàmbā] d’edzengi, et la taille arbore une ceinture de raphia à sonnailles. Quant à la particularité de jala, elle tient davantage à la possession d’un long bâton en bambou que ce gardien brandit en dansant et en tournant autour de kose.
Si une chasse de longue durée [mòlɔ̀ŋgɔ̀] est programmée, un petit groupe de deux, voire trois, familles nucléaires se constituent et partent pour plusieurs semaines (quelquefois plusieurs mois) dans un campement de forêt relativement éloigné du village (à un ou deux jours de marche). Il s’agira généralement de deux amis, issus d’une même classe d’âge, ayant été initiés ensembles (cf. alliance religieuse chapitre 3), à condition qu’il existe une bonne entente entre les épouses de ceux-ci. Les femmes s’occuperont, entre autres, de préparer les gibiers ramenés au campement (cf. photo 7, annexe DVD), les cuisinant et/ou les fumant. Le fumage étant d’ailleurs essentiel pour la grande chasse où la quantité de gibier est conséquente et doit, de fait, être conservée plusieurs semaines.
Il existe d’autres types de chasse, qui n’amènent pas au statut de tuma, mais qui permettent aisément au chasseur de subvenir aux besoins de sa famille, il est alors question de petite chasse [sɛ̀ndɔ̀].
C’est pour ces diverses raisons qu’ils sont régulièrement sollicités pour le braconnage, ou qu’ils sont prioritairement employés auprès des ONG environnementalistes.
Il est toutefois conseillé de prêter attention aux griffes acérées de ces animaux.
Les termes pour ces deux pièges n’ont pas été collectés.